Lectio divina – Solennité de la Sainte Trinité

Ex.34, 4-9 // 2Co.13, 11-13 // Jn.3, 16-18

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

La fête de la Sainte Trinité devrait être pour nous l’occasion d’intérioriser notre spiritualité trinitaire particulièrement présente dans la Liturgie par le signe de la Croix, par le Gloria Patri, par la conclusion de toutes les oraisons -« Par Jésus-Christ ton Fils notre Seigneur… »-, par la petite élévation de la messe : « Par Lui, avec Lui et en Lui… » Ce sont des formules… oui ce sont des formules, mais ces mots que nous répétons ou que nous entendons de manière très régulière, il ne faudrait pas qu’ils deviennent routiniers ! Cette répétition devrait au contraire créer en nous un habitus, c’est-à-dire une tendance quasi-instinctive à élever notre regard vers Dieu dans la totalité de Sa vie, dans la totalité de Son mystère.

Trinité et Fête des Mères !

Le jour de la Trinité doit d’abord être l’occasion de rendre grâce pour notre Baptême en nous rappelant ce moment essentiel d’où a surgi dans notre âme la Vie divine, cette Surréalité de Dieu, Père Fils et Esprit : conformité au Fils dans l’Esprit pour s’unir au Père.

Mais je voudrais m’arrêter sur ce geste si délicat de la Providence qui nous fait célébrer la Trinité le jour de la fête des mères. Il faut y voir effectivement une délicatesse de Dieu.

Chacun va penser : quel lien y a-t-il entre la Trinité et la maternité ? Eh bien ce lien il existe et il est très facile à découvrir !

« Dieu est amour. »

Partons du fait que la fête liturgique de la Trinité c’est la célébration de l’amour de Dieu. Si Dieu est Amour parfait, Il ne peut qu’aimer quelqu’un dans une altérité parfaite, à moins d’être le grand narcissique ce qui est en contradiction avec la définition même de l’amour parfait ! Une altérité parfaite c’est-à-dire quelqu’un qui se pose en face de Lui, mais quelqu’un qui soit absolument identique à Lui pour pouvoir recevoir en plénitude l’Amour plénier que Dieu porte.

Et ce Quelqu’un c’est le Fils, c’est Celui qui, nous dit Saint Jean, est « Verbe auprès du Père. »

De plus, l’amour en Dieu n’est pas comme dans notre humanité : ce n’est pas un sentiment qui naît, se développe, se construit, varie, quelquefois se détruit, s’étiole… En Dieu l’Amour est un état, encore plus qu’un état, c’est l’être même de Dieu ! D’où la définition fondamentale de Saint Jean : « Dieu est amour. »

C’est à dire qu’en Dieu l’acte d’aimer est assimilé à Son être : l’amour en Dieu est à la fois surgissement et identité ! Nous, nous ne pouvons, nous identifier à notre amour : nous sommes et puis nous aimons, plus ou moins… Nous sommes et ensuite nous agissons d’amour.

En Dieu il y a surgissement de cet acte d’amour qui est identité avec Son être. Et cet acte d’aimer, cet agir d’aimer qui est Dieu Lui-même s’appelle l’Esprit-Saint, comme l’appelaient les mystiques au Moyen-Âge : « l’Amour-Dieu. »

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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« Abba, Père ! »

Nous entrevoyons mieux maintenant la raison pour laquelle célébrer dans la Liturgie de la Trinité l’Amour de Dieu, le jour de la fête des mères, est un hommage que l’Église discrètement rend à nos mères et à l’amour qu’elles nous portent à l’image de Dieu.

Pourtant, dans la révélation trinitaire que le Fils Jésus nous apprend il n’y a aucune référence à la maternité ! Il nous dévoile la Trinité en nous parlant du Père et Il ne fait que nous parler du Père ! C’est particulièrement visible dans l’Évangile de Jean.

Pourquoi ? Parce que Jésus nous révèle le Père en tant qu’Il est Principe de toute chose : principe de la création et comme nous le rappelle l’Évangile d’aujourd’hui, principe de la re-création : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a envoyé son Fils… »

Or dans notre monde humain, nous savons bien que l’homme engendre sans rien recevoir, alors que la femme, elle, donne la vie après avoir reçu de l’homme. Donc lorsque nous élevons notre regard vers Dieu et que nous nous mettons en Sa présence comme principe de qui tout procède et qui ne reçoit rien, alors Dieu se présente à nous (dans notre langage d’homme) suivant ce nom de Père.

Il est même le prototype de toute paternité dira Saint Paul : « Je m’incline devant Dieu le Père de qui toute paternité sur la terre et dans les cieux tire son nom… » D’où l’importance de ce nom de Abba, Père, que Jésus nous commande de prononcer à chaque fois que nous prions « son Dieu et notre Dieu. »

« Ton Créateur t’épousera… »

Mais cela n’empêche pas Dieu de Se donner Lui-même d’autres dénominations pour nous faire saisir la multiplicité des facettes de Son Amour infini. Il emploie d’autres images symboliques, qui bien entendu n’arriveront pas à atteindre la définition de l’Amour parfait de Dieu, mais qui en sont une approche. Nous cernons un peu mieux la puissance, la transcendance, l’immensité de l’Amour de Dieu lorsque nous sommes attentifs à ces figures utilisées par Yahvé dans la Bible pour décrire la relation d’amour qu’Il a avec l’homme.

Regardons, par exemple, la première lecture de notre Liturgie : Dieu est l’époux qui fait alliance. Dieu est l’époux, diront les prophètes, qui prend une épouse. Souvenons-nous d’Isaïe : « Tu ne seras plus terre délaissée, mais mon plaisir est en elle…, ton Créateur t’épousera comme l’homme épouse la vierge. »

Et dans le Cantique des cantiques il y a une connotation complémentaire : Dieu est le fiancé, celui qui se laisse courtiser et celui qui courtise, celui qui se laisse désirer et celui qui désire l’amour de l’âme.

« Sa sagesse est la mère du pur amour. »

Dieu se qualifie aussi de mère.

Par exemple l’Écriture nous dit : « Sa sagesse est la mère du pur amour. » Ou encore : « Comme une mère je te prendrai sur mes genoux. » Et enfin : « Une mère abandonnerait-elle son enfant, moi Dieu je ne t’abandonnerais pas ! »

Avec ce titre de mère, cette figure de la maternité -qui ne va pas contre la paternité, mais qui est un aspect complémentaire de l’Amour divin Dieu- nous signifie deux choses.

Tout d’abord : la fidélité de l’amour de Dieu que nous rappelle la Première lecture : « Dieu est lent à la colère et plein d’amour… » Dieu est fidèle comme une mère est fidèle à son enfant à cause de sa relation de maternité, fût-il le plus mauvais, fût-il devenu criminel. Nous savons par l’histoire comment les mères restent attachées -et heureusement !- à l’enfant aussi bas soit-il arrivé, aussi loin d’elle soit-il parti !

La deuxième caractéristique que Dieu veut nous faire comprendre en se comparant à une mère c’est la tendresse. Car elle est la manifestation propre de l’amour d’une maman. Si Dieu est mère c’est parce que Son Amour pour nous est un amour de tendresse. « Dieu est tendre et miséricordieux » dit encore la Première lecture. Souvenons-nous aussi du Psaume 131 : « Comme un enfant contre sa mère telle est mon âme en moi appuyée contre Yahvé. »

« Soyez tendres entre vous… »

Alors aujourd’hui où nous célébrons la fête de la Sainte Trinité pensons à nos mères, pensons à l’Amour que Dieu manifeste à travers leur maternité. Cette maternité est tout à fait humaine, tout à fait physique, physiologique, mais elle manifeste cette immense tendresse et fidélité de Dieu !

En retour, en fêtant nos mères, pensons à célébrer cette fidélité de Dieu, cette tendresse de Dieu qui n’est pas un Dieu dur, un Dieu vengeur, un Dieu mesurant, mais qui est Celui qui court après ma réponse amoureuse, qui ne se lasse jamais, comme le père de la parabole de Saint Luc, d’attendre le retour du fils !

Et enfin, essayons de nous appliquer à nous-mêmes cet enseignement.

Car, nous le savons, la Révélation est faite pour cela : pour transformer l’homme à l’image de Dieu. Nous sommes appelés à être participants de la nature divine ! Nous sommes donc appelés à nous transformer nous aussi dans une certaine paternité (puisque nous sommes témoins, nous engendrons l’Évangile en l’annonçant…), et puis nous sommes aussi appelés à une certaine maternité. La Deuxième lecture nous le rappelle : « Soyez tendres entre vous…  Recevez le baiser de la paix… Vivez en amitié… »

Quelquefois semblent se concentrer dans une communauté paroissiale les mauvais sentiments, la médisance, la calomnie, le mensonge, l’hypocrisie, comme le souligne souvent le Pape François. Alors qu’au contraire les communautés chrétiennes devraient être à l’image de Dieu pleines de tendresse ! Écoutons Saint Paul : « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous dans la communion de l’Esprit ! » Pensons-y quand nous nous donnons le baiser de la paix. Mettons-y, non pas notre tendresse, mais la Tendresse de Dieu reçue au baptême !

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.