Lectio divina – Solennité du Jour de Noël

Is.52, 7-10 Héb.1, 1-6 Jn.1, 1-18

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Pour célébrer en ce jour de Noël, la Nativité de Jésus, nous est offert le Prologue de Jean qui est parmi les plus belles pages de l’Écriture ! Curieusement pour une fête aussi populaire, l’Église nous donne à méditer un texte d’une telle profondeur qu’il nous apparaît quelquefois un peu complexe. Nous allons essayer d’y réfléchir, et de le recevoir dans cette Eucharistie pour le vivre ensuite dans la joie du quotidien !

Dieu s’est fait homme pour que les hommes soient Dieu

Nous avons demandé dans notre Collecte « que les hommes puissent participer à la divinité grâce à ce Fils de Dieu qui a pris notre humanité ». C’est une phrase fort connue d’Athanase rappelant que Dieu s’est fait homme pour que les hommes soient Dieu, pour que l’homme soit divinisé.

Bien entendu il n’est pas question que l’homme devienne ce qu’il ne peut pas être : puisqu’il est créé, il ne peut pas acquérir la nature divine qui est par définition incréée !

Mais cette sentence de saint Athanase reprise par la Collecte nous rappelle que le projet de Dieu, dès après le péché originel d’Adam et Eve, est que l’homme retrouve ce qui fait le cœur de son être, le sens de sa création. Et le cœur de cet être de l’homme, le sens de la création de l’homme c’est d’être à l’image de Dieu. Il nous faudrait revenir en ce jour de Noël au premier verset du livre de la Genèse lorsque l’auteur sacré nous raconte comment Dieu décide de créer l’homme à Son image : « Et à son image et à sa ressemblance Il les créa » !

« Et à son image et à sa ressemblance Il les créa »

Le désir de Dieu c’est que l’homme soit, après la chute, remodelé à cette image et donc à l’image du Verbe, puisque le Verbe est l’Image par excellence, Celui qui, nous dit Jean dans son Prologue, est « tout près de Dieu, tourné vers le Père ». Ainsi l’homme pourra recevoir du Père, comme un miroir capte la lumière, et refléter dans la Création tout entière (que ce soit dans l’acte créateur ou dans l’acte rédempteur), comme le miroir renvoie cette lumière et cette chaleur, l’Amour, contemplé dans le sein de ce Père, ce que Jean nous définira comme l’être même de Dieu : « Dieu est amour. »

Le désir de Dieu c’est donc que l’homme soit remodelé à l’image de ce Verbe qui a été l’instrument même de Sa création : « Par Lui tout a été fait. » Mais comment l’homme peut-il être remodelé à l’image du Verbe puisque ce Verbe est invisible, « de toute éternité depuis le commencement près de Dieu », nous dit encore saint Jean ?

Il n’y avait qu’une solution, tellement folle, inimaginable, qu’il a fallu toute la pédagogie de Dieu depuis Abraham pour ouvrir les yeux, ouvrir le cœur, ouvrir l’âme des hommes (non pas d’abord d’un peuple, mais de quelques hommes : Abraham, Moïse, …et ensuite d’un petit peuple élu, puis des douze tribus d’Israël…), pour leur faire concevoir ce désir que Dieu avait de Se rendre visible. Plus que de Se manifester : de demeurer parmi les hommes pour que les hommes puissent voir, contempler cette image et s’y remodeler. « Et le Verbe s’est fait chair et Il a demeuré parmi nous. »

Il a planté Sa tente, « Il est venu chez les siens … » Pourquoi « chez les siens » d’ailleurs ? Parce que l’homme, comme le Verbe, est appelé à être comme Lui image du Père !

Le Verbe s’est établi chez l’homme, a fait Sa demeure chez l’homme et cette demeure du Verbe c’est Jésus.

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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« Et le Verbe s’est fait chair et Il a demeuré parmi nous. »

Aussi nous faut-il demeurer chez Jésus pour résider, habiter près du Verbe, près de ce Fils unique, et devenir comme Lui, en Le regardant, en Le faisant nôtre, en L’imitant, l’image du Père, nous remodelant suivant le dessein premier de la Création qui nous a faits à Sa ressemblance. En un mot, pour être nous-mêmes, comme Jésus, images du Père : « Qui me voit, voit le Père. »

Il nous faut demeurer en Jésus qui est la demeure du Verbe, Image parfaite du Fils qui, nous rappelle l’épître aux Hébreux, « est resplendissement de sa gloire, l’image de sa substance ». C’est pourquoi, si « le Père nul ne l’a jamais vu, Lui nous L’a fait connaître » !

Le Verbe vient chez nous et Il use de cette nature humaine de Jésus, de ce Tabernacle pour nous y accueillir avec Lui, avec Jésus.

Alors nous pouvons mieux comprendre le sens de nos célébrations de Noël, le sens de la nécessité de cette commémoration qui se situe bien au-delà du plaisir, au-delà de la joie que nous avons de commémorer cet événement inouï de la venue de Dieu !

Que l’Incarnation du Verbe se renouvelle en chacun de nous !

Nous en comprenons la nécessité spirituelle, parce que l’Incarnation que nous célébrons, par elle-même ne suffit pas. Par l’Incarnation le Verbe se propose, Il vient, Il nous est présenté. Mais encore faut-il que nous Le recevions en nous ! Nous pouvons avoir la visite d’un grand personnage dans notre ville, dans notre pays, encore faut-il que nous le recevions en nous ! Que nous ne soyons pas indifférents à ce passage ! Le Verbe par l’Incarnation est devenu, il y a 2000 ans, l’un de nous ; il faut maintenant qu’Il demeure en nous, qu’Il soit avec nous. Il faut que Son Incarnation, en quelque sorte, se renouvelle pour chacun de nous, en chacun de nous !

Nous comprenons ainsi la nécessité de fêter Noël pour entrer dans le mystère de l’Incarnation et non pas seulement le regarder de loin comme nous regardons la vitrine d’un magasin sans y entrer. Nous le regardons avec plaisir certes, mais nous passons notre chemin et il n’y a rien de changé dans notre vie, si ce n’est ce plaisir de l’œil qui fut si passager.

Pour nous croyants, la fête de Noël ne doit pas être comme pour les incroyants un moment passager de joie, de repos, de vacances, de détente, même de réunion familiale. Elle doit être pour nous l’occasion d’entrer dans ce mystère de l’Incarnation c’est-à-dire de faire que ce mystère de l’Incarnation se prolonge, que nous recevions le Verbe effectivement en nous. Et qu’Il puisse par la grâce s’emparer de notre personne, comme Il s’est incarné, comme Il a pris la nature de Jésus par cette union hypostatique merveilleuse. Qu’il puisse après, dans la vie de cette nature qui est notre vie quotidienne, vivre la Sienne, comme le Verbe a vécu Sa vie de Verbe dans la vie de Jésus.

« A ceux qui L’ont reçu, Il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu. »

Il faut intégrer le Verbe dans notre vie. Autrement dit tout ce qui s’est passé dans le sein de la Vierge il y a 2000 ans doit se reproduire en notre âme aujourd’hui. Nous devons être comme un sein ouvert absolument, prêt à être fécondé, prêt à recevoir ce Verbe par l’opération de l’Esprit qui le fera naître en nous et par nous comme Jésus fut procréé par la Vierge, par sa chair, par son sang… Il faut que l’Esprit Saint féconde en nous le Verbe comme Il L’a fécondé en Jésus afin que nous devenions comme Jésus enfant de Dieu : « à ceux qui L’ont reçu, Il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu. » De même, à ceux qui vont Le recevoir aujourd’hui…

C’est dire que nous ne le sommes pas. Ou du moins pas encore parfaitement. Nous devons choisir, nous devons orienter notre vie, nous devons ouvrir notre âme pour devenir enfant de Dieu en recevant le Fils Unique. Comme Jésus a reçu dans le sein de Marie le Fils unique, le Verbe…

Pour que nous devenions enfant de Dieu et comme le Fils, que nous devenions image de Dieu afin de pouvoir prolonger, continuer l’annonce du Salut commencée en la Personne du Verbe incarné en Jésus-Christ il y a 2000 ans !

« Celui qui me mange vivra par moi ! »

Oui, que ce Salut, que l’Évangile soit diffusé, transmis, apporté aux extrémités de la terre à tous nos frères à travers le Verbe en nous, à travers notre vie, à travers notre nature divinisée, enfantée, filialisée par la présence du Verbe.

C’est tout le sens de notre communion eucharistique de Noël. Elle est là pour régénérer, renouveler en nous la présence de l’Esprit Créateur, la présence de l’Esprit enfantant, géniteur du Verbe dans le sein de Marie, géniteur du Verbe dans mon âme afin de renouveler en moi cette présence filiale, cette présence de l’image.

C’est la grâce que je vous souhaite, et que nous devons tous nous souhaiter, petits et grands, en famille, aujourd’hui. Que chacun, entré en Jésus par l’Eucharistie reçue, devienne un peu plus près du Verbe et donc un peu plus proche du Père dont il deviendra, imitant le Verbe, l’image, le sacrement, l’ostensoir, l’apôtre, apôtre de joie et de paix !

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.