Lectio divina – Onzième dimanche du Temps ordinaire

EX.19, 2-6 // Rm.5, 6-11 // Mt.9, 36-10, 8

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Reprenons notre marche sur la route du Temps Ordinaire en nous nourrissant au mieux des grâces pascales pour avancer toujours plus loin, mais plus près de Lui…

« Sans moi vous ne pouvez rien faire. »,

Une bonne vérité de base qui sert de biscuit pour la route, c’est de revenir sans cesse à la fragilité de l’homme que je suis.

En citant implicitement saint Jean, « sans moi vous ne pouvez rien faire », la Collecte nous rappelle que « l’homme est fragile et que sans toi il ne peut rien… »

Nous retrouvons cette « carence d’être » dont parle Marcel LEGAUT, carence intrinsèque qui est bien autre chose « qu’un défaut de technique auquel on pourrait espérer porter remède un jour. » Aussi, poursuit LEGAUT, « pour devenir lui-même, l’homme a besoin de ce qui n’est pas lui, de ce qui se présente à lui du dehors et de ce qui provient de ses origines. »

Le croyant suppliera donc le Seigneur, à l’instar de l’homme cité par St Marc : « Je crois Seigneur, mais viens au secours de mon incroyance ! » D’où la Collecte qui ajoute : « donne-nous toujours le secours de ta grâce… »

Première question à nous poser : sommes-nous toujours dans cette attente de Dieu, pour reprendre l’expression de Simone WEIL ? Sommes-nous réellement convaincus que Lui seul donne la Lumière, qui nous montre ce qui est juste, et la Force qui nous aide à l’accomplir ?

« Aime et fait ce que tu veux ! »

Quelle est notre compréhension de la Loi ?

Il me semble utile de revenir à cette intelligence, souvent viciée, que nous avons de la Loi.

Soit nous absolutisons la Loi donnée dans l’Ancienne Alliance au mépris de la Loi nouvelle qui consiste pleinement en la dilectio pour parler comme saint Paul.

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Soit nous privilégions l’amour en trahissant le célèbre mot d’Augustin : « Aime et fait ce que tu veux ! » Plagiant Madame ROLAND, nous pourrions nous écrier : Amour, que de crimes commettons-nous en ton nom !

Dans les deux cas, nous oublions que la lumière de la Loi, ce qui lui donne sa raison d’être, son sens, sa finalité, c’est l’amour !

Les dix commandements ne sont que le mode d’emploi pour les simples que nous sommes afin de nous permettre de concrétiser dans notre vie pratique l’amour de Dieu (3 premiers commandements) et l’amour du prochain (7 suivants).

Comme nous le savons, grâce à la Parole, c’est l’amour que Dieu veut plutôt que les sacrifices, plutôt que l’acte extérieur qui concrétise cet amour. Cela ne nous dispense nullement de l’acte concret au profit du seul amour puisque l’acte est justement l’expression de l’amour ! Cela nous rappelle cependant que l’acte sans amour est vide de sens, sinon de valeur. D’où la conclusion de la Collecte qui nous invite à aimer Dieu, c’est-à-dire à répondre à l’Amour de Dieu, en observant Ses commandements.

« L’amour de Dieu, c’est cela : garder ses commandements. »

« L’amour de Dieu, c’est cela : garder ses commandements. » Et saint Jean d’ajouter : C’est pour cela que les commandements de Jésus ne sont pas lourds : ils sont l’expression de l’amour ! Ils sont entrée dans l’alliance que Dieu vient faire avec moi.

C’est ce que rappelle la lecture de l’Exode : faire alliance avec un autre, a fortiori avec l’Autre qu’est Dieu, le Créateur du Tout et mon propre Tout, c’est sortir de moi pour être totalement à Lui.

Sans me perdre cependant, sans m’annihiler puisque je sais que je n’existe que par Lui. Si je suis, c’est qu’Il m’a aimé, en lisant ce passé comme un présent infini jusqu’en éternité… Lorsque ce Dieu qui m’aime et m’appelle à être, lorsque ce Dieu Père et Créateur me propose une alliance de type unique, exclusive, de type sponsal, je peux y répondre sans crainte. Je dirais même que plus je m’approche de Lui, plus j’adhère à Lui, plus j’existe. Je retrouve cette belle idée de Léon BLOY : « Plus une femme est sainte, plus elle est femme ! »

« Être un royaume de prêtres… »

Le texte de l’Exode nous l’affirme : plus je suis le domaine particulier de Dieu, ‘sa chose’, entendue au plus beau sens du transcendantal res, plus je suis saint ! Le lieu spirituel par lequel passe cette alliance, donation de moi à Dieu (sa chose), et par lequel passe également en retour ma sainteté, c’est mon ‘être prêtre’.

En tant qu’homme, fils d’Adam, appelé à faire monter vers le Créateur les louanges du cosmos, mais surtout, au sens plénier du mot, en tant que baptisé appelé à rejoindre l’Eucharistie de Jésus, chacun de nous est prêtre. Chacun de nous est appelé à « tourner son cœur vers le Seigneur » (acte d’alliance) et à recevoir de manière fructueuse l’Amour qu’Il nous porte. Prêtre, médiateur… Chacun, dans son âme, est appelé (vocation) à être prêtre, c’est à dire médiateur de l’amour : amour à offrir à Dieu, Amour à recevoir de Dieu… D’où l’appellation de « sacerdoce baptismal » qui regarde tous les baptisés.

« C’est par la vie du Christ que nous sommes sauvés ! »

Oui, il ne faut pas oublier que de ces deux amours c’est le Sien qui prime ! Car Il nous a aimé le premier dit saint Jean, reprenant l’affirmation de Paul aux Romains : « la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs… »

Dieu nous a fait sortir d’Égypte et Il ne cesse de nous en délivrer, étant toujours le premier puisque c’est Lui qui suscite en nous le désir du Baptême et ensuite de la Réconciliation…

« Tout à-tous » !

C’est là que réside le cœur du ministère des prêtres. À la suite des apôtres appelés par Jésus, ils ont pour mission d’expulser le mal des cœurs, de guérir les hommes des maladies du péché, de les soulager des infirmités, en particulier l’aveuglement sur leur propre état de malade, et de leur redonner la vie d’enfant de Dieu…

Cette mission est tellement divine -voulue par le Père, donnée par le Fils, portée par l’Esprit- qu’elle est forcément universelle !

Le prêtre est tout à tous, ne faisant acception de personne, comme Paul se définit ; et c’est une des raisons de son célibat qui est nécessaire pour faire de lui le signe efficace de l’Amour universel de Dieu pour tous les hommes ! Il donne à qui demande, même sans argent, c’est-à-dire sans espérance de réussir ou d’être reconnu… Il a reçu gratuitement, lui qui est un pauvre pécheur pardonné. Il doit donner ce même trésor gratuitement… A tous sans réserve !

Que l’importance du sacerdoce ministériel nous interpelle et nous entraîne à prier pour les vocations et, spécialement en ce mois de Juin, pour tous ceux qui vont être ordonnés prêtres, tout particulièrement pour nos frères de la Communauté Saint Martin !

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.