Lectio divina – Solennité de Noël – Messe de la nuit

Is 9, 1-6 Tt 2, 11-14 Lc 2, 1-14

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

« Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel ». Je proposerai une modeste réflexion sur la signification de ce nom que nous connaissons pour l’utiliser dans nos familles, que nous aimons, mais dont quelquefois nous ignorons un peu la profondeur. Emmanuel, c’est Dieu avec nous, et Noël est vraiment le moment de consacrer quelques minutes à contempler la grandeur de ce nom.

Emmanuel : le nom que Dieu s’est donné pour que l’homme se donne à Lui

Un nom que Dieu s’est donné : ce n’est pas un nom que nous Lui avons donné. C’est Lui-même qui s’est appelé ainsi vis-à-vis de nous. Notre Dieu n’est pas un Dieu caché, un Dieu qui nous fuit pour mieux nous commander, c’est un Dieu qui se montre, qui se fait visible, qui se fait nôtre. Nous rendons-nous compte de ce que signifie pour un homme que de dire : -mon Dieu, c’est Dieu-avec-nous, c’est l’Emmanuel, c’est celui qui a partagé ma vie, qui a partagé mes soucis et peines, le poids du jour… ?!

Et c’est encore plus beau lorsque nous réfléchissons sur le pourquoi de ce nom : pourquoi Dieu s’est-Il appelé et s’est-Il fait Dieu-avec-nous, avec Son peuple, le peuple qui est : « peuple-avec-moi » dira le prophète Ézéchiel ? Le pourquoi de Dieu-avec-nous, le pourquoi de l’Emmanuel c’est pour que l’homme soit avec Dieu !

Nous avons la clé du mystère de l’Incarnation : si Dieu s’est fait homme et si Dieu S’incarne encore aujourd’hui dans la grâce de nos âmes, c’est pour nous sauver. La preuve n’en est-elle pas dans l’Annonciation à Marie : « Et tu lui donneras le nom de Jésus… », prénom que nous devrions prononcer avec tant de tendresse.

Jésus : ‘Dieu-sauve’, un prénom qui contient toute la puissance d’Amour de Dieu, et qui nous fait deviner implicitement toute la misère de l’homme, un prénom qui devrait sonner doux à nos oreilles. Jésus… Ne pourrions-nous pas, en cette fête de Noël, réapprendre à prononcer ces simples mots, Marie, Jésus ?

Dieu-avec-nous, c’est le premier et véritable acte de l’enfance du monde

Non seulement Dieu est Dieu-avec-nous, non seulement Il est pour que ‘nous soyons-avec-Lui’, l’Emmanuel, Jésus, mais Il vient en enfant.

Dieu-avec-nous, c’est Dieu-enfant-avec-nous. Et Dieu, s’Il vient en enfant, s’Il vient tout petit, c’est parce qu’Il vient avec l’esprit de l’enfant ; ce n’est pas pour les langes, c’est pour l’intérieur, la profondeur, pour tout ce que cela signifie pour un homme que d’être un enfant !

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Qu’est-ce que l’esprit d’enfance ? L’enfance c’est la petitesse, c’est l’humilité qui provoque l’admiration, l’étonnement, l’émerveillement devant celui qui est plus grand, le père, la mère, l’éducateur… Et cet émerveillement entraîne spontanément la confiance et l’amour. Voilà ce qu’est l’esprit d’enfance. Dieu, dans ce mystère où Il se fait homme, accomplit en fait le premier et véritable acte de l’enfance du monde, cette enfance éternelle, dont parlera Claudel.

Ne voyons-nous pas que c’est un Dieu-enfant ce Dieu qui est don entier, qui est oubli de soi, qui est toute humilité pour regarder l’homme si bas ? Ne voyons-nous pas que c’est un Dieu-enfant ce Dieu qui est toute humilité et tout émerveillement devant la grâce de Marie : « Réjouis-toi Marie pleine de grâce, le Seigneur est avec toi » ?

Réfléchissons à cet émerveillement de Dieu devant la jeune Marie, devant ses 15 ans de pureté, de pure capacité du Père… Et voilà qu’après l’émerveillement qui est là, Dieu, toujours comme un enfant, va se confier : le Père va confier Son Fils à Marie ! Alors que nous, les humains, faisons bien attention à ne pas confier nos enfants à des inconnus, voilà que Dieu tout confiant, tout émerveillé de la grâce de Marie, va lui confier Son Fils, pour qu’elle Lui donne la vie et L’éduque, y compris dans la vie surnaturelle.

Et plus encore que Son Fils, le Père va confier à Marie tous Ses fils et leur salut. Saint Bernard dira : « Marie, je t’en supplie, dis-oui ; à tes lèvres est suspendue toute la re-création, toute la grâce, toute notre rédemption ! »

« Dieu vit que cela était bon »

Si Dieu est venu en enfant, c’est pour nous apprendre, pour nous réapprendre, pour nous faire redevenir des enfants, pour nous faire redécouvrir ces qualités de petitesse, de l’émerveillement, de l’admiration, de la confiance…

Regardons comme nous sommes blasés, quels que soient nos âges, du plus petit avec ses jouets qui remplissent sa chambre, jusqu’au plus savant qui se demande jusqu’où et comment il va pouvoir ‘transhumaniser’ la vie…

N’est-ce pas maintenant, en la nuit de Noël, le moment de crier pour la sauvegarde de la vie ? Sommes-nous encore capables de nous émerveiller devant une vie humaine, devant une semence qui grandit, plutôt que de vouloir l’étouffer parce qu’elle nous gêne ?

Voilà ce que Dieu cherche à provoquer en nous, en venant en nous, comme un enfant : nous faire découvrir l’émerveillement devant les merveilles du monde, donc, devant les merveilles de Dieu, et devant la merveille des merveilles de Dieu qu’est l’homme.

« Il vit que cela était bon » : pourquoi ne serai-je pas en admiration devant ce que Dieu a admiré quand Il créa l’homme à Son image, quand Il y mit Son sceau avec le Verbe et quand Il y mit Son Souffle avec Son Esprit comme cela apparaît en perfection dans l’âme de la Vierge Marie ?

Dieu est, en moi, plus moi que je ne suis moi-même…

Pourquoi, bien que pécheurs, ne serions-nous pas capables nous aussi de redécouvrir dans notre âme cette présence de Dieu-Créateur, voire de Dieu dans Sa paternité ? Dieu est en moi plus que je ne le suis moi-même, aimait à dire St. Augustin !

Oui, Noël est la Fête de l’Emmanuel, parce qu’Il vient, mais surtout parce qu’Il est déjà là ! C’est ce que Jésus veut nous montrer du doigt avec Ses petites menottes dans Son humble berceau, à la crèche…

Soyons enfants pour être pleins d’émerveillement comme Dieu quand Il regarde Marie et apprenons de Lui : comme Lui, regardons l’homme comme une capacité de Dieu… Oui, découvrons en chacun d’entre nous la présence divine du Créateur et répondons-y avec une foi confiante pour qu’elle se transforme en présence du Père.

« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu ? »

Comment voudrions-nous attaquer l’année nouvelle qui va commencer dans une semaine ? Dans la crainte de l’avenir ou dans le réconfort de Sa Présence inamissible, si nous savons que nous sommes le temple de Dieu et qu’en Lui, nous pouvons tout ? Il n’y a pas de crainte à avoir, lorsqu’on pense que Dieu, comme s’Il était trop à l’étroit dans Son infinité, S’est construit des habitations de surcroît en chacun et chacune d’entre nous pour S’y glisser, pour y être bien, y pouvant être comme chez Lui …

Voilà ce que Jésus veut nous faire découvrir. Alors, émerveillons-nous, ne serait-ce qu’une minute, devant ce qui est dans notre âme : Dieu le Père que le Fils vient de me révéler.

Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Retrouvez la Lectio divina quotidienne de Mgr Le Gall sur X : @mgrjmlegall

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.