La compétition est-elle chrétienne ?

La compétition pourrait-elle trouver une place dans notre vie chrétienne ? La rivalité, la comparaison ou le rapport de force permanent qui la caractérisent ne la disqualifient-elle pas d’avance ? La montée solitaire en haut du podium ne serait-elle pas, à elle-même, l’antithèse de la célèbre phrase de Jésus : « Les premiers seront les derniers » ?  Qu’y a-t-il à sauver de l’esprit de compétition qui semble d’avance avoir perdu le match ?

Pourtant le chrétien est profondément un gagnant dans l’âme. « Grâce soit rendue à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! » (1 Co 15, 57) « Nous sommes les grands vainqueurs » répète saint Paul (Rm 8,37). Le terme de victoire se retrouve en de nombreuses occurrences dans le Nouveau Testament qui nous montre que le Christ veut nous emmener vers la victoire : « Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde. » (Jn 16,33) La notion de combat est elle aussi très présente, le Christ ne nous sauve pas sans nous, et nous savons que le travail des vertus chrétiennes est une lutte quotidienne. « Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère, écrit saint Paul, ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. » (1 Co 9, 25). Et tout le livre de l’Apocalypse nous présente la vie chrétienne comme un long combat où nous sommes vainqueurs par le sang de l’Agneau. La compétition, inhérente à la condition humaine, pourrait-elle finalement être revêtue d’une âme chrétienne ?

Lorsque Jean et son frère Jacques demandent à Jésus les premières places dans son Royaume, Jésus ne leur reproche pas leur audace, il souligne simplement qu’ils ne savent pas ce qu’ils demandent, ce que ça implique de désirer la première place. Et lorsque les apôtres s’indignent de la question des fils de Zébédée, là, Jésus les rabroue tous et leur explique : « Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20, 25-28). Il y a là la clé de l’esprit chrétien de la compétition. De même que Jésus conçoit son sacrifice comme un service pour la multitude, la recherche de la première place, selon le regard de Dieu, doit avoir cette dimension fondamentale de service. Ainsi, lorsqu’on s’engage dans une compétition, on doit se demander : « qui est-ce que je sers ?»

On peut courir le 100m pour son propre égo, on peut le courir pour rendre gloire à Dieu de ses dons. On peut se battre en politique pour se faire un nom, ou pour servir le bien commun. On peut vouloir faire de son entreprise un leader mondial pour sa fortune personnelle, ou pour faire avancer tout un pays. Être chrétien nous engage à donner le meilleur de nous-même pour une croissance du Corps tout entier. La compétition retrouve ainsi son sens étymologique : competere (cum-petere), qui signifie chercher à atteindre ensemble un même point. La rivalité cède alors la place à la cohésion. Je peux monter en haut du podium en rabaissant les autres, mais je n’aurai pas grandi d’un yota, ou bien je peux tirer vers le haut toute une discipline.

La compétition est aussi un très beau levier d’éducation à la vertu et devient par conséquent un lieu de constante recherche d’équilibre. Elle n’aura jamais sa finalité en elle-même, ni encore moins en nous-même, mais si c’est bien la victoire du Christ qui est visée et que l’on fait fructifier ses dons, n’ayons pas peur de partir à l’entrainement. Elle active des mécanismes bien humains qui seront toujours à évangéliser davantage, gardons à nos lèvres les paroles du psalmiste : « Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom, donne la gloire, pour ton amour et ta vérité. » (Ps 113B). Le Seigneur n’a pas craint de déposer en l’homme ce désir de gagner et de se donner, concourons avec Lui pour que la compétition retrouve son âme chrétienne : au service de la croissance du Corps tout entier, finalisée par la Gloire de Dieu et le Salut du monde, au moyen de la fructification de ses propres dons.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.