Saint Martin rencontre le Christ

Le 13 janvier 2016

Les deux charités de Martin, celle du manteau partagé et celle de l’eucharistie résument ce que nous essayons de vivre pour nous préparer à célébrer le mystère pascal.

Icône de la messe de St Martin

« Nul n’a de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’il aime »

C’est le grand témoignage de la Charité divine que le Christ vient donner au monde par son Mystère pascal. Ce mystère, le baptême nous en a rendu solidaires. Le temps du carême est l’occasion pour nous de vivre intensément cette communauté de destin avec Jésus. A travers ce chemin de conversion que l’Eglise nous donne, c’est une rencontre qui nous est proposée avec l’amour que Christ nous donne de voir particulièrement dans l’eucharistie et dans le sacrement du pauvre. Rencontre où le dialogue s’exprime dans le langage de la prière, de la pénitence et du partage. Saint Martin dont nous invoquons le patronage sur notre communauté, en est, par sa vie, l’illustration. Les deux charités de Martin, celle du manteau partagé et celle de l’eucharistie résument ce que nous essayons de vivre pour nous préparer à célébrer le mystère pascal.

« Martin encore catéchumène a revêtu le Christ de la moitié de son manteau ».

L’épisode le plus connu est celui du pauvre d’Amiens dont la vision bouleverse Martin et le conduit à partager son manteau avec le frère que ses yeux voient pauvre et misérable et que son cœur pressent comme la rencontre avec le Christ désiré. « Ce que vous avez fait à l’un de ses petits, c’est à moi que vous l’avez fait » dira le Christ à ses disciples. Trois siècles plus tard cette parole retentit à nouveau : « Martin, encore catéchumène m’a revêtu de son manteau ». Par une moitié de manteau, il a vêtu entièrement le Christ. Pourquoi la moitié seulement ? Le paquetage militaire appartient pour moitié au soldat et pour moitié à l’Empire dont il est le soldat. Martin dans sa justice ne veut léser ni l’empereur ni le pauvre, il donne ce qui lui appartient en propre. Consacrés par le baptême, nous demeurons des catéchumènes de la gloire éternelle. Sollicité au don total par nos frères, nous savons qu’il y a une part de nous mêmes que nous ne pouvons donner sans perdre notre identité, car elle ne nous appartient pas. Elle est propriété de notre Empereur divin. Notre charité est invitée alors à se manifester comme un glaive tranchant qui d’une part, sauvegarde cette part de bien qui n’est pas nôtre (la part de manteau gardée) et, d’autre part, manifeste le don sans condition de ce qui nous est propre (la part de manteau donnée).

Pétrir le pain et presser le vin par la force de la charité

Ce geste n’est pas occasionnel comme en témoigne un second épisode de la vie de Martin. Le pain et le vin que saint Martin, devenu évêque, offre au Sacrifice de la messe sont pétri et vinifié par sa sollicitude pour un pauvre avec la défroque duquel il échangea ses habits épiscopaux. Le Christ lui rend cette compassion par la manifestation de Sa charité : le globe de feu au-dessus de sa tête alors qu’il débute la messe révèle qu’il célèbre dans l’eucharistie ce qu’il vit et qu’il vit ce qu’il célèbre. Dans l’enracinement eucharistique, la charité de Martin est totalement empreinte de la lumière divine.

St Martin partage son manteau

En revêtant le pauvre, Martin revêt le Christ. En revêtant le pauvre, Martin est revêtu par le Christ.

La vie des saints ne nous est pas donnée pour susciter notre seule admiration : elle nous enseigne que l’Evangile doit s’inscrire dans les pages de notre vie. Les saints nous en montrent la possibilité en tous temps et en tous lieux. Durant le carême et plus particulièrement pendant le triduum pascal, nous ne pouvons contempler le sérieux avec lequel le Père veut nous sauver et nous associer à sa gloire dans le Christ sans le prendre lui-même au sérieux. Quelle gloire du Ressuscité peut naître dans notre vie, si comme pour Martin, notre vie n’est pas un Jeudi Saint qui nous prépare et anticipe notre propre Pâque tant dans son versant de mort que dans son versant d’éternité bienheureuse? Il s’agit de faire mémoire du Christ, au sens le plus concret, dans la liaison intime de la célébration de l’eucharistie où nous communions à la gloire du Christ ressuscité avec le lavement des pieds où nous sommes identifiés au Serviteur de Dieu qui donne sa vie pour le salut du monde. Le Verbe s’est fait chair afin que notre chair se fasse Verbe, avons-nous médité à Noël. Le mystère de Pâques, nous révèle le sens de notre vie chrétienne : une vie signe du Verbe glorieux parce que passionnée pour Dieu, par, avec et dans le Christ. En un mot : une vie tournée vers le Père et vers notre prochain.

+ Don Bruno Attuyt

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.