Un son et lumière paroissial et immersif : Terra Alsatia

Le 17 mars dernier, la paroisse de Mulhouse a présenté à guichet fermé un son et lumière immersif joué par 180 acteurs dans l’Église devant 24000 personnes. Un succès inattendu dont nous parle don Armand d’Harcourt vicaire à Mulhouse.

La rédaction (LRD) : Le succès de votre son et lumière « Terra Alsatia » fut inattendu car vous avez fonctionné à guichet fermé chaque jour. Comment une paroisse se lance-t-elle dans un tel projet ?

Don Armand d’Harcourt (DAH) : L’initiative fut d’abord celle d’un entrepreneur local, dirigeant d’une entreprise spécialisée dans le son et la lumière (TSE) et attaché à notre église St Etienne. Il est venu nous présenter un projet ambitieux, pour ne pas dire insensé : monter en 4 mois un spectacle de niveau professionnel avec 200 bénévoles amateurs (que nous étions priés de trouver) en 50 représentations, mais surtout avec un objectif minimum de 18 000 spectateurs… de quoi nous laisser sans voix.

Si les choses ont pu se faire si vite c’est d’abord parce que le contact et la confiance s’est tout de suite établi. Ensuite il y avait une opportunité étonnante : disponibilité de l’entreprise, du metteur en scène sur une période qui collait avec la vie de la paroisse. Nous avons immédiatement compris que ce projet, bien qu’exigeant avait quelque chose de providentiel et que nous avions une véritable opportunité pastorale à saisir.

Après nous avions en face de nous des spécialistes du métier. Il y a eu presque 50 personnes salariées sur le projet : metteurs en scène, graphistes, intermittents, chargés de communication, techniciens, électriciens, costumière…

LRD : C’est énorme, comment sont-ils recrutés, gérés et surtout financés ?

DAH : C’est précisément le rôle du producteur et surtout le risque financier qu’il prend. Un spectacle de cette ampleur demande un budget de production de près de 500 000€. C’est la raison pour laquelle l’entrée était payante, et le risque énorme car jamais à Mulhouse un spectacle n’a été réalisé dans ces dimensions. Comme paroisse, nous avions le confort de n’avoir aucune charge financière et de pouvoir travailler avec des moyens professionnels : communication, technique…

LRD : Quelle a été la place de la paroisse dans l’organisation ?

DAH : Un projet comme celui-ci repose sur la bonne entente des 3 organisateurs principaux : le producteur qui investit, l’artiste qui écrit et met en scène et la paroisse qui recrute, fédère et accompagne les bénévoles. Notre rôle fut simultanément de trouver les bénévoles, et d’accompagner la rédaction du scénario.

LRD : Un mot peut-être sur le recrutement. On dit souvent qu’il est difficile dans les paroisses de trouver des bénévoles, vous en avez recruté plus de 200, y-a-t-il une recette cachée ?

DAH : Non malheureusement, mais c’est évidemment l’originalité du projet et l’histoire racontée qui ont suscitées un tel attrait. Toutefois il fallait faire connaitre le projet. Nous avions un mois pour les trouver et je ne vous cache pas d’avoir fait quelques nuits blanches au début. D’abord une vaste campagne de communication a été lancé sur les réseaux sociaux, tractage, affiche, annonce dans les journaux et à la radio, en chaire, présentation du projet à des établissements scolaires, associations locales… En réalité nous avions un objectif de 180 bénévoles et à la fin du mois nous en avions plus de 300. Tout âge (5 à 91 ans) tout milieu… Et toute fonction : équipe d’accueil, de communication, acteur, figurant, couturière, costumière, … Ces dernières n’ont pas chômé car il a tout de même fallu trouver près de 300 costumes au 4 coins de l’Alsace. J’en tire la leçon qu’il y a toujours de bonnes volontés si un projet est enthousiasmant et ambitieux. Mais je crois surtout qu’il était providentiel et que Dieu a pourvu.

LRD : Mais ce qui fait sans doute l’attrait d’un tel projet, c’est son message. Quelle histoire avez-vous voulu donner Terra Alsatia ?

DAH : C’est évidemment le rôle et le génie de l’auteur : Damien Fontaine. En partant de la construction de notre église (1855) il nous a immergé dans les aventures de 2 familles ballotées dans la période passionnante et souvent tragique qui fut celle de l’Alsace de la fin du XIX jusqu’à la libération de 45. Le cadre était historique avec des références à des personnalités de Mulhouse et de notre église mais l’histoire romancée. Le message de fond était que la paix est un don de Dieu qui se construit chaque jour par le pardon et la prière.

LRD : Mais un tel projet a-t-il vraiment sa place dans une église, n’est-ce pas finalement transformer un lieu de prière en salle de spectacle ?

DAH : Cette question était essentielle pour nous, car nous n’avons pas vocation à organiser des spectacles (ni d’ailleurs le temps). Et par ailleurs un tel spectacle est très invasif dans la vie ordinaire de la paroisse. Mais nous avons voulu saisir cette opportunité providentielle, pour en faire un véritable projet missionnaire. Concrètement nous avions 4 objectifs pastoraux : D’abord fédérer des bénévoles en dépassant largement le cadre paroissial, (environ les 2/3 nous étaient inconnus). J’ai moi-même vécu durant les 4 mois aux milieux d’eux comme prêtre et comme acteur. Ce qui a créé des liens sans égale.

Après nous avons travaillé avec soin le scénario, nous avons corrigé, rédigé parfois les scènes, tout spécialement les dialogues de prêtres. Nous souhaitions que soit transmis un message de paix, d’espérance et de foi accessible à tous.

Enfin nous avons souhaité que chaque représentation soit présentée par un prêtre. Autrement dit, nous avons pu adresser la parole en direct, chez nous à 24 000 personnes, dont l’immense majorité n’était jamais venue dans l’église.

Enfin il y avait un objectif culturel, faire découvrir notre église, notre histoire et faire comprendre qu’en Alsace, plus qu’ailleurs sans doute, la foi est une clé nécessaire pour comprendre notre histoire.

LRD : Outre le succès qu’a rencontré le spectacle, considérez-vous avoir rempli ces objectifs ?

DAH : Oui car tout d’abord nous ne l’avions pas cherché. Ensuite il est certain que du point de vue de rayonnement de la paroisse et de l’Eglise, nous avons porté un message à plus de monde qu’en 10 ans de ministère ordinaire. Mais la vraie réussite n’est heureusement pas quantifiable : combien se sont rapprochés de l’Eglise, des sacrements, de la foi ? Nous avons eu beaucoup de témoignages réjouissants en ce sens, mais je crois de tout cœur que nous ne connaissons pas tous les fruits de Terra Alsatia.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.