Lectio divina – 7ème Dimanche du temps ordinaire – Année C

1Sam.26, 2-23 1Cor.15, 45-49 Lc.6, 27-38

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

L’Évangile que nous entendrons en ce 7ème Dimanche Ordinaire se situe dans le droit fil du Discours inaugural des Béatitudes entendu dimanche dernier. Ce passage est bien moins poétique et nous fait entrer, si je puis dire, dans le vif du sujet : l’analyse des conséquences pratiques et concrètes des Béatitudes traitées il y a 8 jours.

Ce discours des Béatitudes se résume finalement à cette règle d’or : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse, aimez vos ennemis, prêtez sans attendre de retour, donnez à qui vous demande, priez pour ceux qui vous persécutent… »

C’est autrement plus difficile à entendre que la poésie des Béatitudes !

« Conformer nos paroles et nos actes à sa volonté… »

Essayons de voir dans quel sens nous devons comprendre cet appel à la miséricorde dont Jésus nous parle, miséricorde qui doit être surabondante.

Nous avons demandé à Dieu, dans la Collecte, « la grâce de conformer nos paroles et nos actes à sa volonté. » Or la volonté de Dieu, c’est le désir de la sanctification du monde : la Volonté divine c’est le bien que Dieu veut pour toute la Création !

Ceci est un point essentiel qui doit être le fondement de notre foi et qui nous permet aussi de définir le péché comme étant ce qui, dans notre vie, freine -par libre choix de notre volonté- cette dynamique du Bien enraciné en Dieu et qu’Il souhaite diffuser et répandre autour de Lui.

Le bien comme non-mal

Le mal, le péché est un non-bien et nous allons voir quelle importance cela peut avoir pour notre vie spirituelle.

En disant que le péché est un non-bien posé librement pour freiner la diffusion de la Bonté divine dans le monde, nous dépassons infiniment la première donnée morale que Yahvé révéla à Moïse dans les Dix Commandements.

Les Dix Commandements sauf un, le premier : l’adoration de Dieu- sont tous négatifs : « Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne mentiras pas… » C’est dire que dans la perspective de cette loi originelle, le bien est un non-mal, ce qui est totalement différent. Dans l’Ancien Testament, le gauchissement possible de la Loi donnera naissance aux pharisiens. Pour ceux-ci, être en règle consiste à ne pas faire le mal puisque le bien n’est qu’un non-mal. Vous irez à la Messe ce matin ? Donc vous êtes de bons chrétiens, vous êtes en règle… Vous n’avez tué personne ? Donc vous êtes en règle. Vous n’avez pas porté de faux témoignages devant les tribunaux ? Donc vous êtes en règle…

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Le péché est un non-bien.

La Loi de Moïse est statique, elle est négative, elle est limitative. Il suffit de ne pas poser explicitement un acte mauvais pour être dans le bien ! Alors que dans l’Évangile c’est tout le contraire.

L’application de la loi évangélique est une recherche perpétuelle d’adhésion à Dieu, un perpétuel dépassement, une tension infinie vers un plus, vers une conformité plus exacte, vers une proximité plus grande, vers une adhésion plus forte à la Vie de Dieu qui de toute façon nous dépasse puisque la Vie de Dieu est Sa Sainteté !

Or comment pourrions-nous être assurés, en tant que chrétiens, que nous mettons l’Évangile en pratique c’est-à-dire que nous sommes « parfaits comme le Père est parfait », que nous sommes identifiés, conformés au Christ, que nous sommes, comme nous le rappelle saint Paul, à « l’image de Celui qui vient du Ciel » ? Qui d’entre nous peut prétendre aimer sa femme, son mari, ses enfants, son ami, comme le Christ, comme Dieu les aime ?

Un exode de soi vers la Lumière…

On reconnaît les saints au fait qu’ils se savent pécheurs. Plus nous approchons de la Lumière, plus nous avons conscience que nous en sommes loin ! La sainteté évangélique est un cheminement, un exode dans lequel nous essayons de nous perdre de vue pour nous rapprocher de la perfection divine, mise comme exemple devant nous par la Vie de Jésus-Christ.

Il y a donc dans l’Évangile -et dans notre Baptême qui est adhésion à l’Évangile- un principe de dynamique intérieure. Notre âme ne peut pas être en repos, elle est perpétuellement en tension ; et c’est cela la sainteté : c’est cette recherche perpétuelle d’une proximité plus grande au Christ. Cela n’a donc rien à voir avec une vision limitative et négative de la Loi !

« En recherche inlassable de biens spirituels… »

Nous comprenons bien qu’en regardant les Dix Commandements, qui restent bien entendu à respecter, mais en les regardant avec les yeux de Jésus-Christ, en les regardant dans le sens de l’Évangile, dans le sens des Béatitudes et donc à l’envers de notre mode habituel de les regarder, nous nous apercevons bien que nous ne les pratiquons jamais parfaitement !

Nous pouvons très bien assister à la Messe comme des bûches, nous pouvons très bien être à la Messe et ne pas mettre en pratique ce que nous recevons de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie. C’est pour cela dit la Collecte que nous « sommes en recherche inlassable de biens spirituels. » Il n’y a pas de retraite dans la vie chrétienne !

Être en recherche inlassable de biens spirituels, c’est rechercher les biens de Dieu : des biens que Dieu désire pour le monde, pour moi, pour mon proche prochain, pour mon prochain plus éloigné et ainsi de suite jusqu’aux confins de la terre, comme les ondes de la pierre dans le lac…

« Aimez vos ennemis… »

Cette recherche est « inlassable » précise la Collecte parce que ce Bien de Dieu n’est pas évident en lui-même, ou n’est pas conforme à notre désir de pauvre pécheur.

Nous pouvons avoir devant nous un bien qui est évident, mais que nous ne voulons pas. Ou au contraire nous pouvons avoir devant nous un bien qui est caché et que nous devons chercher, comme la fiancée du Cantique des Cantiques…

C’est l’exemple de David et de Saül. David est injustement poursuivi par Saül ; la Providence de Dieu met Saül à sa portée. Il peut se venger ; il peut tuer le roi, mais il pardonne ! Pourtant David n’était pas un enfant de chœur : souvenons-nous de la femme d’Urie le Hittite…

Il pardonne et ses paroles deviendront un ordre dans la bouche du Christ : « Aimez vos ennemis… Faites du bien à ceux qui vous haïssent… Priez pour ceux qui vous persécutent… »

Mais nos ennemis ne sont pas forcément ceux à qui nous pensons spontanément. L’ennemi c’est celui qui est à côté de vous dans le banc, qui vous importune, qui vous incommode ; c’est celui qui vous fait une réflexion désagréable que vous n’acceptez pas. C’est le conjoint qui a ses défauts, ses travers, ses tics qui, au bout de 40 ans de mariage, vous insupportent ! C’est le voisin de palier qui a ses manières, et pire encore : ses manies !! C’est le frère de communauté qui chante mal à côté de vous depuis 20 ans. Voilà l’ennemi…

De l’ennemi à l’Ennemi…

Nous avons tous nos ennemis à commencer par celui qui est à l’intérieur, le grand Ennemi. C’est celui-là qui nous fait monter en mayonnaise sur notre prochain qui devient ainsi notre ennemi.

Alors, sur quelle base fonder mon pardon ?

C’est gentil de parler de la miséricorde, de cette mesure bien pleine, tassée, mais qu’est-ce que cela veut dire ? Parce que finalement, c’est cela que Jésus demande : de remplacer l’abondance de ma rancune qui jaillit du fond de mon cœur avec une rapidité étonnante, par une surabondance d’amour qui submergera et purifiera ce qui dans le cœur reste obscur, épineux.

Chez Dieu tout est sphérique, tout est souple, tout est acceptation. C’est de cela que parle Jésus : « la mesure bien pleine, tassée »

Nous sommes chacun appelés, élus et donc aimés.

David ne touche pas Saül parce que Saül est oint donc appelé par Dieu, il est aimé de Dieu dans une vocation particulière qui est la sienne, comme chacun a sa vocation particulière accolée à son prénom donné au Baptême.

Nous sommes chacun appelés, élus et donc aimés. Ce qui veut dire que l’acte de David (et ce que nous propose le Christ) ne regarde pas l’acte objectif qui peut en lui-même être mauvais et qui en tant que tel est objet de condamnation. Mais le pardon de David (et ce que demande Jésus) regarde la personne et plus précisément cette relation de Yahvé à Saül, cette relation de Dieu à l’homme, cette vocation, cet amour particulier qui fait que je suis oint par le Baptême et même oint par l’Amour qui tombe de Dieu sur tous les hommes de la terre, oui, tous, quelle que soit leur méchanceté !

Je ne peux aimer l’autre moins que Dieu !

Donc cela regarde le jugement de la personne et non pas le jugement de l’acte, c’est-à-dire la sanction. Cela concerne le regard que je porte sur le cœur de l’autre.

Dans ces conditions-là, je ne peux pas prendre le risque de porter sur l’autre un regard qui soit moins aimant que Celui de Dieu ! Car le regard de Dieu est le seul qui soit constitutif de la personne : c’est parce que Dieu me regarde que j’existe, c’est parce que Dieu m’aime que je suis posé dans la vie et que je suis appelé et attiré vers le Ciel, dans ma vocation personnelle.

Et si je pose sur l’autre un regard qui est moins aimant que celui du Seigneur, je cache le regard aimant de Dieu, je l’obscurcis, je rétrécis le canal par lequel l’Amour de Dieu regarde, passe et fait exister la personne. Je détruis ce que Dieu veut construire. C’est le meurtre : « Tu ne tueras pas ! » Oui, c’est aussi cela le meurtre : nous nous tuons les uns les autres à travers la réputation, l’honneur, la transparence…

« Ne juge pas ! »

Au contraire, l’amour fait que je ne porte pas de regard de condamnation sur l’autre. Je laisse le Seigneur porter Son propre regard de justice, c’est Lui qui juge, et Il le fait avec Sa Miséricorde infinie.

Reprenons l’Écriture, nous y trouverons tous les passages où il est dit : « Ne juge pas ! » Le Seigneur seul est juge de cet être qu’Il a posé, par Amour, dans l’existence et qu’Il va peser selon Sa fidélité à l’aune de Sa Parole, à l’aune de Sa Miséricorde pour le juger à Sa façon qui est bien loin d’être la nôtre !

Et, bien sûr, cet amour miséricordieux, cet amour de l’ennemi, cet amour que nous devons porter, selon l’ordre de Jésus, à celui qui nous a agressé doit être un amour concret. Il faut donc prier pour lui, il faut prêter sans espoir de retour, il faut accompagner, il faut pardonner, il faut lui faire du bien, c’est-à-dire du bien à son âme… Voilà ce qu’est l’amour concret.

Alors à ce moment-là, cet amour de l’ennemi, encore une fois l’ennemi étant mon proche prochain avec lequel je n’ai pas forcément aujourd’hui d’affinités particulières, avec lequel le rouage quelquefois est grippé, à ce moment-là l’amour concret de cet ennemi est une abstention de jugement, non pas sur l’acte mais sur la personne. Le regard que je porte sur le cœur de mon prochain, je le porte en me protégeant derrière le regard que Dieu porte sur lui, regard plein d’Amour paternel et infini.

« Quel mérite avez-vous d’aimer ceux qui vous aiment ? »

Nous comprenons alors pourquoi cet amour de l’ennemi devient le signe de l’excellence chrétienne.

Cet amour, en effet, il est purifié. Ce n’est pas seulement l’amour d’échange que j’ai avec celui qui m’aime. Comme dit le Christ : « Quel mérite avez-vous d’aimer ceux qui vous aiment, d’inviter ceux qui vous rendront, de prêter à qui vous rendra ? » Voilà l’échange, voire le troc. Non il ne s’agit pas d’échange. Là, l’amour de l’ennemi est véritablement une gratuité, un don, quelque chose que je donne sans espoir de retour.

C’est donc un amour qui est d’un tout autre ordre que la simple philanthropie.

C’est cela qui fait le partage entre une vie évangélique et une vie normale d’homme.

Seul Dieu possède cet Amour gratuit. Lorsque j’aime mon ennemi, c’est-à-dire lorsque j’aime gratuitement, mon amour vient obligatoirement de Dieu. C’est un Amour divin, surnaturel et un Amour que je pose dans la foi !

Je ne le fais pas parce qu’il me plaît, je le fais parce que Dieu le désire, parce que c’est le regard de Dieu sur cet être humain, ce même regard que je veux porter pour ne pas détruire et pour au contraire accompagner sa vocation, accompagner son accomplissement et sa construction.

« Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ! »

C’est véritablement un don de soi, une sortie de soi. C’est pour cela que nous nous arrêtons souvent à la frontière de cet amour : nous n’osons pas aller jusqu’à la limite extrême de la générosité de Dieu !

Il me faut prendre conscience de l’Amour que Dieu me porte en tant que je suis pécheur : je suis son ennemi dit saint Paul, et malgré le fait que je sois son ennemi, Dieu m’aime avec cette surabondance qui est signifiée par la Croix !

Alors conscient de cet amour, en aimant mon ennemi, je fais passer cet Amour de Dieu sur moi aux autres pécheurs que sont mes frères et mes sœurs… Par là seulement j’atteins véritablement la limite extrême de la générosité de Dieu. Là, je suis vraiment dans l’amour théologal et théologique, je suis vraiment dans la charité, je suis dans la surabondance !

C’est la grâce que nous nous souhaitons les uns aux autres.

Demandons en ce dimanche cette vision nouvelle fondée sur le fait que le bien n’est pas un non-mal mais que le mal est un non-bien. Et que le bien que Dieu nous demande de faire n’est autre que Son Bien ! Cela exige de nous d’aller toujours plus près de Dieu, plus près du regard patient et miséricordieux qu’Il porte sur l’homme, pour répandre sur notre prochain Sa Miséricorde infinie à laquelle nous croyons avec la certitude de la foi, quand nous regardons la Croix, mais que nos frères quelquefois ne connaissent pas encore…

Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Retrouvez la Lectio divina quotidienne de Mgr Le Gall sur X : @mgrjmlegall

Articles similaires

Nous retrouvons, avec le dimanche des Rameaux, le paradoxe du triomphe du Christ rentrant à Jérusalem, ville sainte et royale, suivi aussitôt après du récit poignant de la Passion aboutissant...
En ce 5e dimanche de Carême, la Communauté Saint-Martin vous invite à méditer sur la miséricorde divine à travers l’évangile de la femme adultère. Jésus ne condamne pas, mais relève...

Gn.15, 5-12.16-18​​ Phil.3, 17-4, 1​​ Lc.9, 28-36 Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45 Le dimanche de la Transfiguration est la preuve que notre Carême n’est...

Deut.26, 4-10 Rom.10, 8-13 Lc.4, 1-13 Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45 Nous entrons en Carême, avec une liturgie plus dépouillée, sans fleurs, sans ornementation...

Appareil utilisé : détection en cours... (modifier)

Cela peut concerner un bug visuel, une erreur de contenu, une faute d'orthographe, un lien cassé, etc. Inutile de préciser l’adresse de la page, elle est automatiquement envoyée avec votre message.

Rechercher

Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

Avatar

Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.