Lectio divina pour le Triduum pascal 2015

Une lectio divina est une commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.

« Le tribut de saint Pierre » (détail). Masaccio, v. 1420.
Santa Maria del Carmine, Firenze.

Lectio divina pour le Triduum pascal 2015

Contemplons d’abord le lien entre l’Évangile du lavement des pieds proclamé le Jeudi Saint et cette parole de Jésus : « Qui m’a vu a vu le Père. »
Quelques mots ensuite pour nous aider à entrer dans la Liturgie de la Passion du Vendredi Saint, et en particulier pour saisir comment elle nous révèle elle aussi, et de manière inouïe, l’humilité divine…
Entrons enfin dans la Vigile Pascale pour découvrir le cœur du mystère de Dieu qui demeure en l’homme…

Jeudi Saint : L’humilité de Dieu dans le pain sans levain de la Cène.

« Qui m’a vu a vu le Père. »

Ce geste, qui est réservé au dernier des esclaves dans la civilisation de l’époque, n’est pas seulement celui d’un homme. Il ne révèle pas seulement l’humilité de cœur d’un homme : il nous révèle l’humilité de Dieu ! Il nous révèle ce qu’il y a de plus profond dans la Vie divine, ce qui est l’essentiel de la Révélation divine depuis que Dieu parle. C’est pour cela que le Père a envoyé Son Fils : pour nous manifester de manière visible, tangible, proprement humaine, ce qui fait la substance intime de Sa Vie puisque qui Le voit, voit le Père…

Oui, qui voit Jésus devant Ses apôtres, après s’être dévêtu (figure de Son dépouillement à la Croix ?), remplir la fonction du dernier des esclaves qui doit nettoyer les pieds du maître, qui a vu cela, a vu ce qui fait la Vie de Dieu !

Face à cela, l’homme ne peut être que bouleversé. Bouleversé non seulement dans ses catégories intellectuelles qui lui font toujours voir Dieu comme un Roi des rois, mais bouleversé surtout dans son cœur, lui qui a tant de mal à faire un geste de pardon, de petitesse, d’effacement… Et voilà que Dieu, avec plein de délicatesse, lui donne une leçon. Délicatesse car Il la donne à travers Jésus : Il ne s’impose pas !

Il ne s’impose pas, bien que pour Lui cela soit l’essentiel. C’est pour cette raison que ce message, dans lequel se résume tout l’Evangile, devra être sans cesse présent aux hommes, après le départ de Jésus de notre terre. Non pas seulement présent dans quelques centilitre d’encre absorbée par le papier de l’Evangile. Mais présent d’une manière vivante, réelle, actuelle… Et c’est l’Eucharistie !

L’hostie, signe éternel de l’éternelle humilité divine

Lorsque nous entendons les paroles prononcées par le prêtre au moment de la Consécration : Ceci est mon Corps… Ceci est mon Sang…, nous y trouvons la même humilité. Ces mots qui sont les plus usuels, banals et anonymes signifient ce qu’il y a de plus beau et de plus vivifiant dans notre monde : le Corps et le Sang d’un Dieu fait homme !

L’Eucharistie, c’est cette humilité de Dieu rendue présente, touchable, ainsi que le signifie dans la tradition juive l’usage du pain sans levain, symbole de la petitesse que l’homme doit acquérir en se débarassant de l’orgueil. Cet exode de soi commandé par Dieu à travers l’Exode de Son peuple, Jésus l’accomplit Lui-même totalement et jusqu’au bout… Pour que nous puissions, en Le mangeant, faire de même…

On n’invente pas l’humilité, mais on y participe

Jean écrivit : « Ce Verbe de Vie, nous l’avons touché, palpé, serré dans nos mains. » Et nous, nous voyons dans l’Hostie Dieu humble, c’est-à-dire le Tout de Dieu !

Cette humilité de Dieu est poussée tellement loin que l’Eucharistie, ce rien du tout qui contient le Tout, est même dépendante, soumise au sacerdoce que Jésus institue en même temps qu’Il institue le sacrement de Son Corps et de Son Sang. Il ne confie pas l’Eucharistie à des anges purs mais à des hommes pécheurs. A ces hommes Il donne un pouvoir de consécration parce que, pour rendre présente l’humilité de Dieu afin de devenir humble comme Dieu, il faut un pouvoir de Dieu. Cela ne s’arroge pas. On n’invente pas l’humilité, mais on y participe. On ne devient pas humble, on s’engouffre dans l’humilité de Dieu, la seule qui soit vraie car Dieu est le seul qui puisse s’abaisser d’une hauteur véritable : la Sienne ! Ce n’est donc pas un pouvoir de ministre (au sens politique du mot) qui est conféré au prêtre lors de son ordination, ce n’est pas quelque chose en plus, le maroquin, c’est plutôt quelque chose en moins qui lui est donné. En tous les cas, quelque chose qui doit l’aider à être moins.

Le prêtre est appelé à être un effacement complet de lui-même

De même que le Fils s’est effacé dans Son Incarnation pour être le sacrement de l’humilité de Dieu, l’homme-prêtre doit s’effacer dans sa vie sacerdotale pour être le sacrement de l’humilité du Christ et, par là, le sacrement de l’humilité de Dieu : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi Je vous envoie. » Mais ce que le Christ pouvait faire par nature, avec le choix entièrement libre de Sa volonté humaine, l’homme ne peut le faire de lui-même. C’est pourquoi un homme est consacré prêtre : pour arriver, en Jésus, à reproduire, à rendre présent cet acte immense de l’humilité de Dieu, acte englobé dans le pain et le vin eucharistiés.

Alors, vous comprenez que si, pour être crédible, le Christ ne s’est pas contenté de parler mais a aussi agi (dans le Lavement des pieds, signe précurseur de la Croix et dans l’Eucharistie qui prolonge cette même Croix), le prêtre doit lui-aussi être, à l’instar de Jésus, un effacement complet. Il ne peut se contenter de faire l’Eucharistie. Il doit être tel, pour rendre crédible l’Eucharistie et l’humilité de Dieu, qu’à travers lui ce soit Jésus humble qui soit présent aux hommes, et à travers Jésus, l’humble Dieu-Père.

Lorsque nous voyons cette exigence de la vocation sacerdotale, on comprend combien il est facile d’être médiocre par rapport à l’idéal à atteindre ! C’est d’ailleurs S. Jean Paul II qui disait que le prêtre est appelé à remplacer l’Irremplaçable… Vaste programme qui exige la prière de toute la communauté chrétienne pour pouvoir se réaliser progressivement chez les pasteurs.

Vendredi Saint : L’humilité de Dieu, c’est d’être Fils de l’homme.

Dieu a pris le parti de l’homme…

En parlant de l’humilité de Dieu à propos de sa manifestation dans le Lavement des pieds, nous ne faisions qu’approcher de loin le mystère.

Le sens profond de l’humilité de Dieu nous est dévoilé aujourd’hui plus clairement encore. Car la véritable humilité de Dieu ne s’arrête pas au signe du Lavement des pieds. La véritable humilité de Dieu, c’est que le Fils de Dieu soit aussi fils de l’homme.

Oui, Dieu, d’une manière irrévocable, face à l’homme, a pris le parti de l’homme ! Et, la Croix est le prix que Dieu a payé pour prendre le parti de l’homme, pour le sauver, pour lui donner Sa vie. Lorsque nous paraîtrons devant Jésus, qui est au Ciel dans Son Corps portant les stigmates de la Passion, et que se déroulera devant les yeux de Dieu comme devant nos propres yeux toute notre vie, lorsque nous verrons se détacher, sur la blancheur de Dieu, les noirceurs de nos trahisons, s’élèvera alors en plainte litanique dans notre cœur cette phrase de Paul : « Il m’a aimé et s’est livré pour moi. »

Prendre le parti de Jésus…

Nous pouvons retenir de cette Passion que nous entendrons chanter durant la Liturgie, ce bref passage où Jésus comparaît devant Pilate et dit au Procurateur : « Je suis venu pour rendre témoignage à la Vérité. » Et alors, ce Dieu qui a fait le voyage de l’Incarnation, qui est descendu, qui s’est fatigué pour prendre le parti de l’homme, les pauvres, les pécheurs que nous sommes, nous tous de la race humaine, alors ce Dieu qui est devant Pilate peut se retourner : Il sait que personne ne L’a suivi… Après avoir dit que quiconque est de la Vérité écoute Sa voix, ce Dieu qui vient de prendre parti pour nous, se retourne et se voit seul car l’homme n’a pas voulu prendre le parti de Dieu !

C’est pour cela que chaque année, il nous est donné la possibilité d’effacer nos trahisons passées (nombreux sont ceux qui le font en recourant au sacrement de la Réconciliation) et de repartir cette fois-ci derrière Jésus ! Pour ne pas Le laisser seul puisqu’Il est venu à nous et pour nous, puisqu’Il a voulu prendre notre défense. Puisque nous pouvons nous protéger derrière Lui pour crier, avec Lui : Abba, Pater, en montrant Sa Croix au Père. Puisque nous pouvons devant Lui attester de notre Baptême, de nos Eucharisties, de nos Réconciliations. Puisque nous pouvons, derrière Jésus, monter vers le Ciel, quelle que soit notre lèpre, notre laideur… Puisque Jésus a gagné tout cela pour nous.

« Montons nous aussi à Jérusalem pour mourir avec Lui »

Ne laissons pas Jésus mourir seul ! Aujourd’hui, déposons au pied de la Croix ce que nous avons déraciné pendant notre Carême, avant que nous vienne l’envie de le reprendre. Nous avons travaillé pendant six semaines pour extirper quelques mauvaises habitudes, quelques passions, pour nous oublier un peu nous-mêmes, pour quitter non seulement ce que nous avons mais surtout ce que nous sommes, dans ce qu’il y a de mauvais. Ne le retenons pas, ne le gardons pas, mais déposons-le avec le baiser d’adoration de la Croix. Pour véritablement avec Lui mourir un peu plus à nous-mêmes pour ressusciter le dimanche de Pâques.

Il est sûr que le Vendredi Saint est un jour de deuil. C’est un jour de tristesse parce qu’il nous rappelle que c’est notre péché qui a tué Dieu en Jésus-Christ. Mais, comme nous le rappellent les lectures de l’Office de la Passion, c’est déjà un jour de joie par l’espérance qui nous est donnée. Car, nous le savons, notre Grand Prêtre est absolument capable de compatir à nos misères, s’étant fait égal de l’homme en toute chose.

Si Jésus est descendu, s’Il a pris parti pour moi, je sais dans la foi que c’est pour l’éternité. Alors, il me suffit, pour rendre effectif Son Sacrifice, que je fasse aujourd’hui un pas à Sa suite, derrière Lui…

« Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie… » (Jn 8, 12)
 

Vigile Pascale : L’humilité de Dieu est d’habiter en l’homme.

Il a ressuscité… Il s’est ressuscité,… Il est ressuscité…

L’Evangile ne se justifie pas : il s’accepte ou il se refuse. Si nous refusons la Résurrection, vaine est notre foi, vaine est notre prédication dit saint Paul. Et nous sommes les plus malheureux des hommes, ajoute-t-il. Mais si nous acceptons la Résurrection de Jésus, nous sommes au contraire les plus heureux des hommes. Pourquoi ? Parce que si nous acceptons la Résurrection de Jésus, nous acceptons trois choses : nous acceptons le fait : Il a ressuscité ; nous acceptons ensuite le mode : Il s’est ressuscité ; et nous acceptons la fin : Il est ressuscité.

Le monde pascal est un monde sans limite et sans ténèbres

Accepter le fait de la Résurrection, c’est accepter quelque chose de tout-à-fait nouveau. De tellement nouveau qu’on ne peut même pas parler de fait. Car le fait concerne l’Histoire et la Résurrection est au-delà de l’Histoire. La Résurrection de Jésus dépasse en effet infiniment l’ordre de la résurrection de Lazare. Il faut parler d’une Surréalité qui surgit dans le monde, mais qui est au-delà de notre monde, qui n’appartient pas à notre monde mais à un monde nouveau, un monde de nouveauté pas seulement physique et d’ordre quantitatif, mais un monde nouveau d’ordre métaphysique parce que c’est un monde qui est sans limite. C’est un monde qui n’est pas négatif. C’est un monde qui n’est pas touché par la mort, car il n’est pas atteint par le péché.

Il faut réfléchir sur cette Surréalité qui est au-delà de l’Histoire, qui s’immerge en elle mais qui n’est pas mesurable avec les mesures humaines : Jésus ne traverse-t-Il pas les murs ? Jésus n’est plus le Jésus de Nazareth. Il est le Jésus d’un monde absolument nouveau, d’un monde sans limite, d’un monde qui n’est pas atteint par ce mal que nous connaissons malheureusement tous, mal qui se manifeste -encore !- dans la souffrance et la mort, mal qui se nomme le péché. Voilà ce qu’est d’accepter le fait de la Résurrection : c’est accepter l’existence d’un monde qui est le monde de l’innocence infinie.

Accepter la Résurrection, c’est accepter ensuite son mode : Dieu s’est ressuscité Lui-même. Jésus était seul au tombeau, et parce qu’Il s’est ressuscité Lui-même, Il est Dieu. Les Apôtres ont aussi ressuscité des morts, mais au nom de Jésus ! Et c’est justement en Son nom propre que Jésus s’est ressuscité. Donc le monde nouveau qui apparaît avec Jésus au matin de la Résurrection, ce monde infiniment innocent, c’est vraiment le monde de Dieu !

Accepter la Résurrection, c’est enfin accepter sa finalité. Si la Résurrection est la présence ponctuelle d’un monde nouveau et si ce monde est celui de Dieu, monde donc sans mesure et sans limite, si Jésus est établi dans ce monde et nous apparaît porteur de ce monde, alors, non seulement Jésus a ressuscité, mais Il est, encore, ressuscité. Car s’Il s’identifie à ce monde de Vie, ce monde sans mesure parce que sans péché et sans mort, Il est toujours vivant et, d’une certaine manière, Il n’arrête pas de ressusciter !

Partout où Dieu est, Jésus est, particulièrement dans mon âme

Et si Jésus appartient à ce monde de Dieu, ce monde que rien ne limite, ce monde qui a vaincu la mort, si Jésus est ainsi avec Dieu, alors Jésus est partout où Dieu est. Partout où Dieu est, Jésus est. En tant qu’homme, en tant que Fils de Dieu, en tant qu’homme mort et ressuscité, porteur et emblème, prince d’un monde vivant, d’un monde sans tache. Dieu est présent là où Il agit : Il est présent au cœur de l’homme qu’Il a fait à Son image, comme nous le rappelle récit de la Genèse. Il est présent dans cette âme subtile, si personnelle, si grande et capable de tant de misères ! Là, Dieu réside, là est Sa demeure et là aussi est Jésus !

Faire de mon âme christifiée un lieu où tout est donné et rien n’est retenu

C’est le Baptême qui nous donne de pouvoir saisir cette Présence merveilleuse, transformante, cette Présence qui ne gêne pas, car si chaste, si douce bien qu’elle soit toute puissante… C’est la grâce qui me permet de voir en moi, au-delà de l’homme -fut-il plein de qualités- quelque chose qui le dépasse, qui lui donne sa dignité, qui lui donne ce caractère transcendant, et je dirais ce souvenir, ce vestige d’innocence qu’il y a dans le cœur des plus endurcis. C’est aussi la grâce qui nous permet d’adhérer, d’aller chercher cette Présence, de nous y unir, de l’aimer. Tout cela, c’est le don de notre Baptême.

Voilà le motif de notre joie : savoir qu’en chacun d’entre nous il y a le Christ qui est est actuellement ressuscité, qui n’en finit pas de ressusciter dans notre âme… Ce qui fait que, si nous le voulons, nous pouvons avec Lui ne pas finir, nous non plus, de ressusciter… C’est à dire d’entrer, de pénétrer au fil des jours dans ce monde qui nous attire, monde divin, monde d’Amour sans mesure et de gratuité parfaite, monde sans tache ni larme, où tout est donné et rien n’est retenu…

Saintes et donc joyeuses fêtes de Pâques à chacun !

Mgr Jean-Marie LE GALL, Aumônier catholique H.I.A Percy, Clamart

Lectio divina quotidienne (#twittomelie, # TrekCiel) sur Tweeter : @mgrjmlegall

Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Retrouvez la Lectio divina quotidienne de Mgr Le Gall sur X : @mgrjmlegall

Articles similaires

À la Pentecôte, l’Esprit-Saint fait naître l’Église, non comme une structure visible, mais comme une réalité vivante et divine. En nous configurant au Christ, Il fait de nous des enfants...
Entre l'Ascension et la Pentecôte, nous sommes invités à raviver notre foi : découvrir la Présence de Dieu en nous, réelle et aimante, non comme un juge mais comme un...
L'Ascension du Christ manifeste notre propre appel à rejoindre le Père. Il est monté le premier pour nous préparer une place : notre espérance est en Lui....
« Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie » disait Ste Thérèse. L’Ascension nous montre notre vocation : suivre le Christ dans la Gloire du Père. Débarrassés de nos...

Appareil utilisé : détection en cours... (modifier)

Cela peut concerner un bug visuel, une erreur de contenu, une faute d'orthographe, un lien cassé, etc. Inutile de préciser l’adresse de la page, elle est automatiquement envoyée avec votre message.

Rechercher

Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

Avatar

Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.