Lectio divina – 32ème Dimanche Ordinaire – Année B

1R.17, 10-16 Héb.9, 24-28 Mc.12, 38-44

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Le tableau qui sera brossé dimanche dans la première lecture n’est pas encourageant : pays de désert, pays de famine et de mort à laquelle ne semble pas pouvoir échapper une pauvre veuve et son enfant unique. Paysage dantesque représentant l’état de l’homme, l’état du monde que nous ne voyons que trop autour de nous : atmosphère de barbarie et de meurtres, de vol et de violence, de souffrance et de non-sens, mais surtout désespoir et angoisse de son cœur. C’est dans ce contexte de tristesse profonde qu’arrive un homme, un prophète envoyé de Dieu, pas tant celui qui prédit l’avenir que celui qui est chargé par Yahvé de proclamer le message divin de la Vie !

Adam, où es-tu ?

Et nous retrouvons là l’essentiel du message chrétien : Dieu vient à la rencontre de l’homme enfermé dans sa solitude désespérée pour lui annoncer la Vie. C’est parce que Dieu est le Dieu des vivants (Abraham, Isaac, Jacob…) et non le Dieu des morts qu’Il engage ce gigantesque combat contre la mort assaillant l’homme depuis le premier refus opposé par la créature à l’amitié divine !

Le véritable combat mené contre la mort n’est pas le nôtre ; il est d’abord celui de Dieu. Il engage toute Sa force, toute Sa Vie, tout Son Amour, toute Sa Sagesse pour délivrer Sa créature de la mort éternelle, c’est-à-dire de la séparation définitive de l’amitié divine, mort éternelle qui s’appelle la damnation…

C’est dans cette lumière surnaturelle, apaisante, que nous devrions toujours considérer l’approche de Dieu vis-à-vis de chacun de nous. Et pourtant, nous ne le faisons point ! Lorsque Dieu s’approche, instinctivement nous reculons, nous nous cachons. Comme Adam au Paradis nous avons peur : « Adam où es-tu ? J’avais peur, alors je me suis caché ! »

L’Amour fou de Dieu me cherche sans se lasser

Pourquoi avons-nous peur de Dieu qui, pourtant, nous propose Son amitié, jusqu’à une alliance d’Amour éternel ?

Nous avons peur car nous savons que Dieu ne se partage avec rien. Il est un tout, Il est le Tout, sans lequel tout n’est rien se plaisait à dire S. Augustin… Il est le Tout, l’infiniment parfait dans Sa lumière comme dans la chaleur de Son Cœur ; Il ne se mélange avec rien.

Aussi, lorsque Dieu s’approche de moi pour me donner la Vie, lorsqu’Il court après moi pour me donner Son amitié, lorsqu’Il m’appelle, Il exige de moi une transformation.

Cette transformation, c’est un dépouillement, un dépouillement va jusqu’à la mort.

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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« Je Suis le feu, tu es l’étincelle ! »

C’est pourquoi une des images représentant Dieu, que Dieu Lui-même utilise dans Sa Parole et que les mystiques reprendront, est celle du feu. Dieu est un feu. Un feu absolument lumineux, un feu qui réchauffe parfaitement. Un feu dans lequel Il nous demande d’entrer pour participer à Sa lumière et à Sa chaleur afin qu’ainsi nous L’aidions à réchauffer le monde.

Entrer dans le feu pour être feu, c’est à l’instar de la bûche de bois, mourir. Comme le bois se laisse grignoter, dévorer, comme il se laisse consumer et consommer par le feu, l’âme ne devient feu qu’en acceptant de disparaître dans le feu de Dieu !

Voilà ce que Dieu exige de moi. Pour me redonner la vie, pour me faire entrer dans Sa Vie, Dieu vient à moi, Il vient en moi en exigeant de moi d’entrer en Son brasier, d’accepter d’être consumé. « Tout est consommé », dira Jésus sur la Croix… Tout est consumé par la divine flamme.

Telle est la raison qui nous fait hésiter à nous en remettre à Dieu. Nous hésitons à entrer dans le brasier, à nous plonger dans le feu de Dieu. Aussi nous revêtons-nous souvent de combinaisons d’amiante : toutes nos justifications, nos excuses inventées (l’âge, le temps, les mœurs, la prévoyance…) pour ne pas nous laisser happer par le brasier divin !

« Ne crains pas ! »

Aussi, chaque fois que Dieu s’approche de moi, Il me dit : « Ne crains pas ! » Comme lorsqu’Il s’adressa à Marie : « Ne crains pas, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu… »

Comme lorsqu’Il s’adressa à Pierre, lorsque, marchant sur les eaux, Jésus dit : « N’ayez pas peur, c’est moi… »

Comme lorsqu’Il s’adresse à chacun d’entre nous, quand, avec Elie, Il nous dit, comme à la veuve de Sarepta :  » N’aie pas peur… « 

Le message de Dieu est toujours un message de Paix, au contraire de celui du démon qui trouble et énerve. Le message divin tranquillise, pacifie en profondeur, les hauts fonds de notre cœur. Car même si le baptême que Dieu nous propose est, à l’image de celui de Son Fils, un baptême de sang instituant la « violence » du Royaume de Dieu, cela reste un baptême, c’est-à-dire un passage vers la renaissance, vers la Vie…

« N’aie pas peur, Marie… » Et Marie donne la vie au Christ.

« N’aie pas peur, Pierre… » Et Pierre donnera la vie à l’Église.

« N’aie pas peur, petite veuve… » Et cette âme, notre âme, va revivre par sa jarre d’huile qui ne s’épuisera pas, par sa jarre de farine qui lui procurera le pain quotidien, symboles indissociables de la force de l’Esprit Saint et du Pain de Vie donnés au chrétien.

Chaque fois que se présente à nous un signe de Dieu -qu’il faut savoir discerner-, chaque fois que se présente à nous quelque chose qui va nous enlever à nous-mêmes, qui va nous dépouiller, dont nous pressentons le travail intérieur d’enfantement, repensons à ces paroles que Dieu nous adresse dans le même moment : Ne crains pas !  Il nous les dit pour nous aider à faire un pas vers la mort à nous-mêmes afin d’échanger notre vie contre Sa Vie !

« Tant que l’on n’a pas tout donné, l’on n’a rien donné ! »

Ce message, le Père l’a d’abord donné à Son Fils. Jésus s’est dépouillé par la mort de la Croix. Mais ce fut pour ressusciter et partager, en Sa nature humaine, la Vie en plénitude de Son Père. S’Il a accompli Lui-même cette transformation, c’est pour nous permettre de le faire à notre tour et en Lui. Parce que l’homme pécheur n’avait ni la lumière ni la force du cœur pour effectuer ce dépouillement, cette purification. Alors, Dieu est venu pour nous indiquer la voie de la Vie : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie. »

Et à la suite de Jésus, en Jésus, nous devons cheminer sur cette route de la transformation, donnant tout de nous-mêmes, comme Jésus a donné le tout de Sa vie : Sa chair et Son sang.

Nous devons tout donner, à l’exemple de la veuve du Temple. Car, comme le soulignait la petite Thérèse, « Tant que l’on n’a pas tout donné, l’on n’a rien donné ! » Nous devons nous dépouiller non seulement du superflu, mais du nécessaire, de l’essentiel, de ce qui nous est le plus vital. Oui, nous devons donner tout ce qui est en nous, tout ce par quoi nous sommes nous-mêmes, ce à quoi nous sommes donc le plus attachés : notre ‘je’, notre personne.

« Celui qui meurt porte beaucoup de fruit. »

Ce que nous aurons abandonné, au pied de la Croix, sera baigné par le Sang vivifiant de Jésus. Et nous le retrouverons purifié par la Sainteté de Dieu et démultiplié par l’Infini de Dieu, accompli, achevé par la Perfection de Dieu.

En effet, puisque Dieu est la Vie, tout ce qui Lui est abandonné nous est rendu, mais dans l’achèvement parfait, accompli par Dieu en nous, suivant le désir qu’Il avait sur nous, de toute éternité.

Lui seul peut nous faire atteindre l’achèvement qu’Il désire pour nous, brisant en moi, et avec moi, bien sûr, dans l’acquiescement total de ma liberté d’enfant de Dieu, toutes les préfabrications qui m’étriquent, m’enserrent, m’étouffent, donnant à mon âme Sa propre dimension divine !

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.