Don Martin, en mission à Taïwan

Le 26 janvier 2022

Après avoir été détaché auprès de la Congrégation pour le clergé à Rome, don Martin est missionnaire à Taïwan depuis 2013. De passage en France, il témoigne de cette mission particulière au service de l’Eglise universelle.

En quoi consiste votre mission ?

La proposition que m’avait soumise le modérateur en 2011 était de répondre à l’invitation de l’évêque de Taichung de s’insérer dans le corps professoral de l’une des 36 universités de l’ile, l’université de Providence. Elle appartient au diocèse, avec plus de 12 000 élèves dont 2 000 internationaux, et est à l’image de la société, c’est-à-dire très avec peu de chrétiens. Les étudiants et professeurs sont bienveillants mais très indifférents aux questions de la foi. Ils sont par contre assez facilement émoustillés par le contact avec des étrangers.

En 2013, je suis donc allé apprendre le chinois au Foyer de charité de Taipei, ce qui fait que je n’ai pu atteindre le but de ma mission – vivre et enseigner dans l’université de Taichung plus au sud – qu’un an et demi, avant d’y être accidenté. De retour en France, cette mission est aujourd’hui à reconstruire. Pour commencer, je vais retourner comme membre du foyer qui m’accueille et qui possède plus ou moins les mêmes besoins d’apostolat : une paroisse de 200.000 habitants, une université, un hôpital… nous ne sommes pas trop de deux ! Ensuite il s’agit de se refaire une place dans l’Eglise et la société de Taiwan, pour faciliter l’implantation de confrères de la communauté qui viendraient vérifier l’authenticité de leur vocation missionnaire.

Il n’est pas habituel d’avoir des « missionnaires » (au sens de partir à l’autre bout du monde) au sein de la CSM… D’où vient cet appel ?

L’Abbé Guérin, notre fondateur, le répétait à propos de tous les groupements ecclésiaux : il faut être d’Eglise, il ne faut pas vouloir être l’Eglise. C’est vrai pour la Communauté Saint-Martin, elle ne peut pas tout faire, mais il faut qu’elle se serve de tous les moyens d’Eglise disponibles pour accomplir sa mission. Or la mission qui lui a été donnée est très claire : c’est la formation des prêtres, à laquelle même les laïcs peuvent contribuer. Et dans une formation d’Eglise, la dimension missionnaire doit être présente. Cela ne nous autorise pas à envoyer des membres au bout du monde, mais si des portes s’ouvrent dans un territoire de première évangélisation, et si quelqu’un en a la capacité et le désir, le Concile nous dit qu’on est alors en présence d’une vocation divine et que tout doit être mis en œuvre pour la soutenir.

En rédigeant les statuts de la communauté, j’ai beaucoup discuté avec Monsieur l’Abbé de la façon d’intégrer cette dimension, et il disait que ce n’était pas urgent, qu’il ne fallait pas se forcer en la matière, que cela se ferait naturellement quand nous prendrions de la maturité. J’espère que ces temps sont accomplis et pouvoir ainsi apporter ma contribution. Tout prêtre est ordonné pour l’Eglise universelle, et il y a différentes manières de réaliser cette dimension. Tout prêtre n’est pas appelé à partir au loin, mais si un membre a un désir en la matière, « entre comme tu le pourras dans cette vocation » dirait sainte Thérèse. Notre travail de formation doit d’abord susciter des disponibilités, et ensuite donner la possibilité de vérifier que cette vocation missionnaire est corroborée par une capacité physique et intellectuelle. J’espère que ma présence là-bas facilitera la maturation de la vocation chez d’autres ! En 35 ans de ministère j’ai reçu beaucoup de joies, mais celles reçues depuis les 8 ans de mon départ en mission à Taïwan sont de loin les plus belles, je peux seulement souhaiter de pouvoir les partager un jour avec d’autres !

Quelle est la situation de l’Eglise là-bas et quels sont en particulier ses enjeux actuels et à venir ?

A Taiwan l’Eglise commence tout juste, et reste une toute petite minorité : moins de 1% des 23,6 millions d’habitants. Ce qui a des conséquences que nous avons du mal à imaginer : la plupart des habitants n’auront pas l’occasion de rencontrer un catholique de leur vie. Alors qu’ici une musulmane baptisée me disait que pour elle la question s’était posée spontanément, qu’en France tout parlait de Jésus, là-bas ce n’est pas le cas, il n’y a aucun intermédiaire pour permettre la grande rencontre. Ce n’est qu’à travers les films américains qu’ils peuvent vaguement croiser des éléments de culture chrétienne : c’est ainsi que des étudiants, un jour où j’avais oublié de faire mon signe de croix avant le repas à l’université, m’ont demandé quelle était ma religion, parce que ils avaient retenu que les chrétiens priaient avant de manger et étaient contre l’avortement. Ce qui n’est pas faux, mais qui n’est pas encore la rencontre avec Jésus !

Face à la diversité ethnique qui compose la société taïwanaise et aux enjeux politiques, quel rôle joue l’Eglise ?

Ethniquement parlant, seize nations aborigènes sont présentes à Taiwan, mais ne représentent que 2,3% de la population. Ils ont été évangélisés avant l’arrivée des Hans de culture chinoise et sont presque tous chrétiens, catholiques ou presbytériens, mais malgré les efforts remarquables de Taiwan pour respecter et intégrer les minorités, cela reste des marginaux. Or la moitié des catholiques et 15 des 16 séminaristes proviennent d’entre eux, ce qui contribue à donner de l’Eglise l’idée d’une religion étrangère au reste de la population. Le monde chinois reste pour l’instant très peu pénétré par l’Eglise, et c’est le grand défi. Pour ceux qui sont touchés par la grâce, c’est une joie extraordinaire, de découvrir que Jésus leur permet de garder leur identité chinoise tout en devenant fils de Dieu, mais il faut qu’ils aient l’occasion de rencontrer l’Eglise. Cela passe parfois par les œuvres sociales : l’Eglise est très bien vue parce qu’elle a beaucoup aidé la population lors de l’exode de 1949, qu’elle a construit les premiers jardins d’enfant, des hôpitaux, des écoles, qu’elle s’occupe des marginaux, des lépreux. Elle a bonne réputation, mais demeure presque invisible.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.