Lectio divina – 28ème Dimanche Ordinaire – Année B

Sg.7, 7-11 Héb.4, 12-13 Mc.10, 17-30

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Je voudrais profiter des trois prières qui structurent nos célébrations : la « Collecte » que nous entendons au début, la « Prière sur les Offrandes » qui ouvre la Préface et la Prière eucharistique et la « Postcommunion » qui conclut la Messe, pour réfléchir sur la relation qu’il y a entre la Messe et le chrétien.

« QUE CETTE LITURGIE CÉLÉBRÉE AVEC AMOUR… »

Tout d’abord la Prière sur les Offrandes : « Que cette liturgie célébrée avec amour… » La relation du croyant à la Messe, voilà la première chose qu’il nous faut voir et retenir. Il faut,comme l’on dit dans le langage quotidien, y mettre les formes ! Et la forme de toute réalité, de tout vivant, c’est par excellence la charité. Il nous faut entrer en relation avec la Messe avec amour. Cela nous paraît évident et pourtant… Nous pourrions nous interroger sur la réalité de l’amour avec lequel nous entrons dans la célébration ! Et puis, si l’on prend la relation dans l’autre sens, la même Prière sur les Offrandes nous indique que cette « liturgie est capable de nous faire passer à la gloire du Ciel. » Voilà la finalité, le pour quoi, le en vue de. Pourquoi la Messe a-t-elle été inventée par Jésus-Christ ? Non pas pour nous faire passer le temps mais bien pour nous faire passer à la gloire du Ciel !

« QUE TA GRÂCE NOUS DEVANCE ET QU’ELLE NOUS ACCOMPAGNE TOUJOURS ».

Et pourquoi allons-nous passer à la gloire du Ciel ? Allons à la Postcommunion, qui estla prière conclusive : parce que nous sommes rendus participants de la nature divine ! Nous sommes rendus participants de la nature divine, c’estàdire que nous ne faisons qu’un, en quelque sorte, avec Dieu. Or Dieu c’est le Ciel ; le Ciel n’est pas un lieu, c’est un état, un état d’union ou de communion avec Dieu !

Et la Collecte va préciser de quelle manière entendre cette participation à la nature divine : « Que ta grâce nous devance et qu’elle nous accompagne toujours. » C’est dire que, dans la Messe, la grâce –c’estàdire la vie de Dieu, la force de Dieu devient notre compagne ! Nous sommes loin des visions ritualistes, formalistes, traditionalistes… A la Messe nous devenons participants de la nature divine, nous devenons compagnons de la grâce, celui qui marche avec, celui qui est de la même table !

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Retrouvez la Lectio divina quotidienne sur X : @mgrjmlegall

« PUISQUE TU NOUS AS FAIT COMMUNIER AU CORPS DU CHRIST… »

Le compagnon est celui qui partage le pain, celui qui va communier ! Et en effet comment recevons-nous cette participation à la nature divine, comment devenons-nous compagnon de la grâce ? En retournant à la Postcommunion, nous lisons : « Puisque Tu nous as fait communier au Corps du Christ… »

Voilà ce que c’est que la Messe pour un chrétien : c’est la célébration d’une liturgie avec amour et c’est le passage d’ici-bas à la gloire du Ciel par une entrée dans la Vie divine, par une proximité, une intimité de tous les instants avec la grâce reçue par le Corps de Jésus, c’estàdire la deuxième personne de la Trinité, incarnée. Je reçois Sa divinité, Son humanité, Son corps, Son sang, Son âme, Ses vertus. C’est très simple !

AVEC QUEL AMOUR VENONS-NOUS À LA MESSE ?

Alors nous pouvons maintenant nous poser des questions. Oui, le moment est venu de faire notre examen de conscience ou de retenir quelques éléments pour faire cet examen de conscience ce soir ou dans notre journée ; le dimanche est fait pour cela.

Posons-nous la question, n’ayons pas peur ! Chers amis, avec quel amour célébrons-nous ou participons-nous à l’Eucharistie ? Rappelons d’ailleurs que l’Eucharistie est l’autre nom de la Messe qui exprime peut-être mieux le cœur, l’essentiel de la Liturgie plutôt que le mot de Messe qui vient de la formule latine ite missa est, « la Messe est dite », signifiant l’envoi en mission, c’estàdire le témoignage, ce qui est fondamental, bien sûr.

DEVENIR COMPAGNON DE JÉSUS POUR PARTAGER SA GLOIRE AU CIEL !

Autrement dit, l’Eucharistie qui est cette communion nous faisant recevoir la grâce, et devenir compagnon de grâce, qui nous fait être participants de la nature divine, qui nous fait passer à la gloire du Ciel, avec quel amour la célébrons-nous ?

Avec quel amour avonsnous préparé notre Eucharistie ? Avec quel amour avonsnous choisi l’heure de la Messe ? Parce que cela convenait à notre emploi du temps ? Ou avonsnous organisé notre journée en fonction de la Grand-Messe qui rassemble le peuple de Dieu ? Avec quel amour avonsnous lu la Parole de Dieu afin de mieux la recevoir quand elle serait proclamée ? Avec quel amour communionsnous de pensée et de cœur avec ceux qui sont sur notre banc ?

L’EUCHARISTIE N’EST RIEN D’AUTRE QUE LE CHRIST FAIT SACREMENT !

Nous comprenons bien que cet amour avec lequel nous entrons dans une église pour célébrer la Sainte Liturgie est proportionné à la confiance que nous avons dans l’efficacité de l’action de la Messe sur notre âme, c’estàdire la foi en ce que cette Messe nous apporte. Si nous pensons que cette Messe ne nous apporte rien, alors nous ne pouvons y venir qu’à contrecœur, dans l’ennui… Si nous pensons au contraire que cette Messe est une échelle pour aller dans la Gloire du Ciel parce qu’elle rend compagnon de Jésus-Christ, alors là notre amour s’enflammera !

L’Eucharistie ce n’est rien d’autre que le Christ fait sacrement ! Ce n’est pas un rite plein de signes et vide de sens. Ces signes liturgiques sont les vêtements d’une Personne vivante qui retrace devant nous, en une heure, Sa vie et Son enseignement, Sa mort et Sa résurrection : Jésus-Christ, Fils de Dieu, unique Médiateur entre le Ciel et la terre. Donc, en fonction de cette foi, je vais adhérer avec amour à la Messe, à l’Eucharistie.

« NOUS RENDRE ATTENTIFS À FAIRE LE BIEN SANS RELÂCHE. »

Oui, une des raisons pour lesquelles notre participation à la Messe est vide et pleine d’ennui, c’est que nous ne voyons pas l’utilité de la Liturgie pour notre vie pratique.

Or par la Collecte nous comprenons que cette participation à la Vie divine n’est pas une adhésion intellectuelle ni un choix sociologique. C’est quelque chose qui s’incarne profondément dans notre vie pour « nous rendre attentifs à faire le bien sans relâche. » C’est donc une action qui s’enfonce très profondément dans le concret. Nous ne venons pas à la Messe parce que l’Église défend certaines valeurs et que sans la religion tout se délite d’une société ! Ne nous plaçons pas au niveau des abstractions, laissons cela aux intellectuels ! Plaçons-nous au niveau de notre vie. Je suis rendu participant de la nature divine ; or la nature divine c’est de faire le bien. Je suis donc mystérieusement rendu attentif à faire le bien !

Donc toutes nos œuvres de la semaine, à commencer par celles d’aujourd’hui, doivent être choisies et posées en fonction du bien qui se fera à travers elles. Ma participation à la nature divine s’incarne dans ma vie de la Vie pour que ma vie soit celle du Fils de Dieu incarné, Lui qui allait et passait en faisant le bien, nous rapporte saint Pierre !

« DIEU FAIT LE BIEN EN NOUS ! »

Faire le bien ? Il faut même dire créer le bien. Ma vie doit être un temps passé à créer le bien. Pourquoi créer et pourquoi pas faire ? Je vous renvoie à l’Évangile : « Bon Maître, » dit ce brave Juif… Et le Christ l’interpelle tout de suite : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Dieu seul est bon ! » Reconnaîtrais-tu donc que je suis le Fils de Dieu ? Effectivement, Dieu seul est bon et Dieu seul fait le Bien ; c’est à dire Il crée le Bien puisque Dieu agit toujours à partir de rien, sans mérite de la part des réalités, par pure gratuité et ToutePuissance. « Il vit que cela était bon » nous raconte le récit de la Genèse.

Donc toutes les autres réalités de notre univers participent à cette Bonté, à ce Bien de Dieu. Mais seul l’homme y participe comme élément actif parce que l’homme est fait à l’image de Dieu, libre, capable d’aimer. Aussi les animaux ne créent-ils pas le Bien. Ils sont déterminés. La chatte qui soigne ses petits ne fait pas le Bien ; elle est réglée, elle n’est pas libre, c’est son instinct. Alors que l’homme est créé à l’image de Dieu et que donc cette capacité unique que Dieu a de créer le bien, Il la transmet en quelque sorte à l’homme qu’Il crée à Son image.

Mieux : Il s’immisce dans le cœur de l’homme pour qu’à travers l’homme Il puisse continuer à créer le Bien. Dieu fait le Bien en nous. C’est pour cela qu’il faut parler de création du bien. Le brave Juif semble se situer à côté de cette vérité. « Que faut-il que je fasse de bien pour avoir la vie éternelle ? » Voici la question que nous aimons poser à nos pasteurs : Que faut-il que je fasse pour être un bon chrétien ? Dites-moi : premièrement que je paye mon denier du culte ; deuxièmement que j’aille à la Messe tous les dimanches ; troisièmement que je me confesse une fois par an ? Voilà comment un grand nombre de fidèles ramènent la religion à ces trois actes.

LE BIEN C’EST LA VIE MÊME DE DIEU !

Non ! Ce n’est pas une question de faire le bien : que faut-il que je fasse pour avoir la vie éternelle ? Il s’agit de créer ! Aussi en réfléchissant sur cette origine du Bien qui sort du Dieu unique et qui passe par l’homme, comprenez-vous, devinez-vous, toute l’épaisseur qu’a le Bien ? Le Bien ne se résume pas à donner la pièce au clochard du coin, même si c’est possible aussi. Le Bien c’est quelque chose d’épais, de substantiel ; c’est la vie même de Dieu ; et non pas ces espèces de petites charités, de petites aumônes, de petits sourires… Non ! Cela n’est rien ! Ce sont des caricatures !

Dans le Bien nous trouvons toute l’épaisseur de Dieu, en même temps que toute Sa tendre délicatesse. Un peu comme dans le Big-Bang initial d’où le monde a surgi : toute la force de Dieu qui réside dans une tête d’épingle et qui explose pour laisser couler la vie jusqu’à la fin des temps… Car regardez comment Dieu œuvre en nous pour faire le bien, sans jamais nous violer, sans jamais nous juger, en étant d’une infinie patience, doux, tendre… Souple comme un parfum Il nous enveloppe, Il nous enivre, Il nous enlève…

Alors cela nous fait comprendre aussi que le Bien s’enracine dans quelque chose de profond en nous. C’est ce que la Bible appelle le cœur et qui signifie le centre de notre être, ce par quoi nous sommes à l’image de Dieu, là où Dieu réside, ce à travers quoi Dieu crée le Bien.

LE BIEN NOUS REND LIBRE, CAR IL EST LIBERTÉ !

Voilà qui nous montre aussi que le Bien que je crée ou que Dieu crée à travers moi, c’est une production de liberté. Rien de moins astreignant que le Bien que l’on crée ! Et donc rien à voir avec la vision réductrice du devoir d’état, ou de la B. A. « La vérité vous rendra libre », le Bien nous rend libre !

Mais il y a une ambivalence. Comme créer le Bien s’enracine dans le cœur, surgit du centre de l’homme, cela commande toute la personne. C’est un acte personnel, ce n’est pas un acte commandé. Surgissant de moi, de ma profondeur, la création du Bien est un acte personnel qui m’engage tout entier. Comme en Dieu. Dieu s’est engagé tout entier en créant le monde, en envoyant Son Fils, en donnant Ses sacrements, en inventant l’Église ! Dieu s’est engagé tout entier. Il ne reprend jamais Son serment, Son alliance… Chaque fois que je crée le bien, même un petit bien, je produis de la liberté, je me libère et donc je trouve en moi la joie créatrice. Mais en même temps j’engage ma personne toute entière et pas seulement mon porte-monnaie.

LA CRÉATION DU BIEN EST UNE ALLIANCE AVEC DIEU !

Cette création du bien qui est une production de liberté et qui est un engagement de toute la personne, va vous faire penser au mariage. Quand vous vous mariez c’est librement et pourtant vous vous engagez totalement, pour la vie, pour le meilleur et pour le pire !

La création du Bien c’est une alliance ; c’est une alliance avec Dieu. Et pourquoi est-ce une alliance avec Dieu ? Parce que je me cocrée, je me construis en Lui et je Lui deviens peu à peu identique, attentif à faire le bien sans relâche. Donc je suis en alliance avec Lui, je ne suis pas un esclave de Dieu, je suis même plus qu’un fils de Dieu, je suis cocréateur de ma personne avec Dieu qui me donne Sa grâce dans mon être profond et qui me permet de me poser comme être libre, comme être capable d’aimer, à Son image. C’est là où le mot prend toute son importance : je suis l’image de Dieu, donc je suis en alliance avec Lui. Je travaille avec Lui ; je crée avec Lui ma propre personne à son image, attentif à faire le bien sans relâche.

Donc faire le bien, créer le bien, c’est l’Alliance avec Dieu. C’est l’alliance qui prend racine dans notre Liturgie d’aujourd’hui, célébrée avec amour, cette Liturgie qui est récit de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, le résumé de Son enseignement, le résumé du don de Sa vie…

« VENDS TOUT CE QUE TU AS ET SUIS-MOI. »

Face à cette potentialité de l’homme créateur de bien, le jeune homme riche de l’Évangile se situe mal, puisqu’il s’arrête à faire c’estàdire à pratiquer un code de vie morale.Aussi Jésus lui dit-Il : « Il te manque quelque chose ; va, vends tout ce que tu as, et suis-moi. » C’est à cette suite que Jésus nous appelle nous aussi et cette suite c’est celle qui s’enracine dans la Liturgie pour nous faire sauter jusqu’à la gloire du Ciel ! « Va, vends tout ce que tu as… » tout ce que tu possèdes, toutes tes attaches, tout ce qui t’attache et ne te permet pas de participer avec amour à Ma Liturgie, à cette première liturgie qua été l’Évangile : l’enseignement des Béatitudes, la dernière Cène, le sacrifice de la Croix… « Vends tout ce que tu as et suis-moi ».

Donc faire le bien ce n’est pas seulement pratiquer les commandements. C’est entrer au cœur de la Vie qui est la vie de Jésus-Christ rendue présente dans la Liturgie.

Voilà ce qu’est la participation à l’Eucharistie du dimanche. Voilà pourquoi cela nécessite de notre part un effort : un effort pour se lever, un effort pour être à l’heure, un effort pour aller jusqu’au bout, un effort pour écouter, pour préparer et non pas seulement être là en regardant sa montre en disant : j’ai pratiqué le précepte dominical… C’est une rencontre avec le cœur ! Va, vends tout ce que tu as, détache-toi ; détache-toi de l’heure, détache-toi du temps, détache-toi même de ta famille, de tes catégories et viens ; suis-moi ; alors tu auras un trésor dans le Ciel. C’est ce que nous promet la Sainte Liturgie.

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

Retrouvez la lectio divina quotidienne (#twittomelie, #TrekCiel) sur X : @mgrjmlegall

Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Retrouvez la Lectio divina quotidienne de Mgr Le Gall sur X : @mgrjmlegall

Articles similaires

À la Pentecôte, l’Esprit-Saint fait naître l’Église, non comme une structure visible, mais comme une réalité vivante et divine. En nous configurant au Christ, Il fait de nous des enfants...
Entre l'Ascension et la Pentecôte, nous sommes invités à raviver notre foi : découvrir la Présence de Dieu en nous, réelle et aimante, non comme un juge mais comme un...
L'Ascension du Christ manifeste notre propre appel à rejoindre le Père. Il est monté le premier pour nous préparer une place : notre espérance est en Lui....
« Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie » disait Ste Thérèse. L’Ascension nous montre notre vocation : suivre le Christ dans la Gloire du Père. Débarrassés de nos...

Appareil utilisé : détection en cours... (modifier)

Cela peut concerner un bug visuel, une erreur de contenu, une faute d'orthographe, un lien cassé, etc. Inutile de préciser l’adresse de la page, elle est automatiquement envoyée avec votre message.

Rechercher

Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

Avatar

Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.