Cette œuvre de miséricorde est essentielle pour le chrétien appelé à rayonner de l’amour du Christ. Don Paul Gantois, prêtre à Châlons-en-Champagne et aumônier titulaire de la Maison d’Arrêt de Châlons en Champagne le dit : « La miséricorde de Dieu n’est pas retenue par les murs de la prison. Quand un aumônier de prison rentre en prison, il ne vient pas seulement apporter le Christ, mais il vient surtout à la rencontre du Christ qui est présent en prison ».
« J’étais en prison et vous êtes venus me voir » (Mt 25, 36)
« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » (Luc 6, 36)
Ainsi, les détenus font l’expérience de la miséricorde de bien des manières. « Souvent à la fin d’un entretien, je prie pour le détenu, pour ses proches et pour les victimes. Plus d’une fois ils se mettent à pleurer non pas parce qu’ils regrettent – bien que ce soit souvent le cas – mais parce qu’ils prennent conscience que Dieu les aime au-delà du mal qu’ils ont pu faire. Ils demandent souvent la grâce que les victimes puissent un jour leur pardonner. » explique encore don Paul qui se souvient d’un détenu pleurant et le remerciant car c’était la première fois que l’on priait pour lui. Par-là, celui-ci a pris conscience de l’amour de Dieu pour lui.
« Prions pour eux afin que Dieu les prenne en grâce et les bénissent car seul Dieu peut changer les cœurs de ceux qui reviennent vers lui «
Une autre grâce que donne cette œuvre de miséricorde est celle de la conversion possible des prisonniers. Il arrive parfois qu’il y ait une demande du sacrement de la confession, sacrement durant lequel « ils jettent tout dans le cœur miséricordieux de Jésus avec un cœur contrit et humilié plein d’espérance en la grâce de Dieu qui peut tout ». Beaucoup ont en eux ce désir de Dieu explique don Paul : « Que de chapelets, prières et images pieuses demandées par les détenus ! Le chapelet à la main, ils prient chaque jour, ce n’est même pas une question pour eux. » Et la grâce agit même en l’aumônier de prison car « leur vécu nous fait relativiser beaucoup de choses de nos petits tracas quotidiens. »
« Prions pour eux afin que Dieu les prenne en grâce et les bénissent car seul Dieu peut changer les cœurs de ceux qui reviennent vers lui » nous lance-t-il comme intention de prière.
Que dit l’Église sur cette oeuvre de miséricorde : « Visiter les Prisonniers » ?
Dans une audience générale du 9 novembre 2016, le pape François dit : « Je pense à ceux qui sont enfermés en prison. Jésus ne les a pas non plus oubliés. En plaçant la visite aux détenus parmi les œuvres de miséricorde, il a voulu nous inviter, avant tout, à ne nous faire juges de personne. Certes, si quelqu’un est en prison, c’est parce qu’il a commis une faute, il n’a pas respecté la loi et la coexistence civile. En prison, il purge donc sa peine. Mais quoi qu’un détenu puisse avoir fait, il reste toujours aimé par Dieu. (…) Combien de larmes ai-je vu couler sur les joues de détenus qui n’avaient sans doute jamais pleuré de leur vie ; et cela uniquement parce qu’ils se sont sentis accueillis et aimés. (..) Et n’oublions pas que Jésus et les apôtres ont eux aussi fait l’expérience de la prison. Dans les récits de la Passion, nous connaissons les souffrances auxquelles le Seigneur a été soumis : capturé, traîné comme un malfaiteur, tourné en dérision, fouetté, couronné d’épines… Lui, le seul Innocent ! ».
Le pape nous invite donc à comprendre que dans les prisonniers visités sont d’abord nos frères que nous allons visiter quelques soient leurs fautes. De plus, visiter nos frères prisonniers c’est visiter le Christ souffrant. Quelle plus belle préparation au triduum Pascal que celle-ci ?