Lectio divina pour le Baptême du Seigneur

Is.40, 1-5.9-11​​ Tt.2, 11-14.3, 4-7 ​​Lc.3, 15-16.21-22

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Depuis Noël les illuminations de la divine lumière se suivent : Noël bien sûr, puis l’Épiphanie et maintenant le Baptême du Christ. Ces évènements se succèdent rapidement. Ils sont indissociables les uns des autres (comme le disent nos frères orientaux) parce qu’ils révèlent chacun une face du mystère de Dieu venant dans le monde par Son Verbe. Noël nous apprend le Christ, l’adoration des Mages nous dit l’Église et aujourd’hui avec le Baptême de Jésus, Dieu nous révèle l’Esprit. Dimanche prochain, alors que nous serons déjà entrés dans la vie publique du Christ, nous aurons l’ultime manifestation lumineuse du Verbe (que les orientaux fêtent en même temps), par le miracle de Cana. Avec lui nous sera révélé le mystère de Marie, mère du Christ, épouse de l’Esprit et premier membre de l’Église.

Comme on le voit, tout se tient. C’est pourquoi, dans notre sanctification liturgique, il faut absolument garder les mains tendues d’un dimanche à l’autre pour saisir la puissance substantielle du message évangélique que l’Église nous transmet, semaine après semaine.

DIEU SE RÉVÈLE POUR ÊTRE NOTRE SOURCE DE BONHEUR

Remarquons aussi que, dans toutes ces apparitions lumineuses du Verbe, l’homme est présent dans ce qui est le cœur de sa vocation : être un adorateur de Dieu. A Noël ce furent les bergers, pour l’Épiphanie c’étaient les Mages, avec le Baptême, même si le texte de l’Évangile de cette année C ne le précise pas, c’est le Baptiste qui se mettra à genoux devant le Christ.

Dimanche prochain, à Cana, ce seront les apôtres : « Ce fut le premier signe de Jésus et ses disciples crurent en Lui ». Donc au cours de ces illuminations qui précisent, développent le mystère de l’Incarnation et nous préparent à le vivre à la suite de Jésus menant Sa vie publique, il y a toujours, à côté du Christ dans le mystère de l’Église, dans le mystère de l’Esprit et dimanche prochain avec le mystère de Marie, l’homme comme adorateur. C’est dire que Dieu ne se révèle pas pour se faire valoir. Dieu se révèle pour que l’homme puisse Le contempler, être en communion d’amour avec Lui et donc entrer dans le bonheur !

LE CHRIST, L’ESPRIT ET L’ÉGLISE…

Dans le mystère du Baptême que nous célébrons aujourd’hui il y a une particularité. En fait, les trois mystères, Noël, l’Épiphanie et bien sûr le Baptême, s’y regroupent et sont comme synthétisés.

Nous avons devant les yeux le personnage du Christ publiquement comme il apparaît aux Juifs venus se faire baptiser par Jean.

Nous avons l’apparition de l’Esprit : « J’ai vu l’Esprit se poser sur Lui. »

Et nous avons, de manière figurative, l’Église car l’Esprit vient sur Jésus « en prenant l’aspect corporel d’une colombe. » Or Il aurait très bien pu prendre l’aspect de la langue de feu comme Il le fera à la Pentecôte ! En effet, la colombe, avec le Cantique des Cantiques, c’est la bien-aimée (l’Église, l’âme) à laquelle Jésus s’unit dans des épousailles mystiques par l’Esprit qui est l’âme de l’Église. Nous avons bien ainsi dans ce tableau du Baptême : le Christ, l’Espritet l’Église. Et ce sont ces trois réalités qu’il nous faut contempler.

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

JÉSUS EN SON HUMANITÉ EST LE PREMIER À VIVRE DE L’ESPRIT

Commençons par la première, Jésus-Christ. Nous devons nous arrêter, et contempler attentivement cet acte particulier de la réception de l’Esprit Saint par Jésus dans Son humanité ! Bien sûr Il Le reçoit dès Sa conception, mais comme c’est un acte mystérieux, invisible, Il sera manifesté visiblement dans cet acte du Baptême par la descente de la colombe. Jésus en tant qu’homme reçoit l’Esprit Saint et va en vivre !

Nous le verrons lors du 1er dimanche de Carême. L’Évangile nous parlera de Jésus qui, sitôt après le Baptême, « poussé par l’Esprit s’en va au désert. » Chez Luc d’ailleurs, cet épisode sera suivi immédiatement de son explication : Jésus est poussé par l’Esprit parce qu’Il en est investi. Tel est le message du Seigneur à la synagogue de Nazareth : « Aujourd’hui s’accomplit la parole d’Isaïe, le Seigneur m’a consacré, Il m’a oint de l’Esprit pour m’envoyer porter la Bonne Nouvelle aux pauvres… »

Donc le premier à vivre cette vie de l’Esprit c’est Jésus-Christ.

LE CHRIST A REÇU L’ESPRIT POUR NOUS QUI ÉTIONS EN LUI

Pourquoi est-ce que le Christ dans Son humanité reçoit l’Esprit ? Pour permettre à l’humanité, toute entière assumée par Jésus, de recevoir à son tour l’Esprit et d’en vivre. Le Verbe a assumé l’humanité entière. Dans l’humanité, Il en a assumé la part corporelle : la souffrance, la faim, la croissance, le développement, la mort… Mais Il en a assumé surtout la part intérieure, spirituelle, pour qu’à notre tour nous puissions, en Lui, vivre cette vie spirituelle au sens propre, cette vie pneumatique, vie d’enfant de Dieu qui est celle, naturelle, du Verbe incarné. Le Christ a reçu l’Esprit pour nous qui étions en Lui.

Voilà le premier point qu’il est bon et beau de contempler aujourd’hui. Je ne suis pas seul à vivre dans l’Esprit, nous ne sommes pas seuls à vivre dans l’Esprit, nous suivons dans cette vie de l’Esprit un Frère, un grand Frère qui est le Fils de Dieu Lui-même !

« TOUS CEUX QU’ANIME L’ESPRIT DE DIEU SONT FILS DE DIEU »

Le deuxième point qu’il faut regarder concerne plus précisément cet Esprit en lequel, par lequel nous sommes appelés à vivre, à la suite de notre Frère aîné.

Pourquoi fallait-il que l’humanité reçoive l’Esprit Saint ? Il fallait que l’humanité reçoive l’Esprit Saint parce que c’est dans l’Esprit que nous sommes enfants de Dieu. L’épisode du Baptême est très clair qui fait le lien entre l’apparition de l’Esprit, et la proclamation de la filiation divine de Jésus. Tous les évangélistes ont retenu : et cette descente de l’Esprit sur Jésus, et la voix du Père qui sort du ciel et proclame : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui-ci est celui en qui J’ai mis tout mon amour, écoutez-Le ». C’est donc l’Esprit Saint qui fait l’homme enfant de Dieu, y compris Jésus en Son humanité : « Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu » dira Paul.

Car Dieu ne pouvait se contenter de faire de l’homme un adorateur. Dieu avait l’intention de restaurer l’homme dans sa forme originelle qu’Il a Lui-même créée, à Son image et à Sa ressemblance. Or qu’est-ce qui est fait à l’image de quelqu’un si ce n’est son enfant ? Dieu ne nous crée pas comme Il crée le minéral ou le végétal qui ne sont que des vestiges, des traces éloignées de Sa puissance. Dieu dans la création nous a engendrés comme des enfants, établissant ainsi entre Lui et nous une réelle relation personnelle de père à fils. Alors, pour qu’à la suite du péché originel qui a brisé cette relation de filiation, nous redevenions l’enfant du Père tel le fils prodigue de Luc, il fallait que Dieu nous donne Celui qui, seul, pouvait reconstruire cette filiation : Son propre Esprit.

Nous nous rendons mieux compte de l’importance de cette effusion de l’Esprit (qui sera rendue publique à la Pentecôte, inscrivant en même temps l’Église dans l’ordre missionnaire),prévue de toute éternité par le Père et qui a été préparée par l’Ancienne Alliance…

Si nous reprenons les lectures prophétiques comme celles d’Ézéchiel nous retrouverons, en leitmotiv, cette annonce que Dieu fait à Son peuple : « Je répandrai sur eux mon Esprit… »,« Je leur donnerai un cœur nouveau… », « J’enlèverai leur cœur de pierre pour mettre un cœur de chair… », « Je ferai d’eux un peuple de fils ! » Ces annonces se réalisent parfaitement dans ce nouvel Adam de la nouvelle humanité qui est Jésus-Christ aujourd’hui.

Cette venue de l’Esprit ne doit pas être ramenée à une effusion charismatique ponctuelle et utilitaire. C’est la vie même de Dieu qui est donnée à l’homme pour qu’il soit, non seulement un adorateur, mais un enfant aimant.

PAR LE BAIN DU BAPTÊME, LE CHRIST NOUS A FAIT RENAÎTRE.

Troisième point : Comment l’humanité pourra-t-elle recevoir cet Esprit qui la fait devenir -si elle accepte- enfant de Dieu ? Paul nous donne une réponse claire dans la lecture : « C’est par le bain du baptême que le Christ nous a fait renaître… » Est toujours présent cet aspect de la naissance c’estàdire de l’enfantement, de l’engendrement divin qui renvoie au discours de Jésus à Nicodème : « Celui qui renaît de l’eau et de l’Esprit », celui qui de nouveau est engendré enfant de Dieu, à l’image de Dieu.

« Il nous a fait renaître par le bain du baptême, Il nous a renouvelés par l’Esprit. » précise Paul. C’est donc par le Baptême que nous recevons l’Esprit. Le Baptême est le sacrement premier, institutionnel, de l’Église. On comprend ainsi qu’il soit le seul sacrement de nécessité de salut.

L’ÉGLISE EST LE LIEU DE L’ESPRIT ET DONC LE LIEU DU PARDON !

L’Église est le lieu de l’Esprit avant toute chose. Souvenons-nous de Jésus aux apôtres : « Recevez l’Esprit Saint. » Il n’a pas dit : construisez des églises, ramassez le denier du culte. Il a dit : Recevez l’Esprit Saint ! Ajoutant d’ailleurs : « Ceux à qui vous remettrez les péchés… » Car, comme le dit Zacharie dans le Benedictus, la venue du Salut se traduit par le pardon des péchés !

Recevez l’Esprit Saint… L’Église est le lieu de l’Esprit, elle est le vase de l’Esprit, à l’image de Marie. Elle est le vase de l’Esprit pour communiquer l’Esprit. L’Amour de Dieu dit Paul c’estàdire la Vie, l’essentiel de Dieu, « l’Amour de Dieu est diffusé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » par et dans le Baptême, dans et par l’Église.

LE BAPTÊME, LE CORPS, LES MEMBRES…

C’est par le Baptême, c’est par et dans cet Esprit que nous devenons chacun tout d’abord le corps du Christ c’estàdire l’Église. Chacun et chacune d’entre nous est dans la totalité le Corps du Christ, c’estàdire l’Église dont Jésus est la tête. L’Église est totalement en chacun de nous par cette présence de l’Esprit qui est indivisible. De la même manière qu’à Noël l’indivisibilité de l’Amour de Dieu fait de chacun de nous la finalité totale et ultime de l’Amour de Dieu.

Donc nous sommes, par le Baptême, le Corps de Jésus-Christ c’est à dire l’Église. Mais nous sommes en même temps, même si cela paraît contradictoire, nous sommes chacun, membres différents et multiples, de ce seul Corps du Christ. Je vous renvoie à l’épître aux Corinthiens où Paul précise que certains sont comme les mains, d’autres sont comme les jambes mais tous ne forment qu’un seul corps. Donc par l’Esprit reçu au Baptême nous sommes chacun tout entier le Corps du Christ c’estàdire l’Église dont Jésus est la tête et nous sommes par le même Baptême, chacun dans notre différence, dans notre vocation personnelle, sujet unique de l’Amour de Dieu bien caractérisé, bien personnel. Et chacun ne forme avec tous les autres qu’un seul Corps dans le Christ.

C’est cette réalité mystérieuse de l’unité composée de plusieurs parts que représente la traditionnelle galette des Rois. Elle est le signe très humble de ce mystère du Corps formé et cimenté par chacun des membres.

C’est cette réalité mystérieuse, aussi mystérieuse que le mystère de l’Incarnation, cette réalité sanctifiante, puisqu’elle est engendrée par l’Esprit, qui nous définit. Notre monde insiste trop sur les réelles divisions politiques, raciales, sociales pour que nous ne soyons pas heureux de pouvoir, au-delà de ces différences inéluctables, vivre dans cette unité de l’Esprit qui fait le lien de la paix pour reprendre la phrase de Paul aux Éphésiens.

LE BAPTÊME, C’EST AUSSI LE SALUT À TRAVERS MOI POUR LES AUTRES

N’oublions donc pas de contempler tout ce que nous avons reçu par le sacrement du Baptême : seul sacrement de nécessité de Salut, il me pose dans la filiation, et me fait renaître à mon image première d’enfant de Dieu. Je peux être sauvé sans Eucharistie, je ne peux pas être sauvé sans Baptême : « Qui croira et sera baptisé sera sauvé » dit Jésus.

Le Baptême, c’est aussi le salut à travers moi pour les autres. Parce que je reçois l’Esprit de Jésus. Insistons : c’est absolument le même Esprit que Jésus a reçu pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres, pour consoler les affligés, pour annoncer une année de libération… C’est cet Esprit-là, cette Puissance écrira Paul aux Éphésiens que je reçois. C’est cette Puissance qui me poussera bientôt au désert du Carême, à la suite de Jésus et à la rencontre avec le Père.

Mais dès dimanche prochain débutera le Temps Ordinaire. C’est pour cela d’ailleurs que Marie nous sera donnée en exemple avec l’épisode de Cana : Marie mère de l’Église, Marie première des rachetés, Marie notre mère et notre modèle.

Nous entrerons avec elle et tous ensemble, en cette Église que nous sommes chacun individuellement et que nous formons en tant que Corps, à la suite du Christ, dans la vie publique du Fils de Dieu. Jusqu’à présent cette vie restait cachée et en quelque sorte réservée à la contemplation des bergers, des Mages, de Marie, de Jean-Baptiste…

Suivre Jésus et L’écouter pour L’imiter… Celui qui M’accueille, c’estàdire qui accueille Ma Parole, qui L’écoute et qui La garde, deviendra enfant de Dieu nous dit Jean. Nous allons L’écouter pour L’imiter et nous allons L’écouter pour L’annoncer : « Qui vous écoute m’écoute et qui m’écoute écoute celui qui m’a envoyé. »

Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Retrouvez la Lectio divina quotidienne de Mgr Le Gall sur X : @mgrjmlegall

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.