Lectio Divina – Dimanche des Rameaux – Année C

Lc.19, 28-40 Is.50, 4-7 Ph.2, 6-11 Lc.22, 14-23, 56

MOURIR AU PECHE AFIN DE VIVRE POUR DIEU PAR JESUS !

Nous retrouvons, avec le dimanche des Rameaux, le paradoxe du triomphe du Christ rentrant à Jérusalem, ville sainte et royale, suivi aussitôt après du récit poignant de la Passion aboutissant à la Croix.

La Croix, trône de la gloire christique !

Il ne faut pas entrer dans ce paradoxe, mais il faut essayer de percer le pourquoi de cette étrange proximité entre la gloire et la Croix pour ne pas repartir de cette célébration le cœur vide. Nous sentons déjà que ce paradoxe, nous le vivons nous-mêmes. Nous sommes à la fois pressés de venir à cette Liturgie traditionnelle des Rameaux, mais nous sommes aussi malheureusement, chacun à sa mesure, pressés de partir… Reconnaissons que nous sommes à la fois prêts à acclamer le Christ-Roi, et pressés de quitter le Golgotha, à la manière des Juifs qui parlaient de la pluie et du beau temps.

Nous ne devons pas nous mentir à nous-mêmes, mais devons essayer de voir ce que l’Église nous lance comme message au moment où nous entrons dans la Grande Semaine, la Semaine du Monde, la Semaine où le Fils de Dieu livre Son Corps et Son Sang dans l’Institution de l’Eucharistie et du Sacerdoce, la Semaine où Il livre Son Corps et Son Sang sur la Croix et où Il ressuscite !

« Le Royaume de Dieu est là, au milieu de vous »

Il ne faut pas abuser de la bêtise des apôtres et des disciples, ni de celle des Juifs lorsque nous disons qu’ils n’avaient rien compris au triomphe de Jésus et pensaient à une restauration politique. C’est un moyen facile pour nous d’éluder le problème. Car le problème est là : comment se fait-il que nous tous, à la suite des Juifs, soyons prêts à acclamer le Christ-Roi rentrant dans cette Ville Sainte pour ensuite partir en débandade, les prêtres en premier comme firent tous ceux qui ont acclamé Jésus, Pierre et les apôtres en tête ?

Pour éviter notre remise en cause personnelle nous disons : ils n’avaient rien compris : comme Judas, ils voulaient faire du Christ un nouveau roi. Que nenni !

Les disciples ont bien saisi comme cette entrée triomphale du Christ à Jérusalem est la signification de la présence du Royaume de Dieu. Jésus est roi, comme le signifie le symbole de l’ânon, monture royale dans l’Ancien Testament, comme le montre aussi la couverture des manteaux pour épargner les pierres aux pieds de la bête, comme le signifie enfin l’acclamation avec les rameaux, signe d’action de grâce envers la miséricorde de Dieu.

Et cette royauté humaine est élevée tout de suite, par cette foule de disciples, au niveau de la royauté spirituelle. Luc ne manque pas de rapporter qu’après les exclamations de l’hosanna, c’est la reprise quasiment identique de l’acclamation du salut de la Bonne Nouvelle entendue à Bethléem : « Gloire au ciel, Paix sur la terre. » Les disciples auraient-ils chanté cela pour un Messie politique ?

Et la joie de cette foule de disciples qui est là, elle est bien causée par la présence de Jésus, de ce nabi, de ce Rabbi dont les signes, les miracles en même temps que la miséricorde, révèlent la présence du Royaume de Dieu : « Le Royaume de Dieu est là, au milieu de vous » !

Et la preuve, c’est que Jésus, qui a toujours refusé les triomphes royaux, ne répond pas à la demande des pharisiens, qui, ne voulant pas reconnaître Sa royauté spirituelle et s’en tenant donc à une lecture politique, veulent faire taire les disciples, craignant la répression romaine face à cette sédition. Or, Jésus, qui connaît les cœurs, aurait-Il approuvé ces acclamations s’Il avait pressenti qu’elles étaient faussées ?

« Celui qui veut me suivre, qu’il prenne sa croix… »

Il est vrai que le messianisme des apôtres et des disciples reste encore dans un certain flou, dans son application concrète. Mais ils perçoivent par la foi que la Paix arrive. Le Roi Pacifique… « Réjouis-toi Jérusalem parce que le Roi est au milieu de toi, petit, humble, modeste, monté sur l’ânon, le petit de l’ânesse… »

Alors pourquoi après ce message qui fonde le dogme du Christ-Roi de l’univers et Prince du Royaume de Dieu présent au milieu de nous, pourquoi l’Église nous présente-t-elle le récit de la Passion ? Pour répondre à la question que nous soulevons lorsque justement, après avoir contemplé les foules acclamant Jésus, nous voyons le Golgotha présent. En répondant à cette question, en répondant au comportement de ces Juifs et de ces disciples, nous pourrons alors répondre à nos propres comportements.

Les disciples ont compris la royauté spirituelle du Christ, mais peut-être que pour la plupart, ils n’ont pas voulu faire le pas. Et nous aussi, nous comprenons. Ne nous faisons pas plus bêtes que nous sommes ! L’Évangile est à la portée d’un enfant. Nous comprenons bien la royauté spirituelle du Christ aujourd’hui. Et si nous partons, laissant Jésus seul devant Pilate, ce n’est pas par incompréhension, c’est parce que nous connaissons le prix à payer pour entrer dans cette royauté !

« Qui veut sauver sa vie la perdra, qui perd sa vie la trouvera… »

Le récit de la Passion nous révèle effectivement les trois qualités de ce Royaume présent parmi nous : Royaume de Dieu, Royaume de la Sainteté, Royaume de la Paix. Et c’est ce Royaume qui dérange nos égoïsmes habituels !

Il y a une lutte entre la lumière du Royaume de la Paix et la guerre qui est dans notre cœur enténébré depuis le péché originel. Cette lutte est sanglante. Elle est mortelle et nous avons peur de « celui qui est homicide depuis le commencement » comme disait Jésus en parlant du Satan. Nous comprenons la lutte, nous comprenons ce que Jésus nous demande, mais nous hésitons à nous lancer dans ce combat…

« La force de l’Amour bannit l’amour de la force ! »

La deuxième vérité que le récit de la Passion nous apprend, c’est que le Royaume de Dieu, le Royaume de la Paix, de la Lumière, le Royaume du Christ entrant à Jérusalem sera victorieux quand il sera anéanti ! C’est un pas de plus dans la difficulté : non seulement nous devons combattre, non seulement nous devons lutter pour entrer dans le Royaume, mais nous ne luttons pas de manière politique, nous ne luttons pas avec les poings, nous ne luttons pas avec les forces humaines, nous ne luttons pas avec nos catégories.

Nous luttons avec les armes de Dieu qui sont les armes du Royaume, qui sont les armes de l’Amour ! Le Royaume de Dieu est un Royaume de Paix. C’est donc avec ces armes que le Royaume de Dieu s’installe. Comme le Royaume de Dieu est un Royaume d’Amour, c’est par l’Amour, c’est-à-dire le don, le dépouillement, l’anéantissement, que le Royaume devient victorieux car la force de l’Amour bannit l’amour de la force ! Voilà ce qui nous fait peur.

« Pour que l’Amour dont Tu m’as aimé soit en eux ! »

La troisième réalité, Paul la rappelle dans son hymne aux Philippiens : l’abaissement de Dieu qui se fait homme, obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la Croix pour être exalté… C’est dire que, pour être Prince de ce Royaume de la Paix, la victoire passe par l’anéantissement de la Croix, c’est-à-dire par mon dépouillement personnel, journalier, par mon humilité, et elle passe donc par mon cœur. Si Dieu se fait homme, c’est pour instaurer, par l’homme et en l’homme, le Royaume de Dieu au cœur de l’homme ! La lutte est bien là, dans le cœur de chacun.

Elle est d’abord dans le Cœur de Jésus, vrai Dieu et vrai Homme. C’est Lui le premier qui a lutté pour faire éclater le Royaume de la Lumière et repousser définitivement le Royaume des Ténèbres.

Et lorsque Dieu m’ouvre l’oreille par le Baptême, comme dit Isaïe, si je laisse pénétrer cette vague, si je laisse s’engouffrer cette Eau divine de la Parole de Dieu, si j’accepte la présence du Royaume en moi et si j’accepte la lutte avec les armes du Royaume : l’amour, la bienveillance et la patience, les armes de la charité, de la foi, alors oui, je suis anéanti, mais cela ne m’atteint pas parce que justement, en acceptant cela je vis uni au Christ ressuscité !

« Morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus »

Voilà le sens de nos Rameaux. Ils sont l’image de notre gloire, mais ils sont aussi l’image de notre martyre. Si nous acceptons de mourir avec Jésus, si nous acceptons cette logique du Royaume de Dieu qui n’est autre que le Royaume de l’Amour, alors oui, nous ressusciterons au jour de Pâques.

C’est la grâce que Paul nous souhaite : « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous vivrons aussi avec Lui. »

Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Retrouvez la Lectio divina quotidienne de Mgr Le Gall sur X : @mgrjmlegall

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.