Lectio divina pour le trentième dimanche 2015

Une lectio divina est une commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.

Lectio divina pour le trentième dimanche 2015

Réfléchissons à la première demande de la Collecte du 30ème Dimanche Ordinaire, qui se formule en quelques mots : « Seigneur, augmente en nous la foi, l’espérance et la charité… » Prière très concise que beaucoup de maîtres spirituels ont utilisée durant leur vie qu’ils désiraient offrir à Dieu. Cette prière, en effet, rassemble le fondement de notre vie chrétienne, les bases de notre relation à Dieu. C’est la raison pour laquelle l’Eglise en a fait une de ses suppliques dominicales. Par cette demande nous reconnaissons l’importance de la foi, de l’espérance et de la charité ; nous reconnaissons qu’elles sont faibles en nous et nous affirmons que Dieu seul peut intervenir pour les accroître.

Qu’est-ce que la foi, l’espérance et la charité ? Si nous n’avons pas l’espace pour faire un traité théologique, il nous faut pourtant aller plus loin que notre catéchisme d’enfant. Pour nous la foi, l’espérance et la charité nous renvoient à ces prières simples que sont les fameux actes de foi, d’espérance et de charité tant de fois récités, pour demander justement ces trois vertus dites théologales car données par Dieu pour nous relier à Lui. Mais peut-être à l’âge adulte avons-nous oublié l’importance de ces trois vertus qui constituent comme un tout indissociable. Que sont-elles ?

Adhérer au Christ, L’espérer et L’aimer…

Les vertus nous permettent d’adhérer au Christ, d’espérer le Christ et d’aimer le Christ. Nous pouvons déjà retenir cette toute petite synthèse et nous en servir pour faire notre examen de conscience. Oui, nous pouvons nous poser la question : dans quelle mesure adhérons-nous à Jésus, dans quelle mesure L’espérons-nous, Sa venue dans notre cœur déjà, avant la venue glorieuse ? Autrement dit dans quelle mesure espérons-nous l’arrivée dans notre cœur d’une vertu, c’est à dire une des formes du Christ. Dans quelle mesure aussi aimons-nous Jésus c’est à dire, pour reprendre l’expression de saint Benoît, dans quelle mesure préférons-nous Jésus à toute chose ? Dans quelle mesure préférons-nous pour terminer notre journée, la clôturer, y mettre le verrou par une belle prière du soir personnelle et familiale, plutôt que regarder le film de la télévision ? Voilà de petits exemples pour nous permettre de jauger notre adhésion, notre espérance, notre amour du Christ.

Être un avec Jésus, être le Christ avec le Fils et être fils avec le Père

On peut dire aussi que l’appareil de vertus formé par la foi, l’espérance et la charité, et qui nous fait adhérer, espérer, aimer le Christ, c’est en quelque sorte ce qui nous fait être un avec Jésus et donc ce qui nous fait être le Christ avec le Fils puisque dans Son mystère de l’Incarnation Il englobe toutes les humanités. Et au final, c’est ce qui nous fait être fils avec le Père. Or être fils avec le Père nous renvoie au mystère de Dieu-Père tel que nous le rappelle la Lecture : « Je suis ton Père et Israël est mon aîné », mon unique… C’est l’Amour paternel de Dieu.

Être le Christ avec le Fils nous renvoie, disions-nous, au mystère de l’Incarnation rappelé par l’épître aux Hébreux : le Fils se fait homme pour être prêtre c’est à dire pour relier tout homme avec Dieu… Et être un avec le Christ nous renvoie au mystère de l’Esprit-Saint qui vient à travers l’Eglise nous rassembler, comme le rappelle la première Lecture : « Je les rassemblerai… », qui vient nous guérir par les sacrements : Je guérirai les aveugles et les boiteux !

Nous voyons donc comme dans ces trois vertus est résumé, condensé, signifié, produit, vivifié, tout ce qui fait notre relation à Dieu en tant que fils, aimé, adopté, sauvé en Jésus-Christ. Nous retrouvons le « demeurez en moi » si cher à saint Jean : « Demeurez en mon amour », demeurez en l’Esprit, demeurez en l’Eglise. Nous retrouvons également le cri de Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi… »

Apparaît ainsi à nos yeux d’adultes l’importance essentielle de ces trois vertus. En même temps et en creux devrait apparaître la faiblesse de ces vertus dans notre vie. D’où la demande de la Collecte : « Augmente en nous… »

Se savoir insuffisamment vertueux est le début de la sainteté

Mais suis-je vraiment conscient de la faiblesse de ma foi, suis-je conscient de la faiblesse de mon espérance ou de ma charité ? Ou suis-je, comme certains pharisiens, aveugle, sûr de moi, sûr de ma foi, « catholique et Français toujours ! », sûr de mon amour, parce que moi je prie tous les jours et tout le jour… Au contraire soyons clairvoyants et reconnaissons la faiblesse de notre espérance du Christ, préférant être tel ou préférant tel bien de la terre ! Je préfère être reconnu, honoré pour ma juste valeur, plutôt que d’être persécuté pour la justice. Je préfère arriver à mes fins et donc ne pas avoir forcément le cœur très pur ; être un peu louvoyant plutôt que de voir le Royaume de Dieu. Je préfère être riche, bien assis, confortable sur mon tas d’épargne, mon assurance-vie…

Il vaudrait mieux d’ailleurs parler non de faiblesse mais d’insuffisance de nos vertus. Car l’homme est pervers au point de passer de l’orgueil le plus grand au dénigrement de soi le plus faux et le plus injuste, arrivant finalement à rejeter la miséricorde de Dieu : je ne suis pas digne d’être appelé à la sainteté ; je ne suis pas digne de venir communier ; je préfère rester dans ma boue… Fausse humilité toute gonflée du même orgueil ! Puisque nous sommes baptisés nous avons donc reçu ces vertus dans notre âme ! Reconnaissons alors l’insuffisance de la vie des vertus mais sachons voir leur présence, si ténue soit-elle.

Insuffisance et non faiblesse, pour mieux souligner aussi que ces vertus nous allons essayer de les poser, non par rapport à un absolu, mais par rapport à une dynamique de progression dans laquelle elles doivent s’inscrire. Car ce n’est pas par rapport à une perfection que se mesure la vertu. Et c’est pour cette raison que je ne suis pas un « rien », mais un « insuffisant » comme ces handicapés de la première Lecture, qui existent bel et bien malgré leurs limitations. Je suis, mais je suis un peu aveugle à la lumière divine ; je suis, mais un peu boiteux sur la route de l’Evangile ; je suis, mais encore trop sourd à la Parole de Dieu.

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu

Il faut regarder nos vertus par rapport à cette dynamique que le Seigneur Lui-même nous a donnée comme indication de vie. Il n’a pas dit : « Aime-moi ! » (à l’impératif présent), sinon tu es digne de l’enfer. Il a dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… » Israël, toi mon fils aîné ; vous, chacun d’entre vous ; chaque âme baptisée ! Tu aimeras, c’est à dire : tu vas entrer sur cette route vers la terre promise ; c’est un impératif futur parce que Dieu connaît notre faiblesse, Dieu connaît notre besoin de progression, de développement. Nous ne sommes pas posés dans l’existence en un seul instant comme les anges ; nous sommes appelés à naître, à grandir et à mourir, tant sur le plan physique que sur le plan spirituel ; « Il faut qu’Il croisse et que je diminue » disait le Baptiste…

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ; nous devons comprendre cette dynamique de la vie spirituelle et nous inscrire en elle, au risque sinon de tomber dans l’angoisse et le désespoir. Cela demande beaucoup d’humilité, beaucoup plus que de dire que je ne vaux rien et que je ne serai jamais sauvé. Baptisé, prêtre, évêque, religieux, cela demande beaucoup d’humilité de se reconnaître avec une foi insuffisante, avec une pauvre charité, avec une espérance faible ! Mais c’est dans cette dynamique que nous devons nous inscrire par le désir de grandir, comme sainte Thérèse dont le désir de grandir a fait la sainteté.

On ne naît pas saint, on le devient !

Voir la sainteté comme un état est une caricature que le Malin se plaît à proposer à notre esprit. C’est comme si nous disions : être saint c’est être une statue de saint. Nous savons bien que la statue ne représente que de très loin un saint, un saint qui est mouvant, un saint qui a été dynamique, un saint qui a vécu, un saint qui est dans la Vie éternelle… La représentation, qu’elle soit en bois ou en plâtre, n’est qu’une très pâle figuration de la personne. Eh bien c’est la même chose que de dire que la sainteté est un état. Ici-bas la sainteté n’est pas un état.

Ce qui fait la sainteté des saints c’est leur cheminement ; on ne naît pas saint, on le devient. N’allons pas croire que Thérèse était une sainte à la naissance, même si toute petite elle eut déjà ce grand désir de Dieu ! On ne naît pas saint, on le devient à partir du moment où notre volonté devient bonne. Dieu seul est bon. Rappelons-nous l’Evangile d’il y a quinze jours : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Dieu seul est bon. » Donc, avoir de la bonne volonté c’est avoir une volonté qui est soutenue par le Bon, c’est à dire Dieu ; c’est mettre Sa volonté dans les mains de Dieu. Elle peut être faible, cette volonté ; elle peut être vieillie, fatiguée, ou au contraire pleine de tonus ; elle peut appartenir à un homme riche ou à un pauvre ; peu importe ! Elle peut appartenir à un religieux ou à un laïc ; elle peut appartenir à un criminel ou à quelqu’un d’ordinaire, du moment qu’elle est posée dans la main de Dieu et que c’est le Bon qui la soutient !

Dieu crée l’homme pauvre pour L’espérer !

Alors pour accroître ces vertus, pour entrer dans cette dynamique, pour faire grandir mon désir ou le renouveler en moi, je m’adresse à Dieu : « Dieu augmente en moi la foi, l’espérance et la charité… » Mais de quelle manière ? Pensons-nous que Dieu va venir m’administrer une piqûre de foi ? Non ! C’est à la fois plus complexe et plus simple ; c’en a toujours été ainsi dans l’Evangile.

Qu’est-ce que cela nécessite d’être en alliance avec Dieu c’est à dire en union, en communion avec Lui ? Cela nécessite d’abord, de la part de l’homme, un désir. C’est pour cette raison que Dieu crée l’homme pauvre, dépendant, fini, mortel, pas mauvais mais pauvre : Il le crée ainsi avec un désir, un désir de s’enrichir, un désir que nous retrouvons à toute époque de l’histoire ; un désir d’être immortel, un désir d’être heureux, un désir de vie éternelle, un désir de connaître. Ce sont des désirs vrais et beaux.

Mais le désir suffit-il ? Non ! S’il n’y avait que le désir nous serions plongés dans le monde de Camus, le monde de l’absurde. Un pauvre désire un morceau de pain, mais s’il n’a que ce désir, cela le ronge encore plus que la faim… Alors Dieu intervient à un deuxième niveau. Dieu se révèle et Il se révèle comme l’accomplissement de ce désir. Il se révèle comme Richesse. Relisons saint Paul : « De riche qu’Il était, Dieu s’est fait pauvre pour nous enrichir de Sa pauvreté… ». Il se révèle comme Don et Il transforme ainsi mon désir en espérance. Le pauvre a le désir du pain mais ce désir le ronge ; il n’est pas encore assouvi, il ne sait même pas s’il pourra l’assouvir, quand tout à coup il voit une lumière au loin dans la nuit ; il va sonner et son désir commence à se transformer en espérance. Il se dit pouvoir peut-être assouvir son désir. Une personne lui ouvre, le fait entrer, le nourrit… Son cœur se remplit de joie ! Alors que le désir le rongeait, l’espérance le rend joyeux !

Dieu n’est pas un maître qui prend mais un époux qui se donne

Voilà comment Dieu intervient pour nous donner l’espérance : à la base de notre être substantiel. Il nous faut s’émerveiller sur ce cordon ombilical qui relie métaphysique et vie spirituelle ! Nous voyons comment Dieu ne vient pas à la manière d’un maître qui prend. Au contraire, Il vient comme un époux qui se donne, qui donne la main à l’épouse. Cette Epouse, Il l’a établie dans l’existence et puis Il l’a comblée de grâce. Souvenons-nous de la salutation angélique : « Réjouis-toi Marie, comblée de grâce… » C’est à Marie que cette parole s’adresse mais c’est aussi à l’Eglise et c’est donc à nos âmes à chacun : Réjouis-toi comblée de grâce…

Et encore aujourd’hui dans l’Evangile : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Déjà nous-mêmes, nous avons du mal envers un ami, un conjoint, un frère, un enfant, que sais-je, à sortir de nous-mêmes pour proposer un service, pour proposer du temps : que veux-tu que je fasse pour toi ? Eh bien là, Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, vient voir ce malheureux qui n’a peut-être aux yeux des hommes aucun intérêt, Il vient lui demander : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

Par la foi, Jésus en moi peut dire Abba Père !

Dieu nous comble de grâce. Il va donner Sa vie, Il va, comme dit Paul, offrir Sa vie en sacrifice pour purifier Son Epouse. Il va se donner à elle, l’Église, avant même qu’elle soit sainte et immaculée, et pour qu’elle le soit. Il va venir en elle pour qu’elle puisse, avec Lui en elle, accepter ce don. En un mot, Le recevoir avec Son amour, avoir confiance en Sa tendresse. Voilà le moyen par lequel Dieu nous donne la foi. La foi ce n’est pas nous qui l’avons parce que nous avons bouquiné des livres, parce que nous sommes de famille traditionnelle, parce que nous suivons des cours… La foi nous la recevons au Baptême et le Baptême c’est la Croix rendue présente dans et par l’Eglise ! Nous sommes purifiés, nous sommes lavés par l’eau qui est sortie du côté de Jésus car Jésus s’est donné à l’Eglise ; Il s’est donné à moi de manière à ce que cela soit finalement, dans mon âme, Lui qui dise : « Abba Pater ! Que Ta volonté soit faite… »

Par la charité, Dieu me fait canal de Son Amour !

Ensuite, au niveau de la charité, tout est très simple ! Dès que j’ouvre mon cœur par ce don de la foi à Jésus, Dieu s’engouffre en moi et comme Il est Amour, c’est cet Amour qui va me faire aimer Dieu ! Ce n’est pas mon amour mesquin, limité, avec lequel je suis incapable d’aimer ma femme, mes enfants, mes amis ; ce n’est pas avec cet amour-là que j’aime Dieu. C’est avec la présence même de Jésus en moi, Jésus qui est Amour : « Dieu est Amour ». Je ne suis finalement qu’un canal par lequel Dieu passe pour S’aimer à travers moi. En quelque sorte, Il m’élève au rang d’instrument de Son Amour. C’est sublime !

Seigneur, je crois mais augmente ma foi !

Voilà comment Dieu me donne espérance, foi et charité. A une condition : il faut le Lui demander ! La foi, l’espérance et la charité, la vie de Dieu, elle est toujours à la porte de mon âme. Jésus le dit dans l’Apocalypse : « Je me tiens à la porte de ton âme, je frappe et si tu ouvres j’entrerai. » Donc il faut que j’ouvre à Jésus qui frappe à la porte de mon cœur. C’est à dire il faut que je Lui demande, que je L’en prie. Pourtant Dieu sait très bien, et avant moi, ce dont j’ai besoin. Mais il faut que je le Lui demande pour avoir conscience de cette pauvreté que je viens d’évoquer. Parce que nous sommes aveugles et nous n’avons pas conscience de la pauvreté de notre foi, de notre espérance et de notre charité. Nous nous croyons parfaits… Mais à force de demander nous prenons conscience de cette insuffisance. Si nous répétons tous les jours : « Augmente en moi la foi, l’espérance et la charité… », nous finissons par avoir conscience de cette pauvreté, et de la nécessité pour notre âme d’être nourrie par les vertus qui ne sont autres que la présence de Dieu !

Alors notre cœur s’ouvrira… A force de demander et de se savoir faible, le cœur s’ouvre pour recevoir ce qui lui manque : la Vie de Dieu. Et lorsque mon cœur s’ouvre et reçoit Dieu, à ce moment là, je ne peux qu’être conscient du don de Dieu ; je suis conscient que cette foi, cette espérance et cette charité elle me vient d’en haut. Elle n’est pas ma propriété, elle n’est pas la propriété du monde dans lequel je suis, elle n’est pas la propriété de mon éducation catholique, elle n’est pas la propriété d’une structure ecclésiale, elle est don de Dieu ! Aussi je rends grâce véritablement dans l’Esprit, comme le rappelle la première Lecture : dans la consolation. Je suis consolé par cette Présence de Dieu qui me fait adhérer à Lui, L’espérer et L’aimer.

Mgr Jean-Marie LE GALL, Aumônier catholique H.I.A Percy, Clamart

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.