Les anges, ces compagnons pour la route

Le 29 septembre 2023

Le 29 septembre et le 2 octobre, à la période où tout nous ramène parfois douloureusement sur terre : la rentrée scolaire et ses tracas, la rentrée politique et ses blablas, la rentrée professionnelle et ses branles-bas de combat… le calendrier liturgique, le 29 septembre et le 2 octobre, nous incite opportunément à dresser la tête et tourner notre regard vers le ciel et vers les créatures innombrables qui l’habitent : les anges.

Trop souvent réduits à des visages joufflus qui peuplent les retables baroques de nos églises (je me souviens en avoir compté plus de 60 dans la splendide église de Saint Jean-de-Luz) , ou à des enfants dodus et ailés qui atteignent d’une flèche les cœurs amoureux, il faut bien le dire : les anges n’ont généralement pas la place qu’ils méritent dans notre spiritualité. Tout juste se souvient-on que nous avons un ange gardien lorsque nous cherchons une place de parking, et qu’il est commode de conseiller à un petit enfant de prier son ange gardien lorsqu’il a peur le soir, plutôt que de déranger ses parents qui profitent du repos que leur chérubin leur accorde quand il daigne dormir.

Alors ? Est-ce que les anges sont « l’hypothèse inutile » de notre foi chrétienne ? Peut-on s’en passer ? Est-il souhaitable de s’en passer ?

Les anges sont omniprésents dans la révélation chrétienne. Retirez de votre bible chaque page qui en fait mention, et il ne resterait entre vos mains qu’un maigre livret de quelques dizaines de pages. Les anges font partie de la révélation, et à ce titre, ils font partie de l’histoire du Salut, dans lequel ils jouent un rôle prépondérant. Ils sont les anges-à-tout-faire du Bon Dieu, les anges-orchestres du Tout-Puissant. Dès la chute originelle, l’un d’entre eux (reconnu par certains comme Saint Michel) est chargé de garder la porte du Paradis. Les patriarches (Abraham, Jacob…) les rencontrent régulièrement, toujours à des moments décisifs. Les prophètes les contemplent dans leurs visions (Isaïe, Daniel, Ezechiel…) ou reçoivent d’eux leurs instructions (Elie, Jérémie…). Les justes, comme Tobie, font l’expérience de leur proximité. Cette action des anges se poursuit avec l’avènement du Christ, et on peut même dire qu’elle s’accélère : l’Annonciation, les songes de Joseph, la Nativité, les tentations au désert, l’agonie de Gethsémanie, la résurrection. L’Eglise naissante elle aussi bénéficie des secours angéliques : ils guident Philippe dans sa mission, sortent Pierre de sa prison et réconfortent Paul.

Au vu de cette hyperactivité angélique qui traverse toute la révélation, comment croire que les anges ne prennent autant soin de nous, chrétiens du XXIème siècle ? Seraient-ils partis en vacances sur leurs nuages de coton? Seraient-ils épuisés par leur glorieux passé ? Ne serions-nous pas plus vraisemblablement responsables de leur apparent silence ?

Basile de Césarée (IVème siècle) propose de voir les anges comme des êtres créés « à l’image de l’Esprit-Saint ». Si l’on suit cette hypothèse, l’activité des anges, dans ses modalités et son style, est comparable à celle de l’Esprit-Saint. LEsprit-Saint agit parfois dans le tumulte de la Pentecôte, mais le plus ordinairement dans le silence des profondeurs du cœur. Il ne faut donc pas demander aux anges de se manifester bruyamment dans nos vies, mais plutôt nous disposer à leur action discrète qui consiste à ouvrir notre cœur à l’amour bienveillant de Dieu, nous protéger des attaques de l’Adversaire, nous orienter au milieu des ténèbres qui emplissent parfois nos cœurs, et nous encourager dans le combat spirituel. Nous ne voyons pas l’action des anges pour la même raison qu’on ne voit pas le bout de son nez : notre cerveau efface l’image de ce que nos yeux voient pourtant. D’un façon comparable, les anges nous sont si proches que nous ne discernons pas leurs traces.

Dieu a fait cette promesse à Moïse : « Je vais envoyer un ange devant toi pour te garder en chemin et te faire parvenir au lieu que je t’ai préparé. Respecte sa présence, écoute sa voix. Ne lui résiste pas : il ne te pardonnerait pas ta révolte, car mon nom est en lui. Mais si tu écoutes parfaitement sa voix, si tu fais tout ce que je dirai, je serai l’ennemi de tes ennemis, et l’adversaire de tes adversaires. »

Ne doutons pas que cette promesse s’adresse à chacun de nous : les anges nous gardent et veulent nous faire parvenir au lieu que Dieu nous a préparé. Respectons leur présence, et écoutons leur voix. Alors nous saurons, plus que nous ne verrons, que les anges agissent puissamment dans notre vie.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.