Lectio divina pour le sixième dimanche de Pâques

Ac.15, 1-2.22-29 Apoc.21, 10-14.22-23 Jn.14, 23-29

« JE NE MEURS PAS, J’ENTRE DANS LA VIE ! »

Jeudi prochain, nous célébrerons l’Ascension qui est pour nous la promesse en même temps que le signe et le gage donné par le Christ que nous allons, nous aussi, remonter vers le Père. Souvenons-nous de ce que dit Jésus dans les discours après la Cène : « Je vais partir, mais je reviendrai… Je reviendrai pour vous prendre et vous mettre auprès de moi. » !

« Je ne meurs pas, j’entre dans la vie » Ste Thérèse

L’Ascension, c’est-à-dire l’entrée d’un homme, véritablement homme comme Jésus né de la Vierge Marie, dans la Vie et dans la Gloire de Dieu, est pour nous la preuve, le gage que la race humaine est appelée à entrer elle-aussi, à Sa suite, dans cette Vie et dans cette Gloire. Puisque Jésus est retourné dans le sein du Père avec Son humanité, cela veut dire que notre humanité (l’humanité dans son ensemble comme notre humanité personnelle à chacun et chacune d’entre nous), a, elle aussi, sa place dans le sein de la Trinité. C’est ce qui adviendra au moment de notre pâque, autrement dit de la mort qui s’éclaire ainsi comme un passage vers la Vie !

La Vie éternelle est déjà commencée…

Mais c’est ce qui advient déjà ici-bas : « Celui qui m’aime, mon Père et Moi, nous viendrons chez lui faire notre demeure. » Cette présence à Dieu, cette présence en Dieu, -parfaite dans l’éternité du Ciel- nous est proposée et nous est rendue possible par le Baptême, dans notre vie terrestre ! Cette convivialité (dont parle l’Apocalypse : « Celui qui m’ouvre lorsque je frappe (à son âme), j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, près de lui… »), cet état de grâce est un état lumineux comme la description que Jean fait de la Jérusalem Céleste, « où il n’y aura plus ni lune, ni soleil parce que Dieu sera la lumière des hommes. »

« Si quelqu’un m’aime, mon Père et Moi, nous viendrons chez lui et nous ferons chez lui notre demeure » : voilà notre ascension, voilà notre Ciel qui se présente dès maintenant ! En avons-nous conscience ? Avons-nous conscience de ce commencement d’éternité ?

« Le Ciel, c’est Dieu dans l’âme » St Curé d’Ars

Pour nous élever à la suite de Jésus dans ce mystère final de l’Ascension, lors de notre mort, ou pour laisser Dieu descendre en notre âme et y créer le Ciel, (le Ciel est l’endroit où Dieu est), il faut faire quelque chose. Cela exige de notre part de nous alléger pour pouvoir monter comme le Christ est physiquement monté. Nous devons nous alléger de nos poids, poids de cet homme charnel qui nous attire vers la terre. Ou, dans l’autre sens : pour laisser descendre Dieu dans mon cœur, pour goûter le Ciel par la présence de Dieu qui m’illuminera, il me faut laisser la place à Dieu. Il faut donc que je débarrasse ce qui en moi prend la place de Dieu !

« L’amour de soi jusqu’à la haine de Dieu » St Augustin

Que sont ces choses dont chacun doit se débarrasser ? Quels sont ces poids ? Par quoi mon intérieur est-il encombré ?

Bien entendu, c’est d’abord le péché, c’est-à-dire tous mes refus d’amour. Ce sont mes égoïsmes, cette prépondérance du moi que je place trop souvent en premier dans mes choix, dans mes paroles, dans mes passions, dans mes réactions…

Le soir en faisant notre examen de conscience, calculons le nombre de fois où nous avons agi, parlé, pensé en fonction de nous et non en fonction de l’autre et nous serons surpris de l’emprise de notre ego sur notre âme !

Il y a une autre chose qui est un poids ou qui envahit mon âme et qui empêche Dieu de s’y reposer, c’est, comme nous le rappellent les Actes des Apôtres et le Livre de l’Apocalypse, ce que l’on pourrait définir par les obligations formelles, autrement dit, ce que nous nous imposons pour acheter notre place au Ciel… Ce sont les œuvres que Saint Paul stigmatise chez les Juifs. Souvenons-nous de la prière du pharisien : « Je paye ma dîme, je fais jeûne… » :il achète sa justification.

Nous avons plein d’obligations formelles relatives au culte dans nos vies : la confession pascale, par exemple, dans laquelle nous n’avons rien à dire parce que justement nous la vivons comme une obligation, une contrainte que l’on s’impose… Voire, le précepte dominical qui ne nous apporte souvent rien d’autre que de l’ennui…

« Sa source de lumière, c’est l’Agneau. »

Si nous regardons l’Apocalypse, que voyons-nous dans la description de la Jérusalem Céleste ? Il n’y a plus de temple. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’église ni qu’il ne faut plus venir à la messe le dimanche ! Mais, dans la conception sémitique, l’absence du temple exprime que le culte de la lettre des pharisiens est remplacé par le culte de l’esprit annoncé et présenté par Jésus : « L’heure vient et elle est là où mon Père aura besoin d’adorateurs en esprit et en vérité, ce ne sera plus ici ou là, à Jérusalem ou au Mont Garizim qu’il faudra adorer. » Il n’y a plus de temple, c’est l’Agneau qui est le temple.

Voilà donc que la réalité centrale, le cœur du Ciel c’est l’Agneau. Autrement dit, Jésus offert, immolé par Amour. Oui, voilà ce que représente l’Agneau : Jésus, Fils de Dieu, vrai Homme, immolé par amour pour nos péchés.

Donc, la définition du Ciel, son être profond, ce n’est pas d’être quelque part derrière les nuages, c’est d’être quelque chose, c’est d’être uni à cette réalité de l’Agneau, c’est d’être en parfaite communion avec cette réalité centrale qui le définit : l’Amour. Le Ciel, c’est l’Amour infini, c’est la présence sans mesure de Dieu qui n’est qu’Amour et dont la vie est la diffusion permanente et infinie de la charité, de la gratuité, du don de soi…

C’est pourquoi, dans l’éternité, loin de s’ennuyer, nous passerons le temps à entrer de plus en plus profondément dans la compréhension de ce Mystère de l’Amour infini et indicible…

« Nous serons jugés sur l’amour ! » St Jean de la Croix

C’est pourquoi, dit Saint Jean de la Croix, pour entrer au Ciel, nous serons jugés sur l’amour, sur l’amour plus ou moins profond, plus ou moins habituel, plus ou moins vrai que nous aurons porté dans notre vie envers les uns et les autres, envers nos proches, notre proche prochain, nos relations, nos amis, etc…

Le Ciel présent en nous comme à venir, la présence à Dieu est donc une question de cœur. Ce qui importe dans notre vie, c’est le cœur ! La seule obligation que nous ayons, nous les hommes, et particulièrement les chrétiens, (puisque nous en avons la certitude par la révélation de Jésus), c’est d’avoir un cœur ouvert à tous : à notre Père, à notre Frère aîné comme à toute notre fratrie humaine…

Mais que c’est difficile d’avoir un cœur gros comme une maison ! Nous avons un cœur relativement ouvert pour les gens qui nous font du bien, que nous aimons, qui sont de notre milieu social ou culturel… Mais pour les gens qui ne sont pas de notre monde, pour les pauvres ou les blessés de la vie, pour ceux qui nous ont fait du mal, qui nous ont refusé quelque chose, garder son cœur ouvert, cela devient très difficile. Et pourtant, c’est cela la vie chrétienne : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres… »

« Demeurez en mon amour… »

C’est le cœur qui va me faire monter, qui va me faire vivre cette Ascension de Jésus. Comme ce fut le Cœur (l’Amour dans Son sacrifice sur la Croix) qui fit monter le Christ.

De même, c’est le cœur qui fait venir Dieu en moi, dans cette anticipation du Ciel on ne peut plus réelle : « Celui qui m’aime, mon Père et moi nous viendrons et nous ferons chez lui notre demeure… » Celui qui m’aime : voilà ce qui nous donne d’avoir le cœur gros comme une maison pour faire venir Dieu et pour préparer, pour vivre déjà ma montée vers le Ciel, mon ascension …

Il faut donc que j’aie ce gros cœur, ce cœur énorme ou si vous préférez, un cœur plein d’oubli de soi, plein de vide de moi… Comme Jésus sur la Croix. Nous l’avons vu, il y a six semaines : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Il en faut de l’abnégation, il en faut de la gratuité pour pouvoir prononcer cette parole d’une bouche humaine ! Pour avoir un cœur rempli d’oubli de moi, il me faut donc avoir un cœur empli du mystère pascal de Jésus ! D’où la prière de la Collecte de ce sixième dimanche de Pâques : « Puissions-nous mettre en œuvre fidèlement tout ce dont nous faisons mémoire. »

Sommes-nous depuis six semaines, un petit peu transformés par le Mystère pascal, par ce mystère d’oubli de soi, d’abnégation, d’Amour que Jésus a vécu dans et pour Son Église ? Et ne pourrions-nous pas demander la grâce de pénétrer plus avant dans ce mystère, la grâce d’avoir un cœur gros comme Celui de Jésus, c’est-à-dire empli à ras bord de l’Esprit que le Seigneur Lui-même veut nous offrir ? Ainsi attirerons-nous Dieu en notre âme et commencerons-nous notre cheminement vers le Ciel !

SAINT ET JOYEUX TEMPS PASCAL A VOUS TOUS !

Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Retrouvez la Lectio divina quotidienne de Mgr Le Gall sur X : @mgrjmlegall

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.