La fraternité, un don de soi

Dans son Encyclique Fratelli Tutti, le pape François invite à « prendre soin de la fragilité » en particulier par le service « aux membres fragiles de nos familles, de notre société. » Pendant le confinement, don Clément a proposé ses services à l’hôpital comme aide-soignant. Retour sur une expérience qui lui a fait prendre conscience que « c’est le don de soi de chacun qui permet de faire grandir la fraternité entre tous. »

C’est bien d’une espérance dont notre monde a besoin. Notre monde est en crise. Aujourd’hui, c’est la crise du CoVid 19. Hier c’était les subprimes, la pédophilie, le pétrole, et, ne vous inquiétez pas, il y en aura bien d’autres demain. À quoi sert donc la fraternité en temps de crise ?

N’oublions pas qu’il n’est pas bon que l’Homme soit seul ! (Gn 2,18) Aussi, toute solitude est une crise. C’est ce que beaucoup d’entre nous ont vécu pendant le confinement. Et il ne suffit pas d’être à plusieurs pour échapper à la solitude. Je pense notamment aux personnes résidant dans les EHPAD ou les hôpitaux, ces gens qui, du jour au lendemain, se sont retrouvés sans visite aucune, sans possibilité de sortir de leur chambre, et sans aucun contact réel et gratuit avec une personne. Même lorsque les visites sont rares, il y a l’espoir d’en recevoir une, mais lorsqu’elles sont interdites ?!

L’obstacle principal de l’échange, en temps de crise du CoVid, c’était donc l’absence de contact, et cela risquait fort d’entraîner le désespoir de beaucoup. Comme prêtre, après avoir tourné et monté mes vidéos pour les enfants du catéchisme, il me restait du temps libre. Et dans les hôpitaux des personnes mouraient sans sacrements ! J’ai donc proposé d’aller travailler à l’hôpital comme aide-soignant. J’avais déjà une petite expérience du métier. J’ai été pris tout de suite ! Dès le Lundi de Pâques, me voilà vêtu de blanc et revêtu d’une surblouse, d’une charlotte, d’un masque, de gants, de tout l’attirail du parfait soignant en secteur CoVid. Pendant un mois, j’ai ainsi pu approcher quelques patients. Certains savaient que je suis prêtre, d’autres non. Le soin à la personne est une manière de vivre à l’image du Christ, lui qui vient purifier nos blessures, lui qui, bon pasteur, prend soin de la brebis malade. Cela nécessite une vraie technique, c’est un métier. Mais une technique au service du frère, qui s’adapte à son temps, à son besoin. Et cela ne va pas sans la parole, sans l’écoute, sans le toucher. Tous nos sens participent à cet échange qui permet à deux solitudes de devenir une relation, un enrichissement mutuel. J’ai pu, plus encore, parler et échanger avec le personnel soignant car, pour beaucoup, c’était la première fois qu’ils parlaient à un prêtre.

Et la fraternité ? Elle est une construction de chaque instant. Il ne m’a pas suffi de débouler à l’hôpital en disant « je viens vous aider, appelez-moi Sauveur ! ». Ce petit pas vers l’autre que j’ai fait n’aurait pas pu exister si les soignants ne m’avaient pas accepté avec joie et patience : après 10 ans de pause, ma technique hospitalière était lacunaire, il leur a fallu me réapprendre certaines choses, accepter que je ne sois pas aussi efficace, aussi rapide qu’eux. Mes frères de communauté ont aussi pris leur part puisqu’ils ont accepté mes absences aux offices, aux repas, mon planning variant et incertain, mes horaires inappropriés à la vie commune, mon manque de présence pour les tâches communes. Et ces petits sacrifices qu’ils faisaient, ils n’en voyaient pas les fruits directement. Les patients aussi ont dû accepter mes maladresses (essayez donc de raser quelqu’un d’autre !). Et j’ai appris de belles choses de cette expérience, j’ai découvert comment le Seigneur touchait les hommes par leurs frères. J’ai aussi acquis la certitude que j’étais bien fait pour être prêtre et qu’aide-soignant ne pouvait être qu’une parenthèse, une exception circonstanciée dans ma vie. La fraternité n’est donc pas le fruit d’un seul, elle est une œuvre collective. C’est le don de soi de chacun qui permet de faire grandir la fraternité entre tous. Mais c’est à celui qui est le plus fort de faire le premier pas vers le plus fragile. Nous avons tous nos fragilités. Mais tous nous avons aussi nos forces, ces qualités, ces talents que Dieu a mis en nous et qu’il serait criminel de mettre au placard, car alors, ce sont tous nos frères qui en pâtiront. Allons donc chacun vers l’autre, non pas comme un ennemi, mais comme un frère. Un frère sûr de ce qu’il apporte et certain qu’il va recevoir ce qui lui manque.

Dieu n’est pas venu sauver quelques-uns, le Christ est venu sauver tous les Hommes ! Nous sommes donc frères parce que nous partageons un seul salut. Nous sommes frères parce que guidés par un seul et même Esprit, nous sommes des grâces de Dieu les uns pour les autres.

Le temps de crise, qui me confronte à mes limites, devient alors le temps de la fraternité, qui m’ouvre à l’espérance : mes limites sont appelées à être dépassées, en Dieu et par l’intermédiaire de mes frères.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.