Lectio divina – 29ème Dimanche Ordinaire – Année B

Is.53, 10-11 Héb.4, 14-16 Mc.10, 35-45

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Aussi curieux que cela puisse paraître ce texte des apôtres qui réclament les premières places continue finalement l’enseignement du 28ème dimanche où nous avions entendu le Seigneur nous dire, avec l’épisode du jeune homme riche, que c’est de Dieu que procède toute bonté.

Aimer comme Dieu aime

Ce dimanche s’ouvre sur la Collecte par laquelle nous demandons à Dieu de « vouloir ce qu’Il veut », c’est-à-dire d’aimer ce qu’Il aime, l’amour étant l’acte de la volonté. Nous demandons donc à Dieu d’aimer ce qu’Il aime et « de servir sans partage Sa gloire. » Si nous le demandons c’est que Dieu souhaite que nous fassions cette demande et que nous recevions effectivement cette grâce. C’est une grâce particulièrement délicate qu’Il nous propose, une grâce de force, de lumière pour arriver avec notre cœur limité, car humain, à poser un acte d’amour qui ait les dimensions de Son Amour à Lui, de Son Amour divin, donc infini, d’une profondeur immense, inconditionnel et sans acception de personne.

La Bible regorge de toutes ces caractéristiques de l’Amour de Dieu, « lent à la colère et plein d’amour », « plein de tendresse et de miséricorde. » Dieu nous propose donc de nous donner cette grâce afin d’aimer les autres et même tous les êtres, (ce qui comprend les hommes, mais aussi comme le comprit saint François d’Assise, toute la Création, végétaux, animaux, minéraux même…), tous ces êtres qui participent de l’Être de Dieu, puisqu’ils ont été créés par Dieu. Il nous offre de quoi aimer tous ces êtres parce qu’ils sont des êtres, parce qu’ils sont une participation de l’Être de Dieu et pour ce qu’ils sont en tant qu’êtres, et non pas pour ce que nous voudrions qu’ils soient ! Par cette grâce de lumière que nous Lui demandons, Dieu nous donne d’aimer véritablement. L’amour vrai consiste à adhérer à l’autre, à le voir pour ce qu’il est, parce qu’il est et non pas pour ce que nous croyons ou que nous voudrions qu’il soit.

Aimer c’est vivre comme Jésus

Concrètement qu’est-ce que cela signifie : aimer de manière divine ? Comment cela va-t-il se traduire ? L’Évangile nous donne la réponse puisque Jésus parle de celui qui veut être grand. Or, grand c’est l’attribut de Dieu. Dieu seul est grand. Dieu seul est saint. Dieu seul est Amour. Jésus donc va orienter cet épisode sur l’enseignement de la grandeur chez l’homme, grandeur participée de la grandeur de Dieu, donc de Son Amour.

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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En deux mots Jésus dit : Si vous voulez aimer… (« celui qui veut être grand… » ) voilà ce qu’il faut faire. Et en même temps Jésus réfère cette explication de l’amour à Sa personne, parce qu’il n’y a pas d’autre amour qu’en Jésus. Il le fait parce qu’en disant : « Celui qui veut être grand », Il nous renvoie à un autre épisode fondamental de l’Évangile et de Sa vie qui est l’épisode de l’Annonciation : « Tu vas enfanter, … Il sera grand, … Il sera appelé le Fils du Très-Haut. »

Donc Jésus nous parlant de l’amour, nous en parle au niveau de Dieu et plus particulièrement à Son niveau à Lui qui représente le Père. « Celui qui veut être grand… » est donc une référence au mystère de Noël : « Il sera grand… »

Et lorsque Jésus insiste à travers Marc : « Celui qui veut être le premier », Il ne fait plus référence au mystère de Noël, mais à Son mystère pascal. Saint Paul nous dit qu’« Il est premier-né d’entre les morts. » Donc « celui qui veut être le premier » devra se conformer à Jésus Premier-né d’entre les morts…

Donc qu’est-ce que l’Amour ? Il ne s’agit pas seulement de philanthropie, il s’agit de charité, il s’agit d’Amour théologal. Il s’agit vraiment de cette grâce d’Amour que Dieu se propose de nous donner et qu’Il va manifester en Jésus du début de Sa vie, (mystère de Noël, mystère de l’Incarnation), à la fin de Sa présence historique qu’est le mystère de la Croix et de Sa Résurrection, mystère du Premier-né d’entre les morts.

Aimer c’est se faire l’autre

Qu’est-ce que va nous dire Jésus sur cet Amour ? Il va nous dire : il faut servir : « …qu’il soit le serviteur, qu’il soit l’esclave. » Cela nous rappelle l’hymne de Paul aux Philippiens : « Ayez en vous les sentiments qui furent dans le Christ-Jésus : Lui qui de condition divine s’est dépouillé pour être l’esclave. » Donc Jésus parle de ce qu’Il connaît ! Il parle au nom du Père qui L’envoie afin qu’Il expérimente devant nous l’Amour de Dieu, ceci pour que nous sachions comment est cet Amour afin de pouvoir y adapter notre vie d’enfants de Dieu.

Que veut dire être serviteur, être esclave ? Cela veut dire se mettre à la disposition totale de l’autre. Ce qui est important ici c’est le terme ‘total’. Nous avons dans notre vie de chrétien, une intention, une volonté de nous mettre à la disposition de nos frères. Mais cette mise à la disposition, nous la limitons souvent dans le temps pour ne pas être, quand même, trop dérangés ! … Nous la limitons aussi dans le montant de l’argent, de ce que nous pouvons donner. Bref nous la limitons par tous les biais possibles qui mettent autour de notre personne quatre piquets et un fil de fer barbelé…

Être serviteur c’est se mettre à la disposition totale. Et ce total se traduit par : devenir l’autre ! Se mettre à la disposition totale de quelqu’un jusqu’à, d’une certaine manière, devenir ce quelqu’un. Pour qu’il n’y ait plus de distance, mais au contraire pour qu’il y ait communion, pour qu’il y ait immédiateté de service. Être serviteur c’est se mettre à la disposition totale jusqu’à devenir l’autre, c’est-à-dire se dépouiller de ce petit pré carré dans lequel on a planté sa tente, pour se mettre en l’autre. C’est ce que Jésus a fait dans le mystère de l’Incarnation : Il s’est fait autre, Il s’est fait homme !

Glorifier Dieu par le don de sa vie

Mais dans quel but servir ? Il faut savoir quelle est la finalité de nos actes pour les orienter de manière ajustée. Vers quoi marchons-nous ? De quel dépouillement s’agit-il ? Me mettre au service de quelqu’un, me mettre à sa place, pourquoi ? Dans la Collecte nous avons demandé d’aimer comme Dieu aime, donc d’aimer les autres, d’aimer les êtres comme Dieu les aime. Mais en même temps de « servir Sa gloire sans partage. » Ces deux réalités, que sont le service de l’autre et le service de la gloire de Dieu, sont inséparables.

Qu’est-ce à dire ? Cela signifie que la gloire de Dieu est orientée vers le don de la vie, vers le don de soi pour servir l’autre. L’exemple est là du mystère trinitaire où le Père n’existe que parce qu’Il engendre Son Fils et où le Fils n’existe que parce qu’Il est engendré par le Père. Il y a don de la paternité et retour de la filiation. Ce dépouillement de soi à l’intérieur de la Trinité, nous n’aurions pas pu le connaître si le Christ n’était pas venu nous en parler et surtout le vivre devant nous. Le Christ est effectivement venu donner Sa vie. La gloire de Dieu c’est ce don de Sa vie à travers Jésus.

Servir pour glorifier Dieu

Mais il y a un autre lien qui attache le service de l’autre et la gloire de Dieu. Ce deuxième lien est que le service de l’autre doit être orienté vers la gloire de Dieu c’est à dire vers la plénitude de Son Être, vers Sa Joie, vers Sa Communion. Dieu est Père, Dieu est Fils : Ils sont POUR être en communion d’Amour. Cette communion, c’est la personne de l’Esprit. La gloire de Dieu c’est cette communion, cette vie bienheureuse de la Trinité, cet Amour ineffable, ce mouvement infini du Père vers le Fils, du Fils vers le Père dans l’Esprit, mouvement qu’Il cherche à déployer sur toute la création et dans lequel Il souhaite faire entrer l’homme, Son enfant.

Là encore le Christ est venu pour orienter Son service, Son dépouillement vers la communion avec Son Père, « vers mon Père et votre Père. » « La vie éternelle –dira-t-Il à Ses disciples peu de temps avant de mourir- c’est qu’ils Te connaissent », c’est-à-dire qu’ils ‘naissent à Toi’, le Père, Dieu vivant et vrai. Donc le service de Jésus, le dépouillement de Jésus est orienté vers la gloire de Dieu, vers cette communion de l’homme à Dieu, vers cette relation qu’Il restructure, je dirais même qu’Il recrée entre l’homme et Dieu, Lui qui est parfaitement homme et parfaitement Dieu.

C’est pour cela que le Christ est, comme le rappelle la lecture des Hébreux, Grand Prêtre faisant le lien entre deux mondes, le monde du Ciel et le monde de la terre. Et cette finalisation du service vers l’union de l’homme à Dieu que l’on appelle finalement la Rédemption, elle est absolument présente dans l’enseignement de cet évangile.

Le Christ sert la gloire de Dieu en sauvant l’homme à la Croix

Luc le fera paraître avec une petite connotation qui lui est particulière ; il fera dire à Jésus : « Celui qui veut être le plus grand qu’il soit le dernier. » C’est une référence à ce dernier esclave dont Jésus va prendre, non seulement le rôle, mais l’être même lors de la Cène quand Il lavera les pieds de Ses apôtres ! C’est en effet une des fonctions qui était attribuée au dernier esclave de la maison romaine, à celui qui ne pouvait même pas prétendre appartenir à la domus ! Qu’il soit le dernier, qu’il soit non pas le plus petit au sens d’une fausse humilité comme nous la concevons mondainement, mais qu’il soit le dernier esclave qui se mette à genoux pour laver les pieds.

Il y a une autre référence à la Cène, à la communion eucharistique, au mystère pascal : « Je suis venu non pas pour être servi mais pour servir et donner ma vie en rançon pour la multitude » dit Jésus dans ce passage. Il anticipe, ce faisant, ce qu’Il dira lors de l’institution eucharistique : « Voici mon sang versé pour vous et pour la multitude. » Le mot multitude traduit le poloï grec, c’est-à-dire « l’innombrable. » Nous avons cette caractéristique de la bénédiction divine dans les paroles de Dieu à Abraham : « Ta génération, ta descendance sera innombrable comme les étoiles du ciel ou les grains de sable au bord de la mer. »

Donc c’est pour la multitude, pour ces hommes innombrables qui vont venir à l’existence, que Jésus offre Son Sang « en rémission des péchés »

« Je Suis au milieu de vous… »

Nous voyons donc que le service de Jésus, ce dépouillement, cet Amour qu’Il apprend à Ses apôtres, à propos de cet épisode apparemment secondaire sur la jalousie entre Jacques, Jean et les dix autres, cet Amour qu’Il essaye d’inculquer à Ses disciples, qui est l’Amour de Dieu et qu’Il nous prie de demander à Dieu, il est en finalité, référé uniquement et absolument au mystère pascal.

Nous dépassons, nous transcendons la philanthropie, l’action sociale dont nous avons pourtant tellement besoin dans nos villes et dans nos pays. Il ne s’agit pas de rayer d’un coup de plume l’O.N.U., l’O.M.S., le B.I.T. et toutes ces institutions qui expriment un souci toujours plus grand de l’humanité, non !

Mais Jésus se place à un autre niveau. Il s’agit de Rédemption, il s’agit de réunion de l’homme à Dieu. Et c’est dans ce sens-là que Jésus vient se dépouiller, vient devenir un autre, vient devenir un homme pour prendre sur Lui tout le poids de l’homme qui empêche cette réunion. Ce poids, c’est le poids de son péché qui empêche l’homme de rejoindre son Père. Et nous retrouvons le thème de l’épître aux Hébreux : « Il a été compatissant, Il a pris sur Lui toutes nos faiblesses » pour nous réunir à Son Père.

Le Christ, c’est par Amour, par service qu’Il s’est fait solidaire des hommes. A quel point ? Il le dit : « Je SUIS, -c’est-à-dire Dieu-, au milieu de vous » c’est-à-dire les hommes. Tout le mystère de l’Incarnation, cette médiation unique dont parlera Paul à Timothée (« un médiateur unique entre Dieu et les hommes ») est présent dans cette phrase : « Je suis au milieu de vous. »

A tel point Il devient autre, à tel point Il nous prend sur Lui, à tel point Il se fait homme, que tout ce qui nous appartient – c’est-à-dire le péché – vient à Lui et tout ce qui Lui appartient – c’est-à-dire la grâce de la Rédemption – vient en nous. Péguy disait que « Dieu a été de l’homme. »

« Dieu a été de l’homme. »

Et ce que le Christ demande à Ses apôtres en dépassant infiniment la petite querelle des places, c’est de poursuivre cette solidarité avec l’homme, cette solidarité qui consiste à prendre sur soi la misère, la peine de l’autre : « Venez à moi vous tous qui peinez et je vous soulagerai. » Ça passe bien entendu par le pain, par le toit, par les vêtements, par tout ce que font tous les organismes humanitaires. Mais ça le dépasse infiniment puisque le véritable poids qui pèse sur l’épaule de l’homme c’est ce péché, c’est à dire cet éloignement de Dieu, cet aveuglement.

Jésus nous invite à prendre aussi sur nous, nous les chrétiens, nous Son Église, ce poids de nos frères sur nos épaules. C’est ce qu’on appelle la participation à la Rédemption. Il faut que l’Église devienne le lieu d’accomplissement de l’union entre l’homme et Dieu.

Il faut que nous ayons cette conscience de notre responsabilité de co-rédempteurs avec le Christ à la suite de la Vierge Marie. Et on peut dire que les poèmes du Serviteur Souffrant dont nous venons d’écouter une péricope dans la première lecture n’annonce pas seulement le Christ : ils annoncent aussi l’Église. Ils annoncent la Tête, mais ils annoncent également le Corps. C’est à nous aussi que ces versets d’Isaïe sont envoyés !

C’est à nous aussi d’être serviteurs, celui qui devient autre, qui prend sur lui la misère non seulement sociologique mais la misère profonde, la misère de solitude, la misère morale, la misère de cette humanité en recherche… Il nous faut prendre sur nous ces misères, dans la prière, dans l’écoute, dans le sacrifice ; c’est cela l’Amour, c’est cela que Jésus demande à Ses apôtres comme à chacun de nous de vivre.

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.