Lectio divina pour le quatrième dimanche de Pâques 2016

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.

Lectio divina pour le quatrième dimanche de Pâques

En ce quatrième dimanche de Pâques, dit du Bon Pasteur selon l’Évangile que nous entendons, l’Eglise, comme chaque année, nous invite à prier pour les vocations. sacerdotales dont le monde aujourd’hui, plus que jamais peut-être, a besoin. Les paroles de Jésus, rapportées par Jean, où le Sauveur reprend la parabole du Bon Pasteur devant les Juifs qui, sans doute, lui demandent des comptes sur Sa mission et sur Son autorité, vont alimenter notre  réflexion et notre prière, sur les vocations.

L’homme a été créé par Dieu pour la Vie Eternelle

Mais partons d’abord de la vocation générale ou commune de l’homme. Lorsqu’Il affirme simplement, en parlant des hommes qu’Il appelle Ses brebis : « Je leur donne la vie éternelle, elles ne périront pas et rien ne pourra les arracher de ma main », Jésus nous dit en fait ce qu’est la vocation de l’homme sur la terre.

L’homme a été créé par Dieu pour la Vie Eternelle : une vie qui n’aura pas de fin, une vie qui n’aura plus les limites dans lesquelles il a été créé. L’expérience des hommes ne vient-elle pas d’ailleurs confirmer cette Vérité essentielle de l’Evangile, lorsque nous éprouvons ce désir profond d’un dépassement, d’un plus infini, une aspiration aux dons les meilleurs comme l’écrit Paul ? Regardons aujourd’hui les performances sportives qui vont croissant, regardons les progrès de la science et de la technique, accélérés comme jamais à l’époque moderne : ne viennent-ils pas attester ce désir de l’homme de se dépasser, d’aller toujours plus haut et plus loin, au-delà de ses limites, d’assouvir ce besoin d’absolu et d’infini qui travaille son cœur ?

Et pourtant, lorsque nous regardons les effets de ces progrès techniques, les effets de ces dépassements de l’homme sur les éléments, sur son corps, nous voyons bien que l’homme n’en sort pas toujours grandi, et que bien souvent, ces progrès se retournent contre lui. Y a-t-il époque plus que la nôtre qui soit travaillée autant par l’angoisse, par l’inquiétude face à l’avenir ? L’homme est-il plus heureux aujourd’hui parce qu’il arrive à se dépasser dans le domaine de son corps comme dans le domaine technique qui maîtrise les éléments du monde ? Il y aurait ainsi beaucoup à réfléchir sur ce qu’il est convenu d’appeler actuellement le transhumanisme…

« Et la mort n’aura plus aucune emprise sur mes brebis »

C’est là que jaillit la parole de Vérité du Christ qui vient nous dire que seul le Christ peut donner à l’homme ce dépassement de lui-même, cet infini et cet absolu qu’il désire de toutes les fibres de son être : « Moi, Je suis le vrai berger, je suis le Bon Pasteur, mes brebis me connaissent, elles écoutent ma voix et elles me suivent car je donne la vie éternelle à mes brebis. »

« Et la mort n’aura plus aucune emprise sur elles. » C’est parce qu’Il est Dieu que Jésus peut donner la Vie Eternelle, et permettre à tout homme, d’accomplir sa vocation à l’absolu, à l’infini, au meilleur, au plus, au dépassement de lui-même.

Voyons comme Jésus se situe sur l’horizon transcendant du temps lorsqu’Il dit : « Mon Père et Moi, nous sommes un. » Jamais jusqu’alors dans l’évangile de Jean, Jésus n’avait affirmé de manière aussi explicite qu’Il est « Un avec Dieu » , Dieu qu’Il appelle avec insistance Son Père, Mon Père. -Avec mon Père, Je suis Un, et c’est pour cela que Je donne la Vie Eternelle !

Lorsqu’Il parle des Ses brebis, il est bien évident qu’Il ne parle pas seulement des hommes qui l’ont vu, qui l’ont entendu pendant le temps limité de l’Incarnation. Il se situe dans une intemporalité qui embrasse tous les temps et tous les espaces. Jésus revendique le pouvoir de donner la Vie Eternelle à tous les hommes de toutes les générations jusqu’à la fin des temps.

« Mes brebis écoutent ma voix et elles me suivent… »

Mais comment Jésus va-t-il nous donner la Vie Eternelle ? C’est là que nous atteignons au mystère de l’Incarnation : – C’est parce que je suis Un avec Mon Père que je donnerai la Vie Eternelle à tout homme, mais c’est à travers Ma voix et c’est à travers Ma main que je les conduirai jusqu’à ce dépassement ultime de toutes leurs limites. « Mes brebis écoutent ma voix et elles me suivent, elles sont dans ma main et rien ne saurait les arracher à l’emprise de ma main. » Comme ces mots, qui ne sont pas seulement des images, sont importants : la voix et la main sont les véhicules sensibles les plus caractéristiques de l’homme, ceux qui transmettent la raison et l’intériorité spirituelle de l’homme par laquelle il est uni à Dieu.

Mais comment Jésus peut-Il rejoindre les hommes de tous les temps par Sa voix et par Sa main, c’est-à-dire à travers des grâces de contact physique avec Son humanité, Lui qui se tient désormais à la droite de Son Père à distance de l’homme, qui lui reste enfermé dans les limites de l’espace et du temps ?

Jésus a institué les prêtres pour qu’ils soient Sa voix et Ses mains…

C’est là que nous pouvons comprendre la raison de convenance la plus parfaite et la plus forte, de l’institution par Jésus, la veille de Sa Passion, du sacerdoce ministériel. Jésus a institué les prêtres, Il a consacré des hommes, Ses apôtres, investis du pouvoir de transmettre à tous les hommes de toutes les générations jusqu’à la fin des temps, Sa voix et Sa main, pour pouvoir les conduire jusqu’à la Vie Eternelle. Voilà pourquoi nous avons besoin des prêtres ! Voilà pourquoi le monde d’aujourd’hui a besoin du prêtre, cet autre Christ qui par sa voix, lorsqu’il est fidèle à l’enseignement du Christ, qui par sa main, ces mains qui ont été consacrées pour bénir, pour consacrer l’Eucharistie, pour pardonner les péchés, pour donner la vie, qui par sa voix, qui par sa main permet au Christ de rejoindre tous les hommes et de leur donner la Vie Eternelle.

C’est dans la mesure où nous sommes convaincus que le Christ a voulu le prêtre pour nous donner la Vie Eternelle et qu’il est donc utile au monde que nous pouvons efficacement prier pour les vocations sacerdotales dont l’Eglise a besoin.

Sommes-nous convaincus de cette nécessité du prêtre dans notre vie ? Comment saurions-nous en effet que nous sommes fidèles à la voix du Christ si nous étions livrés à la seule voix de notre conscience face à la lettre sacrée de l’Ecriture sainte consignée il y a deux mille ans dans notre Bible ? Comment saurions-nous que nous sommes dans la main du Christ si nous n’avions cette main de nos pasteurs pour nous conduire vers la Vie Eternelle ?

Jésus fut saisi de pitié à la vue de ces brebis sans berger

Rappelons nous cet évangile émouvant rapporté par les synoptiques où Jésus, se trouvant au milieu d’une foule immense d’hommes pauvres, exprimant à travers leurs misères humaines ce manque qui tenaille le cœur de l’homme, ce désir d’un dépassement et donc d’une libération, fut « saisi de pitié. » Pourquoi ? Parce qu’Il les voyait comme des brebis sans berger. Et c’est alors qu’Il se tourne vers Ses disciples, et qu’Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez le maître de la moisson pour qu’Il envoie des ouvriers à sa moisson. » Et Jésus fera jaillir du cœur de Sa prière sacerdotale, la veille de Sa Passion, l’envoi missionnaire de Ses apôtres : -Comme mon Père m’a envoyé pour rejoindre les hommes à travers ma voix et à travers ma main, moi aussi je vous envoie !

Sommes-nous capables d’éprouver ce besoin du prêtre dans notre vie ? Sommes-nous fidèles à leur voix, quand bien même nous savons qu’ils sont eux aussi des hommes faibles, capables de nous donner, à travers leur imperfection, le contre-témoignage de ce qu’ils prêchent ?

Prions donc pour les vocations comme nous le demande le Maître ! En sachant que notre prière ne sera efficace que si nous éprouvons vraiment le désir de la Vie Eternelle, et donc le besoin du prêtre pour nous conduire à cette Vie Eternelle.

Mgr Jean-Marie Le Gall

Aumônier catholique Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.