Lectio divina pour la pentecôte 2015

Une lectio divina est une commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.

“Pentecôte”, 1732.
Jean Restout (1692-1768), Musée du Louvre.
Initialement peint pour le réfectoire de l’Abbaye Saint-Denis.

Lectio divina pour le dimanche de Pentecôte

A la Pentecôte nous ne faisons rien moins que célébrer notre chrétien, c’est-à-dire le jour de notre naissance surnaturelle parce que nous célébrons lanaissance de l’Église à laquelle nous sommes agrégés de toute éternité dans le dessein de Dieu et, de manière historique, le jour de notre baptême. Car, oui, déjà, en ce jour dePentecôte, lorsque les Apôtres étaient réunis avec Marie la Mère de JÉSUS au Cénacle, et que l’Esprit Saint leur était donné, déjà à cet instant étaient dans la pensée divine tous ceux quiseraient agrégés à ce Corps nouveau qui est le Corps Mystique du Fils et qui possède la même énergie qui vivifia Son âme : l’Esprit Saint !

L’Église ? Jésus répandu et communiqué…

Cet Esprit d’Amour, cette énergie qui fut le moteur, la flamme intérieure du Verbe incarné, pourquoi a-t-il fallu qu’elle soit donnée comme âme à l’Église ?

Tout d’abord parce que l’Église a été créée, pas fondée mais bien créée, par Jésus pour continuer l’Annonce de la Bonne Nouvelle, pour propager jusqu’à la fin du monde et jusqu’aux extrémités de la terre l’Évangile, l’Annonce, le Salut.

Et comme il a fallu que Jésus Lui-même soit consacré par une énergie divine pour porter la joie aux affligés, l’annonce de la délivrance aux captifs, une année de grâce du Seigneur, (« L’Esprit du Seigneur m’a consacré pour porter la bonne nouvelle aux pauvres … Aujourd’hui s’accomplit devant vous cette parole de l’Écriture »), il faut que l’Église qui est Jésus répandu communiqué (Bossuet) soit elle aussi consacrée par le même Esprit, la même force pour que l’Évangile se répande jusqu’à la fin des temps.

« Le Père et moi, nous sommes UN »

Mais il y a une raison plus profonde encore.

Qu’est-ce que l’Église annonce en effet ? Quel est son kérygme, la substance de son message initial ? C’est l’Apôtre Jean qui répond : « Nous vous annonçons ceci pour que vous soyez en communion avec le Père et le Fils. » Voilà ce qu’annonce l’Église : la communion de l’homme avec le Père et le Fils, l’entrée de l’humanité dans ce courant infini, éternel et parfait qui va du Père au Fils et du Fils au Père dans un courant d’amour parfaitement substantiel, qui s’appelle l’Esprit Saint.

C’est pour cela que l’Église, qui se définit d’ailleurs comme l’entrée dans la communion de vie trinitaire, doit d’abord être là où elle veut mener les hommes. Elle doit vivre cette communion pour pouvoir annoncer cette expérience tout à fait nouvelle de partage de vie avec Dieu ! L’Église n’annonce que son expérience intérieure, l’Église n’annonce que la grâce de cette vie trinitaire partagée.

« Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus… » (1Jn 1, 3-4) Voilà le message et la mission de l’Église. Or, qui mieux que l’Esprit qui est Lui-même communion du Père et du Fils, qui mieux que Lui peut donner à l’Église d’entrer en cette communion, d’être mystère de communion pour l’annoncer aux hommes ?

« Tous ceux qui reçoivent l’Esprit sont fils de Dieu »

L’Esprit ne fait pas seulement entrer l’Église dans la communion du Père et du Fils. L’Esprit, en étant l’âme de l’Église fait que l’Église EST, comme Lui, communion entre le Père et le Fils. Lorsque je reçois l’Esprit Saint le jour de mon baptême, lorsque je suis rétabli dans l’état de grâce par la Réconciliation et par l’Eucharistie, je deviens réellement un élément de cette vie intime de Dieu, de cet Amour que le Père donne au Fils et que le Fils donne au Père. Je suis plus qu’un canal ; je suis un lieu où cet Amour réciproque s’exerce. Et où, m’envahissant, Il me transforme même en Lui !

Voilà ce que je deviens par le don de l’Esprit à mon baptême : je deviens fils de Dieu, cohéritier avec le Christ, de la maison de Dieu, pour reprendre l’expression paulinienne. Lorsqu’un homme reçoit l’Esprit Saint, il devient ‘être-filial’. Il n’est plus étranger à la Maison de Dieu.

« Le Père vous aime parce que vous m’avez aimé… »

Lorsque je contemple l’être filial que je suis devenu par mon baptême, je vois combien l’Amour du Père pour Son Fils rejaillit jusque dans mon âme, puisque je suis fils dans le Fils, par l’Esprit : « Le Père vous aime parce que vous m’avez aimé… » rapporte Jean. Tout est là : à celui qui reçoit l’Amour du Christ qu’est l’Esprit, le Père confie ce même Esprit comme don de Son propre Amour paternel.

Cet Amour parfait, cet Amour infini que le Père ne cesse de porter à Son Fils, jaillit, emplit notre âme, la fait éclater, la fait vivre, la transporte, l’embellit. Et en retour, de mon âme pourtant si petite, si misérable, si humaine, rejaillit, de manière véritablement miraculeuse (comme le prophétisait Jésus au Temple), l’eau vive de l’Esprit qui déborde du cœur du fidèle. C’est le même Amour infini, parfait, éternel, qui est l’Amour que le Fils porte en moi à Son Père et notre Père

Abba Pater !

Voilà ce que le baptême me fait devenir : parce que je suis de l’Église et que l’âme de l’Église, c’est l’Esprit, je suis être-filial et je suis intégré parfaitement dans cette vie d’Amour qui est communion incessante entre le Père et le Fils. Alors, dès cet instant, l’Esprit Saint devient l’Esprit de ma sainteté car c’est moi qui, par Lui, dis : Abba Pater ! C’est véritablement moi, poussé par cet Esprit qui m’a été donné, par cette charité de Dieu qui fut diffusée en moi, c’est moi qui me tourne vers mon Dieu pour lui dire ce mot extraordinaire : Papa !

Voilà ce que nous célébrons aujourd’hui : l’anniversaire de l’Église, notre naissance à la vie surnaturelle, à cette communion d’Amour infini dans laquelle l’Esprit Saint nous plonge.

Mgr Jean-Marie LE GALL, Aumônier catholique H.I.A Percy, Clamart

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.