La formation au sacerdoce est une école de discernement, nous explique Paul-Louis, séminariste de 5ème année. L’occasion de déployer sa personnalité, de mûrir, de s’engager petit à petit pour finalement être apte à poser un choix définitif, en toute liberté.
Quel est votre premier souvenir du séminaire ?
La première fois que je suis venu à Évron, j’y ai trouvé une liturgie très soignée, un cadre de vie très formel, dans une abbaye impressionnante avec des séminaristes en cravate ! Mais tout le monde était chaleureux et semblait joyeux. En entrant, je n’étais pas sûr d’être appelé à vivre dans la communauté, ne la connaissant pas encore, mais je me suis dit qu’une vie commune dans ce cadre semblait rendre heureux et que la formation me ferait certainement grandir.
Y a-t-il des aptitudes particulières à avoir pour suivre la formation du séminaire ?
Être encore jeune ! Car la formation est intégrale, elle porte sur notre personne entière et contribue beaucoup à déployer notre personnalité. Alors entrer dans une telle formation après 30-35 ans, lorsque sa personnalité est déjà bien façonnée, devient très exigeant. Cela demande d’accepter de se laisser former. Il est aussi utile d’arriver avec un certain goût pour l’humour et l’autodérision, sans quoi il faudra l’acquérir sur place !
Comment définiriez-vous cette liberté qui vous permet, tout au long de la formation, de poursuivre votre discernement vers le sacerdoce ?
De manière pratique, nous constatons notre liberté par le nombre de jeunes qui arrêtent leur formation en cours de route, en accord avec les formateurs. Il y a chaque année quelques départs. Cela nous assure que c’est vraiment une école de discernement, où certains prennent conscience que le sacerdoce n’est pas leur vocation, d’autres qu’ils sont appelés ailleurs. Dans la grande majorité, ils partent sereins, et rebondissent très bien ensuite.
Nous sommes appelés à grandir dans notre liberté en nous engageant petit à petit au cours des années de formation. Celle-ci déploie notre humanité et nous permet par différentes étapes de poser et reposer le choix qui nous conduit vers le sacerdoce. Le séminaire nous apprend ainsi que c’est en nous engageant sans contrainte que l’on se réalise pleinement et que l’on devient vraiment apte à poser un choix, le choix définitif, en toute liberté.
En quoi la grande diversité des étapes de la formation (cours, stages, expériences pastorales, etc.) est-elle un atout pour la suite, quelle que soit la décision finale ?
Cette diversité nous permet clairement de déployer les différents aspects de notre personnalité ! Cela nous aide en particulier à découvrir nos qualités et nos défauts. Cela nous aide à mûrir, à devenir des hommes plus accomplis et se connaissant mieux, et d’arriver ainsi plus prêts pour poser nos grandes décisions. Au final, je constate que beaucoup arrivent en tremblant à l’ordination, car nous comprenons que nous sommes imparfaits, incohérents, et que malgré nos quelques qualités notre appel à représenter le Seigneur reste une grâce imméritée. C’est très beau de voir nos frères aînés achever ainsi leur formation. Cela nous pousse à nous ancrer dans l’amour miséricordieux du Père qui appelle des pécheurs pour répandre son amour dans le monde.