Lectio divina pour la Trinité 2015

Une lectio divina est une commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.

Lectio divina pour la fête Trinité

Bien que, comme nous l’assure l’évangile d’aujourd’hui, Jésus soit avec nous jusqu’à la fin du monde, cela ne nous empêche pas de nous poser des questions. Regardez les Apôtres : devant Jésus Lui-même ressuscité, « d’aucuns doutèrent » ! A tout péché miséricorde… Mais, nous-mêmes n’aurions-nous pas quelques fois douté de l’utilité du mystère de la Sainte Trinité ?

Douter du mystère trinitaire serait douter de notre propre existence

En effet, nous sommes liés, attachés, dépendants de la Trinité : parce que nous en venons, parce qu’Elle est en nous, parce que nous y retournons !

Remarquons d’ailleurs que la première fête que l’Eglise célèbre après son anniversaire qu’est la Pentecôte, c’est justement le mystère de la Trinité. L’Eglise ne reconnaît-elle pas en cela le lien puissant qui la rattache aux Trois Personnes Divines ? Or ce lien est double : L’Eglise fête la Trinité parce que l’Église est d’abord la présence visible de la Trinité dans le monde, et ensuite parce qu’elle est le don de la Trinité aux hommes. Nous ne faisons pas toujours le lien, il est vrai, entre ce mystère qui est abstrait, purement spirituel, invisible et incompréhensible, et cette Eglise aux apparences bien humaines et dans laquelle nous sommes. Et pourtant, il y a cette double relation : l’Eglise est justement la Trinité rendue visible aux hommes et elle est aussi le don de la Trinité aux hommes.

Marie est le don de Dieu reçu car accueilli

Lorsque nous avons du mal à saisir le mystère de l’Eglise, il nous faut nous tourner vers Marie puisqu’elle est le premier membre de l’Eglise. Non seulement au plan chronologique, mais aussi au plan de la perfection. Car aussi Marie est Mère de l’Eglise et c’est dire qu’elle donne la vie à l’Eglise, que l’Eglise est sa fille et qu’elle participe donc à la même nature. En regardant donc les rapports que Marie entretient avec la Trinité, nous pouvons comprendre les rapports que l’Eglise entretient aussi avec cette Bienheureuse Trinité. Autrement dit nous pouvons entrer dans le mystère essentiel de l’Eglise qui est constitué par ce double rapport que je viens d’énoncer. Or qui est Marie ? Comment se définit-elle par rapport à la Trinité ?

Marie, pure capacité de Dieu

Marie est le don de Dieu qui est reçu en plénitude car il est accueilli sans réserve. Le fiat de Marie est le mot qui résume excellemment tout son mystère. A l’annonce de l’Ange qui lui propose un plan de Dieu insondable, allant à l’encontre même de son vœu de consécration, Marie s’ouvre totalement à ce plan et accueille l’action de Dieu sans aucune limitation. Elle L’accueille dans une foi intégrale, se livrant à la vérité de Sa Parole, pour reprendre l’expression de Saint Jean Paul II dans son encyclique Redemptoris Mater.

Parce que sa foi est parfaite, c’est-à-dire parce qu’elle se livre sans retenue au désir de Dieu pourtant si étonnant, parce qu’elle a cru, elle reçoit Dieu en elle. C’est pourquoi nos Pères dans la foi disaient que Marie a conçu dans la foi avant de concevoir dans la chair.

En se livrant à Dieu Marie devient ainsi le premier lieu humain et historique de la présence de Dieu sur notre terre. Elle devient Temple de la Trinité, oratoire dans lequel la Trinité vient demeurer. Elle anticipe ainsi de manière extraordinaire cette parole de Jésus : « Celui qui M’aime, mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure. »

Voilà qui est Marie : l’accueil de Sa Parole, l’accueil de Son Amour, l’accueil de Sa Volonté, qui lui fait accueillir son Être et la transforme en Temple de Vie divine, l’intégrant dans la communion trinitaire.

L’Eglise, présence visible du don de Dieu

Et ainsi est l’Eglise. L’Eglise, à la suite de Marie qui est sa Mère en même temps qu’elle en est son archétype, l’Église est accueil du don de Dieu, l’Eglise est la présence de Dieu sur la terre. C’est la présence visible du don du Dieu trinitaire. Et de même que dans cet accueil sans ombre, sans réticence, sans repli, Marie nous dévoile le caractère spirituel de sa virginité, de même l’Eglise, lorsqu’elle accueille intégralement le don de Dieu, dans la foi, nous montre qu’à l’image de Marie, elle est vierge.

Le premier élan que Marie a à la suite de l’Annonciation, c’est la visite à sa cousine Elisabeth, c’est-à-dire l’annonce de ce qu’elle est et de ce qu’elle porte en elle. Marie donne gratuitement ce qu’elle a reçu gratuitement. Aussi peut-on dire que Marie est le chemin que Dieu prend pour venir à l’homme ; elle est le chemin que la Trinité prend pour venir jusqu’à nous.

Et ainsi est l’Eglise. L’Eglise est, elle aussi, à la suite de Marie sa Mère et son premier membre, le chemin de Dieu vers l’homme. L’Eglise, c’est donc non seulement Dieu présent sur la terre, mais c’est aussi Dieu qui vient vers l’homme. Dans ce mystère de sacrement, de canal par lequel Dieu se précipite à la rencontre de l’homme, l’Eglise, comme Marie, nous montre le mystère de sa maternité.

Marie et l’Eglise : sacrement de la maternité divine

Marie et l’Eglise sont Mères. Elles sont même l’expression de la maternité divine, de l’aspect maternel de la nature de Dieu, de son aspect nourricier. Lorsque nous évoquons Marie comme Mère de Miséricorde, lorsque nous donnons à l’Eglise le même titre, nous implorons finalement cette Miséricorde de Dieu : les entrailles de Dieu, car on se souvient que le mot miséricorde traduit le concept hébreu d’entrailles porteuses de l’embryon et sur lesquelles on s’appuie avec confiance. Le cœur de Marie est le signe du Cœur maternel de Dieu qui bat pour l’humanité comme bat pour son enfant le cœur d’une mère.

Marie est nourricière. Marie nous donne Jésus, elle nous donne la Trinité en Jésus-Christ. Marie nous donne la Vie. Marie est notre Mère au baptême : elle nous engendre à la Vie car elle a engendré la Tête. Comme Marie est la Mère des hommes, l’Eglise est aussi notre Mère nourricière qui nous donne la Vie par le baptême avec lequel elle nous incorpore à son propre corps. Elle nous fait entrer dans la Vie divine parce qu’elle fait entrer la Trinité dans notre âme par le don de l’Esprit qui, nous le rappelle Paul dans la Lecture, vient en nous, nous prend et nous emmène habiter en communion avec Dieu.

Aimons-nous l’Église qui nous engendre à Dieu ?

Voilà les liens existant entre l’Eglise et la Trinité, à l’image de ceux qui ont existé, et existent encore, entre Marie et les Trois Personnes. Sans la Trinité il n’y aurait pas Marie. Marie serait inutile. Marie ne serait pas. Et de même, il n’y aurait pas d’Eglise.

Alors, nous pourrions aujourd’hui faire notre examen de conscience sur notre rapport à l’Eglise, plus exactement sur le sens concret que nous donnons à notre appartenance à l’Église qui est d’abord la Vierge pure ayant donné tout son cœur, toute sa foi, toute sa confiance en Dieu. Est-ce que nous regardons l’Eglise comme cette Présence de Dieu parmi les hommes ? Avons-nous un véritable regard de foi, un regard surnaturel ? N’avons-nous pas trop souvent, au contraire, un regard seulement humain qui s’arrête aux aspects visibles, matériels, humains de l ‘Eglise et de ses hommes ?

Finalement : aimons-nous l’Église ? Car si nous l’aimions, nous l’aimerions d’autant plus qu’elle est bafouée et déchirée de l’intérieur par ses propres enfants comme l’écrivait le Cardinal Journet. Nous faisons si souvent le contraire, nous détachant d’elle à la vue de ses membres qui ne sont pas cohérents avec leur appartenance à son Corps ! Nous jugeons si facilement au lieu d’aimer, au lieu d’admirer l’essentiel de son être : la Présence Trinitaire en son cœur, en son âme !

Choisit-on le lait de sa mère ?

Et la deuxième question à nous poser est celle-ci : que faisons-nous par rapport à l’Eglise Mère, l’Eglise nourricière, l’Eglise qui nous donne Dieu ? Car choisit-on le lait de sa mère ? Non bien sûr ! On s’y abreuve spontanément et simplement !!

Regardons l’enfant : va-t-il choisir ? Va-t-il faire le difficile ? Il trouve en sa mère la source de vie, la nourriture et pour cela il aime sa mère et il plonge vers elle. Alors que nous, nous regardons l’Eglise comme un Grand Magasin dans lequel nous venons piocher deux bricoles par-ci, trois bricoles par-là ; pour nous qui vivons cela, l’Eglise n’est pas une Mère, elle n’est pas LA Mère ; elle se résout à être un lieu de passage, une auberge… Si nous voyions l’Eglise comme une Mère, nous serions là attachés, agrippés à son sein, attendant notre nourriture : son enseignement, sa Vie !

Voilà les deux questions que la fête de la Trinité sainte nous incite à nous poser aujourd’hui, nous poussant à nous remettre en face du mystère de l’Eglise, c’est-à-dire en face de notre propre mystère tel que Dieu nous l’a dévoilé en Jésus.

Mgr Jean-Marie Le Gall, Aumônier catholique H.I.A Percy, Clamart

Retrouvez la lectio divina quotidienne  (#twittomelie, #TrekCiel ) sur tweet : @mgrjmlegall

Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Retrouvez la Lectio divina quotidienne de Mgr Le Gall sur X : @mgrjmlegall

Articles similaires

À la Pentecôte, l’Esprit-Saint fait naître l’Église, non comme une structure visible, mais comme une réalité vivante et divine. En nous configurant au Christ, Il fait de nous des enfants...
Entre l'Ascension et la Pentecôte, nous sommes invités à raviver notre foi : découvrir la Présence de Dieu en nous, réelle et aimante, non comme un juge mais comme un...
L'Ascension du Christ manifeste notre propre appel à rejoindre le Père. Il est monté le premier pour nous préparer une place : notre espérance est en Lui....
« Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie » disait Ste Thérèse. L’Ascension nous montre notre vocation : suivre le Christ dans la Gloire du Père. Débarrassés de nos...

Appareil utilisé : détection en cours... (modifier)

Cela peut concerner un bug visuel, une erreur de contenu, une faute d'orthographe, un lien cassé, etc. Inutile de préciser l’adresse de la page, elle est automatiquement envoyée avec votre message.

Rechercher

Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

Avatar

Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.