Lectio divina – Présentation du Seigneur – Année C

Mal.3, 1-4 Héb.2, 14-18 Lc.2, 22-40

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Le temps liturgique de Noël s’est achevé avec le Baptême du Seigneur. Toutefois, l’Église conserve jusqu’au 2 Février le chant de l’Antienne Mariale du temps de Noël pour l’Office de Complies. C’est avec la Présentation de Jésus au Temple que l’Alma disparaît au profit de l’Ave Regina cælorum. C’est dire que la fête de la Présentation du Seigneur et de la Purification de la Vierge est vue comme une charnière permettant de fermer la porte du mémorial de Noël et d’ouvrir celle du Mystère pascal. Explication.

L’offrande de Jésus est filiale…

La Présentation de Jésus-Enfant, dans la lumière de Noël, est une anticipation et une figure de ce que sera la Présentation du Christ-Homme à la Croix dans les ténèbres du Mystère pascal. La première Présentation se fait, l’Enfant mené par Sa Mère. La seconde se fera, l’Homme, Ecce Homo, mené par la Volonté de Son Père : « Cependant non pas ma volonté, Père, mais la tienne… » C’est, dans les deux cas, la coloration filiale de l’offrande qui est le signe de la présence du Salut, comme le dit aujourd’hui Syméon.

C’est filialement qu’il nous faut nous offrir au Père

Cette attitude bien particulière d’offrande filiale, voilà ce qui fait Lumière pour nous ! Voie à suivre… Comme l’indique le cheminement des fidèles munis de la lumière des cierges, participation pauvre mais réelle à la Lumière de Celui que le cierge pascal symbolisera à Pâques. Il s’agit donc de s’offrir, et filialement encore ! D’ailleurs quand la monition initiale de la bénédiction des cierges dit que cette fête célèbre le Christ venant à notre rencontre, c’est, sous-entendu, pour qu’Il nous emmène avec Lui dans ce mouvement d’offrande filiale qui s’achèvera à la Croix. C’est ce qu’annoncera Jésus : « Quand je serai élevé, j’attirerai tous les hommes à moi ! »

L’accomplissement de la Loi, c’est Jésus Lui-même !

Par cet acte de Présentation, Jésus accomplit vraiment la Loi comme Il le dira durant Son ministère public : « Je suis venu accomplir la Loi et non l’abolir. » Il accomplit la Loi, non pas tant parce qu’Il est présenté (passivement) au Temple, que par ce que ce geste signifie. Et il signifie ce qu’Il est et ce qu’Il mettra en avant à la Croix (activement), dans la reprise de ce mouvement d’offrande, à savoir l’Esprit filial qui Le pousse au don vers le Père afin de rendre l’Esprit au monde pour qu’il se donne à son tour au Créateur !

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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On remarquera d’ailleurs que le précepte de la loi du Lévitique concernant le rachat du premier-né pour la somme de 5 sicles d’argent est totalement occulté par Luc. Comme si l’évangéliste voulait nous montrer par-là que l’accomplissement de la Loi se situe bien ailleurs : non dans la lettre mais dans l’Esprit !

Ce n’est pas parce que Luc est grec qu’il shunte délibérément les précisions judaïques, ni par insouciance ou paresse qu’il mélange dans une savante salade les règles de purification et celles du rachat du premier-né.

C’est pour nous faire saisir que l’accomplissement de toutes ces lois, c’est Jésus Lui-même et non ce qui est fait à Son égard !

Débarrassé des détails juridiques, le récit peut ainsi exposer à nos yeux Jésus comme Celui qui vient racheter les pécheurs, au prix de Sa vie. C’est Jésus qui remplace de manière définitive les couples de colombes ou de tourterelles, comme les 5 sicles d’argent…

Jésus est moins offert qu’Il ne s’offre pour nous sauver !

Pour ce faire, Jésus est porté par ses parents pour être présenté au Seigneur, comme une oblation. Dans la tradition hébraïque, la présentation est une action sacrée, liturgique, que nous retrouvons dans la présentation des oblats par le prêtre durant le sacrifice eucharistique.

Le mot de ‘présentation’ signifie non seulement l’acte du prêtre, mais également l’offrande elle-même, la victime offerte à Dieu. Ce petit Enfant, porté par Ses parents, devient ainsi soudainement, comme l’annonce Malachie (« Soudain… »), le grand Prêtre en même temps que la Victime pour présenter l’offrande en toute justice afin qu’elle soit bien accueillie du Seigneur.

Jésus n’est pas précisément racheté : c’est l’inverse ! Il est reconnu comme consacré. A la fois Saint de Dieu et mis à part pour Dieu. C’est pourquoi Son offrande nous rachètera tous. Nous avons ici la première actualisation de la Sainteté de l’Enfant annoncée par l’Ange à Marie : « Il sera appelé Saint. » Saint, Il l’était par Sa nature, Il n’avait donc pas à être sanctifié par une offrande à Dieu. Bien au contraire, c’est en S’offrant qu’Il sanctifiera ceux qu’Il n’a pas de honte à appeler Ses frères. Et c’est ainsi, assez curieusement et à front renversé pourrait-on dire, que la Loi s’accomplit…

Vivre la Présentation avec un œil sur le Mystère pascal

Alliance et Amour, Offrande et Purification : tels sont les thèmes de la fête du 2 Février et tels seront les thèmes de Pâques. La Présentation de Jésus est la première fenêtre qui s’ouvre, après Noël, sur l’accomplissement de la vie du Fils qui aura lieu à Pâques.

Oui, c’est vraiment dans ce contexte pascal que le 2 Février doit être vécu, ainsi que l’exprime Malachie lorsqu’il parle du « Messager de l’Alliance. » Nous quittons la douceur du temps de Noël pour initier notre montée vers Jérusalem. Oh, certes, le calendrier lunaire nous laisse encore cinq semaines de répit, en cette année 2025. Mais l’idée est bien celle-là : il faut déjà préparer le sac pour la route !

Notons encore que le texte prophétique nous renvoie très explicitement à la prédication du Baptiste, c’est-à-dire à la conversion et au Jugement de Dieu, à la purification du péché, à l’offrande juste présentée au Seigneur… En un mot, c’est le mystère pascal que Malachie, avant le Précurseur, annonce au cours de cette Liturgie.

D’ailleurs, la lecture des Hébreux confirme, si besoin était, cette évidence que c’est dans la couleur pascale que la Présentation doit être célébrée. Saint Bernard prêchait ainsi : « L’Enfant qui nous est né est appelé Sauveur au moment même où il est circoncis, car, versant pour nous ce sang pur, il commence à opérer notre salut. » (Sermon sur la Circoncision)

 

« …Et la vie était la lumière des hommes… »

C’est dire que si cette fête revêt un aspect lumineux (nos frères d’Orient la nomment à juste titre : « Fête de la Lumière ») cela doit être bien compris. Nous ne sommes point dans un éclaboussement de spots scintillants, comme le monde commercial le pratique dans le cadre des festivités de fin d’année. Nous ne sommes pas, non plus, dans la célébration d’une lumière solaire, comme nous y invite le retour des fêtes païennes dédiées à la lumière et qui font la joie de nos municipalités en manque de distraction touristique…

C’est bien de Lumière pascale qu’il s’agit. Une Lumière qui n’est pas captive des ténèbres du Vendredi Saint, une Lumière qui a la couleur de Sang de l’Amour offert mais refusé, une Lumière qui éclaire en se consumant sans jamais s’éteindre ni disparaître, une Lumière qui révèle un Jour nouveau qui ne finit plus, une Lumière qui n’est pas le soleil, et cependant qui est, plus que lui encore, Vie de l’homme, dira saint Jean en son Prologue.

Trouver le Christ, c’est faire comme Lui

Comme je l’ai déjà souligné, la monition initiale de la Liturgie nous incite à partir à la rencontre du Christ pour Le trouver. Trouver le Christ, c’est faire comme Lui, vivre comme Lui, selon les mêmes principes. C’est dire qu’il nous faut, nous aussi, nous présenter devant le Père, comme le Fils, en bons fils…

C’est le message de la Collecte : « …Fais que nous puissions, avec une âme purifiée, être présentés devant toi. » Oui, la Lumière nous est donnée pour qu’avec Son éclairage, nous puissions, nous aussi, présenter l’offrande pure de notre personne au Père, selon la recommandation de Paul aux Romains (12, 1).

C’est à cette purification des membres du Corps mystique que Luc songeait en écrivant que les jours étaient venus pour leur purification. Il s’agit de tous ceux qui, croyant en Lui, entrent dans cette démarche d’offrande filiale. La purification de nos cœurs s’est accomplie pour une fois en Lui, en Sa mort. Alors, ensevelis avec Lui par le baptême dans la mort, nous sommes appelés comme Lui, à ressusciter des morts pour vivre d’une vie nouvelle, à la gloire du Père. (Cf. Rm 6, 4)

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.