La Croix livre son secret : l’amour !

La croix du Christ transfigure nos épreuves et en fait une source féconde pour aimer davantage, à la manière de Dieu.

Je suis habitué à la croix du Christ. Je la croise du regard bien souvent, pendue à un mur : elle fait partie de mon paysage visuel. Chaque jour je fais le signe de la croix sur mon corps : il fait partie de mes gestes. J’ai vu le film La Passion de Mel Gibson : j’ai été fortement ému, j’ai même versé une larme, et je suis passé à autre chose, comme si tout cela ne me touchait pas vraiment.
En revanche, curieusement, lorsqu’une croix, bien moindre que celle du Christ, fait irruption dans ma vie, je suis déstabilisé. Le questionnement se fait alors angoissé : pourquoi moi ? Pourquoi cette épreuve dans ma vie ?
Dans le meilleur des cas, un verset de l’évangile me revient à l’esprit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive » (Mt 16, 24).
Prendre ma croix, qu’est-ce que cela signifie ? Face à une croix, c’est-à-dire à une épreuve, j’ai trois attitudes possibles : la fuite, la révolte et…

Fuir l’épreuve

Mon tempérament aidant, je fuis l’épreuve en faisant comme si elle n’existait pas. Je ne veux pas la voir, ni en entendre parler. Je m’enferme dans le déni en vivant maladivement dans le passé ou en me projetant faussement dans l’avenir. Je pense ainsi faire disparaître l’épreuve, mais je me leurre.
Mon comportement maintient d’autant plus et sournoisement l’épreuve au cœur de ma vie, épreuve qui me ronge de l’intérieur sans bruit. Mon coeur s’endurcit.

Se révolter face à l’épreuve

Ou bien, je me révolte. Je ne vois dans cette épreuve qu’une injustice. Je me positionne en victime en cherchant à tout prix un fautif, jusqu’à m’en prendre à Dieu. Sans m’en rendre compte, je maintiens alors l’épreuve vivace et violente. Je m’enferme de plus en plus dans ma révolte et l’épreuve fait de plus en plus mal. Mon cœur s’endurcit.

Deux impasses et une voie nouvelle

Ces deux attitudes sont des impasses, car elles endurcissent mon cœur. Elles rendent l’épreuve victorieuse, qui impose son mal. Je suis détruit. C’est donc un autre chemin qu’il s’agit de prendre. Je ne dois ni fuir l’épreuve, ni me révolter contre elle, mais suivre le Christ qui m’indique une nouvelle voie. Il m’invite à sa suite à traverser l’épreuve.

Traverser l’épreuve

D’un nouveau regard, je contemple la croix pendue au mur. A force de la contempler, je comprends qu’elle a quelque chose à me dire, un secret à me livrer pour me faire traverser l’épreuve. Ce secret ne peut être que ce qui donne son sens profond à la croix du Christ : c’est l’amour ! Aime, c’est l’appel que me lance la croix de Jésus lorsque je la contemple. Elle m’attire de plus en plus. Sans dolorisme malsain ni jansénisme stérile, je m’approche d’elle avec le simple désir d’apprendre d’elle à aimer. Cette croix devient désormais pour moi le mode d’emploi de l’amour. Elle met en lumière le commandement du «  aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12). Plus je regarde Jésus sur la croix, plus je comprends qu’aimer comme lui c’est :

Aimer à sa manière

Jésus me révèle qu’aimer à sa manière c’est aimer avec les mêmes sentiments qui sont dans son cœur : « Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur… » (Mt 11,29). Je dois aimer humblement, c’est-à-dire « de bas en haut », en m’abaissant devant celui que je cherche à aimer, en me faisant petit, serviteur. Comme Jésus, je lave les pieds. Je dois aimer avec douceur. Cette douceur s’exprime dans le profond respect que je manifeste à l’autre, même et surtout si je le connais dans son péché. J’aime avec douceur chaque fois que j’aime quelqu’un tel qu’il est.

Aimer avec la même qualité d’amour que lui

Jésus manifeste un amour absolu, inconditionnel et gratuit. Je dois aimer l’autre absolument, c’est-à-dire sans bémol ; inconditionnellement c’est-à-dire sans mettre de condition à cet amour (je t’aime si…) ; gratuitement c’est-à-dire sans recherche d’un intérêt personnel, sans attente d’un retour, sans calcul.

Aimer avec la même quantité d’amour que lui

Jésus déclare solennellement qu’aimer ne supporte aucune limite quantitative, surtout face au péché qui cherche toujours à détruire l’amour. C’est pourquoi, je dois pardonner soixante-dix-sept fois sept fois, c’est-à-dire surabonder dans l’amour là où le péché abonde.

Aimer jusqu’au bout

Enfin Jésus témoigne de ce que l’amour ne peut pas s’arrêter en route, il va jusqu’au sacrifice : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». Je dois imiter le sacrifice de Jésus car il est l’amour parvenu à son paroxysme.

Trop c’est trop !

Je suis attiré par cet amour car il est grand, très grand, le plus grand, et que mon cœur, au lieu de s’endurcir, se dilate à chaque fois que je l’expérimente même un tout petit peu, mais en même temps cet amour me donne le vertige. Trop c’est trop ! Cet amour est absolument au-dessus de mes forces, je suis incapable d’aimer ainsi.

Je n’ai plus peur

Je n’ai plus peur d’aimer à partir du moment où j’accueille cet amour du Cœur de Jésus dans sa grâce ! C’est LUI qui va aimer en moi et à travers moi. Cette croix n’est donc pas là pour m’écraser de souffrance, mais pour m’apprendre le véritable amour, celui de Jésus en moi pour les autres.

Vers la joie pascale

Dans le moment de l’épreuve, il est au-dessus de mes forces de rendre grâce pour elle. Mais lorsqu’elle est traversée et que je constate combien – parce que j’ai accepté de la traverser avec Jésus – elle m’a appris à aimer, j’incarne quelque chose de la joie de Jésus dans l’instant de sa résurrection.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.