Lectio divina – 5ème Dimanche du temps ordinaire – Année C

Is.6, 1-8 1Cor.15, 1-11 Lc.5, 1-11

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

La Collecte de la quatrième semaine nous montrait comment le commandement de la charité devait s’enraciner dans l’activité intérieure de l’adoration. Par l’adoration nous montons dans le Cœur de Dieu et nous y contemplons et le mystère de l’Amour divin et toute l’humanité qui est comprise dans ce Cœur ! Cela nous permet de redescendre en sagesse, en lumière et en tendresse sur chacun de ces hommes que nous avons contemplés dans le Cœur du Père céleste. La Collecte de notre cinquième dimanche ordinaire nous donne de méditer sur un autre thème qui est lié : la prière pour soi, pour « la famille des croyants dont nous sommes » et pour laquelle nous demandons à Dieu de la protéger toujours : « Veille sur Ta famille Seigneur et puisque notre seul espoir est en Toi, garde-la sous Ta constante protection. »

Prier pour soi est la première des charités

Il nous est donc permis, et même demandé de prier pour nous-mêmes et de prier pour cette famille de croyants à laquelle nous appartenons. Finalement il nous est demandé là encore d’adorer ! Adoration, adorer ne vient-il pas de « ad os », nous tourner pour parler au Maître ? S’il nous est permis de prier pour nous-mêmes, bien que cela paraisse intéressé, c’est parce que la prière pour nous-mêmes rejoint la contemplation du mystère de Dieu dans lequel nous entrons par un regard indirect et actif.

Mais tout d’abord, quel peut être le fruit d’une prière que nous faisons pour nous-mêmes ? Nous en faisons tous les jours de ces prières de demande ! Et ne les faisons-nous pas de manière coupable, sentant bien la part d’égoïsme qui nous y pousse ? Nous aimerions tant prier pour les autres, prier pour l’Église, prier pour les causes humanitaires universelles ! Et pourtant nous sommes attachés, réellement accrochés à nous-mêmes dans notre vie par des souffrances, des nœuds qui nous prennent au ventre, des problèmes… Alors nous invoquons le Seigneur avec quelque culpabilité parce que nous pensons être égoïstes…

Que demander dans la prière pour soi ?

Alors, pour résoudre ce dilemme, il nous faut bien voir ce que nous demandons et ce que nous pouvons attendre de la prière pour nous. Il ne faut pas y attendre un bouleversement des causes secondes c’est-à-dire de cet ensemble d’évènements qui fait la trame de notre vie. Encore que cela soit possible par le miracle qui est une intervention directe de Dieu, shuntant en quelque sorte la chaîne des causes pour arriver à l’effet naturellement prévu, mais qui en sort de manière extra-ordinaire, c’est à dire qui sort de l’ordre. Ainsi en va-t-il du miracle de Cana qui change l’eau en vin, coupant toute la chaîne des réalités normales de l’ordre naturel… En dehors de ces cas extraordinaires que Dieu seul utilise pour Sa gloire, il ne faut pas attendre de notre prière un bouleversement des causes secondes.

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Vivre inséré en esprit d’offrande

Par contre, nous devons attendre de la prière faite au Seigneur pour notre cause, l’acquisition d’une force intérieure, d’une force nécessaire pour vivre. Premier point important : il ne s’agit pas de mourir, il ne s’agit pas de se laisser aller, mais de vivre !

Cette force est donnée comme une réponse à notre prière pour que nous-mêmes répondions à ces causes multiples qui font notre vie, pour vivre inséré dans ces causes qui quelquefois nous étouffent, qui sont à l’origine de ces souffrances, de ces contradictions, de ces choix cornéliens… Pour vivre inséré, enserré dans ces causes multiples, mais en esprit d’offrande ! Il faut vivre sa vie, mais en esprit d’offrande.

Tout est grâce…

Qu’est-ce que cela veut dire ? Prenons un exemple.

Nous avons le droit et le devoir de prier pour une bonne récolte de raisin. Nous avons le droit et le devoir de prier pour une bonne récolte que ce soit la nôtre ou celle de notre voisin, ou celle de notre pays, ou celle du monde entier, afin que si la récolte est mauvaise nous ne fassions pas retomber cette causalité sur Dieu qui, Lui, laisse le jeu des causes multiples infinies du soleil, des astres, de la pluie, de la grêle, de la semence, etc… agir dans la liberté du cosmos. Donc que nous ne reportions pas sur Dieu la cause de cette récolte mauvaise, mais que nous soyons capables de vivre cette récolte mauvaise dans l’esprit adapté à ce résultat, c’est-à-dire, par exemple, dans un esprit de pauvreté et de partage.

On s’est moqué à une époque de la Procession des Rogations que le monde paysan célébrait le 25 avril pour attirer la bénédiction de Dieu sur les semailles. Peut-être avons-nous perdu le sens de cette Procession. Il ne s’agit pas de penser que Dieu va intervenir de manière normale pour que mon blé soit beau et bon. Il s’agit de prier pour que je reçoive la force nécessaire afin que la récolte qui va m’être donnée soit vécue en état d’offrande, c’est-à-dire dans la vérité. Si elle est bonne : merci mon Dieu ! Si elle est mauvaise, je partagerai avec les plus pauvres.

De même pour un examen, j’ai le droit et le devoir de prier pour la réussite d’un examen afin de recevoir le résultat de l’examen en esprit d’offrande. Si je suis reçu : merci mon Dieu pour les talents qu’Il m’a donnés ! Et peut-être aussi pour la chance… Si je suis collé : merci mon Dieu pour la leçon de mon manque de travail ! Ou merci pour la leçon d’injustice qui me fera humble. Voilà quel est le fruit de la prière.

Prier, c’est proclamer la Transcendance de Dieu

Retenons ensuite que cette prière -qui apparemment est intéressée puisqu’elle est pour moi, pour mes biens, pour ma famille, même si c’est la famille des croyants- est en fait contemplation indirecte du mystère de Dieu, à condition d’être vécue comme je viens de le décrire. Parce qu’elle est proclamation de la transcendance divine.

Si nous prions ainsi que je viens de le dire, c’est que nous savons que Dieu est au-delà des cieux comme cause fontale de l’être, Créateur et donc Transcendant ; et que, par cette transcendance, Il se situe en deçà des cieux, dans l’homme, dans mon cœur, Lui, l’Immanent, pour me donner la force de vivre toutes choses en état d’offrande, c’est-à-dire d’eucharistie, vis-à-vis de Sa Personne à qui tout doit revenir.

Car je ne prie pas n’importe qui ! On mettra volontiers comme formule de politesse : je vous prie d’agréer, cher Monsieur, chère Madame, etc… Mais c’est de manière analogique ! La vraie prière que l’homme fait, et ce, quelle que soit sa religion, c’est pour son Dieu ! Pour Celui qu’il sait être Transcendant, Cause de l’être et parce qu’Il est Cause de l’être, réside à l’intérieur de son être ! C’est parce que je sais qu’Il le peut, que je veux qu’Il me donne la force de vivre les réalités de ma vie qui sont douloureuses, en eucharistie c’est-à-dire en esprit d’offrande pour Lui qui me donne la vie. C’est donc bien une proclamation de l’Être divin, du mystère du Dieu Unique à qui tout revient parce que tout vient de Lui.

C’est ce que Yahvé tentera de faire comprendre à Son peuple dans l’Écriture. Par exemple lorsqu’Il dit, par l’intermédiaire d’Isaïe : « Vous m’offrez les bœufs, les vaches et les moutons… Mais qu’ai-je à faire de vos holocaustes qui m’appartiennent puisque j’ai fait toutes choses, que les bœufs c’est moi qui les ai faits, les moutons c’est moi qui les ai faits, ce que je veux c’est un cœur brisé. »

« Ce qui Me plaît, c’est un cœur brisé… »

Le cœur brisé, c’est un cœur eucharistique, un cœur d’offrande ! Ce n’est pas la pièce que je donne à saint Antoine qui fait la caractéristique de mon offrande, c’est ma foi, c’est mon esprit intérieur, c’est mon adhésion à sa sainte vie, c’est ma contemplation de son mystère, comme celui de sainte Rita ou de la sainte Vierge, c’est mon désir de les imiter, c’est ma foi dans leur force parce qu’ils sont près de Dieu !

Après la longue pédagogie de l’Ancienne Alliance où Dieu n’arrête pas de crier à travers les prophètes qu’Il n’a rien à faire de ces sacrifices, nous arrivons à deux eucharisties. La première se réalise dans la joie et c’est le fiat de Marie : « Qu’il me soit fait selon Ta parole. » Et l’autre est posée dans la douleur par le Christ à Gethsémani : « Que Ta volonté soit faite… Non pas ma volonté mais la Tienne. »

Deux évènements qui arrivent, l’un heureux pour la Vierge : « Tu seras la mère du Seigneur, tu lui donneras le nom de Jésus », l’autre douloureux pour le Christ : l’agonie et la perspective de Sa mort. Le fiat de Marie comme le fiat du Christ ne sont pas de génération spontanée : ils sont le fruit de leur prière. Comme le dira l’épître aux Hébreux : « Il a prié Son Père pour être épargné de la mort (ç’aurait été le refus de faire la volonté du Père) et c’est pour cela qu’Il est devenu cause de salut éternel. »

Vivre chaque instant de ma vie au Nom de Dieu qui m’en donne la force

Nous voyons donc que la prière telle que l’Église nous demande de la poser pour résoudre nos souffrances, nos angoisses, nos débats les plus intimes, les plus profonds, les plus douloureux, les plus mortels, ce n’est pas de la magie ! Nous ne prions pas Dieu comme un totem avec des incantations ou des sacrifices d’animaux (voire humains) pour que la chasse soit bonne, pour que l’ennemi soit vaincu…

Dieu n’est pas un totem, Dieu ne peut pas entrer dans ces faux pouvoirs, qui sont faux parce qu’ils limiteraient la liberté de l’homme : « L’homme M’a prié donc je vais le guérir… L’homme M’a prié donc il va avoir son examen, même si c’est le roi des paresseux. » Cela, c’est le pouvoir des hommes, ce qu’on appelle la corruption. C’est un faux pouvoir car c’est un pouvoir qui limite notre liberté. Ce serait piper l’humanité !

Prier, comme l’Église nous le demande, pour notre cause, c’est reconnaître la transcendance de Dieu, l’Unique, c’est prier l’Unique pour que dans Sa proximité à mon cœur, dans Son immanence, Il me fasse vivre tout événement de ma vie en Son Nom comme dira Paul : « Que nous vivions ou que nous mourions, que nous le fassions pour le Seigneur » !

Ce n’est pas facile ; c’est beaucoup plus difficile que la corruption, que le faux pouvoir du totem, mais c’est vraiment libérateur. Nous prions l’Unique pour que tout événement extérieur, (par définition l’événement est extérieur à notre vie : la maladie, l’accident, le problème professionnel ou familial, tout événement est extérieur à notre vie et arrive et nous agresse) soit intériorisé, valorisé, éternisé. C’est pourquoi Paul exhorte : « Offrez vos personnes, – c’est-à-dire moi, mon âme, ma substance, et pas ce que j’ai : ma voiture ou ma maison -, offrez vos personnes en sacrifice spirituel, (c’est bien de l’âme dont il est question), agréable à Dieu par Jésus-Christ. » Voilà ce dont il est question.

Prier pour entrer dans la Gratuité divine, offrant tout de ma vie

En recevant cette force, en intériorisant, en éternisant l’événement pour offrir la joie ou la peine, la souffrance, qu’est-ce qui est en jeu ? C’est beaucoup plus que mon agir c’est-à-dire la maîtrise de ma vie, ce qu’on appelle la morale, (j’ai bien agi, j’ai mal agi…). C’est mon être profond qui est en jeu dans cette prière. Car si je fais l’offrande de l’événement heureux ou malheureux qu’est-ce que je fais ? J’entre de plain-pied dans la vie de Dieu qui est gratuité, qui est justement offrande parfaite et éternelle !

Nous les hommes, avant même le péché, du fait de notre pauvreté et notre indigence métaphysique, nous sommes captateurs de l’autre, de l’argent, de la science,

de l’intelligence forcément… Nous ne sommes que des captateurs, nous avons besoin des autres pour être, pour survivre ! Alors que là, nous nous transformons complètement et, malgré cette indigence qui reste, nous entrons dans la vie de gratuité qui est celle de Dieu.

Prier pour vos causes, bien sûr vous avez le droit et même le devoir de le faire parce que justement c’est cela qui peut transformer votre être, à partir du moment où vous priez comme nous venons de le dire. Pas dans l’esprit de la magie qui consiste à capter Dieu pour que Dieu fasse ce que j’ai envie qu’Il fasse, mais entrer dans Sa vie en partageant Sa Gratuité !

« Sois sans crainte… »

En cela nous ne faisons pas autre chose que de proclamer la Parole de Dieu. Souvenons-nous de la prière d’Israël dans le Deutéronome, chapitre 6 : « Écoute Israël, notre Dieu est l’Unique… Tu méditeras ces paroles toute ta vie, tu les enseigneras à tes enfants. »

Elles sont encore valables pour nous ces paroles du Shema, de la prière juive. « Écoute Israël, NOTRE Dieu… » C’est être en communion avec Lui. « Notre Dieu est l’Unique », c’est la transcendance du Créateur. Le mystère de Dieu est un mystère ambivalent entre proximité et transcendance. Mais cette ambivalence mystérieuse, l’homme a du mal à entrer dedans.

Regardons Isaïe dans la description de sa vocation : « Et je vis le trône de Dieu, Saint ! Saint ! Saint ! » C’est donc la perfection de la sainteté, l’inaccessibilité, la transcendance du Dieu Unique : « Je fus effrayé » Mais Dieu lui montre qu’il y a une certaine communion possible, d’où l’ange qui vient brûler sa lèvre et lui annoncer le pardon c’est-à-dire la relation avec Dieu retrouvée !

Cette ambivalence mystérieuse qu’Isaïe nous décrit est un des passages les plus importants de l’Écriture Sainte. Elle sera vécue au summum par Pierre, ce pêcheur rustre qui se trouve lui aussi devant le mystère de la transcendance de Dieu avec le miracle des poissons et qui ne comprend pas qu’il puisse y avoir un tel Dieu proche de lui : « Éloigne-toi de moi, je suis un homme pécheur ! »

Et pourtant l’Église nous demande de dire le contraire : Seigneur viens à moi qui suis pécheur… Pierre est encore dans l’esprit de l’Ancienne Alliance : « Éloigne-toi de moi ! » C’est l’effroi qui le gagne parce qu’il ne voit que la transcendance. Éloigne-toi de moi je suis un homme pécheur. Seul le mystère de l’Incarnation pouvait faire entrer Pierre dans cette compréhension parfaite que Dieu, même s’Il est transcendant, n’est pas un Dieu caché mais un Dieu qui est proche, un Dieu qui est en l’homme parce qu’Il a pris son humanité : Jésus lui dit : « Sois sans crainte… », te voilà rétabli dans la relation à notre Père commun, dans la paix… Tu es entré, grâce à moi, dans cette vie de gratuité divine.

Non pas seulement pour toi mais, puisque tu seras pêcheur d’hommes, pour tous ceux à qui tu vas transmettre cette paix. L’Incarnation est le lieu où l’homme, à la recherche de Dieu, l’homme qui a découvert d’une certaine manière la transcendance de Dieu, d’un Dieu lointain, créateur, source fontale de son être, découvre que ce Dieu est en lui et que, parce qu’Il est en lui, ce Dieu lui permettra d’intérioriser sa vie. Non pas de la faire mourir, non pas de la mettre de côté, mais de l’intérioriser, de la valoriser, de l’éterniser pour que cette vie, si pauvre soit-elle, si pécheresse soit-elle, soit avec cette offrande, une vie eucharistique, une vie donnée, une vie de gratuité, une vie divine avec laquelle et dans laquelle l’homme entre au ciel.

Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Retrouvez la Lectio divina quotidienne de Mgr Le Gall sur X : @mgrjmlegall

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.