Lectio divina – 3ème dimanche de Pâques

Ac.3, 13-19 1Jn.2, 1-5 Lc.24, 35-48

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Le thème de la joie colorera le 3ème dimanche du temps pascal : « Garde à tes serviteurs cette joie… » prierons-nous dans la Collecte. Cette joie est décrite à plusieurs reprises chez les apôtres, témoins des apparitions multiples que Jésus leur offre : « gavisi sunt » : les apôtres sont remplis, sont ‘gavés’ de joie. Et pourtant cette joie, elle n’est pas achevée : c’est une joie tout intérieure qui est liée à la foi et au progrès de la foi, à la perception qu’ils ont de Jésus : ils étaient ébahis, ils étaient stupéfaits, ils n’osaient pas croire !

La joie intérieure qui bouleverse les apôtres fonde la joie de l’Eglise

L’Église vit dans un temps de joie qui est le temps de l’Église depuis le mystère de la Résurrection de Jésus. L’Église vivra jusqu’à l’achèvement dans l’éternité, jusqu’à l’accomplissement bienheureux dans ce sentiment qui fut celui des apôtres, sentiment de joie, se développant avec la progression de leur foi avec les différentes apparitions bouleversantes du Christ. Bouleversantes car elles bouleversent le sens de l’Histoire, elles bouleversent leur cœur, elles bouleversent leurs sens et leur relation à Dieu puisqu’elle leur fait voir que Jésus ressuscité est vainqueur de la mort du péché !

Voilà le motif profond de la joie de l’Église qui, depuis la Résurrection du Christ, médite sur cette vérité. Le Christ ressuscité, et avec Lui nous-mêmes, ressuscités, nous sommes vainqueurs du péché. Le péché et la mort n’ont plus aucun pouvoir sur nous. Nous comprenons bien qu’il ne suffit pas d’une journée, d’une octave, d’une année chrétienne pour entrer dans ce mystère de la délivrance du don de la Vie. Ce n’est pas la joie de réussir un examen, c’est une joie de découvrir un monde nouveau, une terre promise qui, en même temps, est Quelqu’un : le Christ Vivant !

Qu’est-ce que veut dire que le péché n’a plus de pouvoir sur nous ?

Est-ce que cela veut dire que nous ne péchons plus ? Non, et je dirais presque plutôt heureusement. Si nous arrivions à ne plus pécher cela mettrait en cause notre liberté profonde d’homme. Nous pouvons encore pécher, mais la phrase de saint Paul indique que le pouvoir du péché n’est plus un pouvoir d’emprisonnement, nous ne sommes plus enfermés par cette dictature de la passion du mal et de la faute. Justement parce que le pouvoir de Jésus, le pouvoir de Sa Vie est plus fort que le pouvoir de la mort, il nous est rendu possible, depuis le Baptême, d’extraire le péché de notre âme, d’éradiquer l’habitus mauvais.

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Pour toutes les nations le Christ est devenu porteur de Vie, pardonneur du péché. C’est le message rappelé dans la lecture des Actes des Apôtres. Bien entendu, dans notre vie, les deux états sont mélangés : nous sommes à la fois demeure de Jésus-Christ pour une part plus ou moins grande qui varie au fil des jours, et donc nous avons, dans la grâce de Jésus-Christ (Sa Vie en nous) le pouvoir d’extraire doucement telle ou telle faute, telle ou telle passion, telle ou telle tendance du vieil homme ; et puis pour la part de nous dans laquelle Jésus ne réside pas encore et ne nous permet pas de vaincre le mal, nous avons le recours au pardon de ce Christ qui, de l’extérieur, vient nous pardonner.

Jésus est l’Intercesseur éternel de l’homme devant Son Père

D’où l’importance de ce que Jean nous révèle du sacerdoce éternel de Jésus-Christ dans sa première épître : « Petits enfants ne péchons pas, ne vivez pas avec le péché – c’est l’exhortation de Jésus qui est reprise par la bouche du disciple bien-aimé – mais s’il vous arrive de retomber dans la faute, sachez que vous avez un défenseur auprès du Père. » Cette phrase fonde la joie de l’Église parce que Jean nous affirme que Jésus est à jamais devant Son Père, ressuscité, dans Son état d’intercession et de défenseur qui est propre à la personne du Christ, particulièrement à la Croix.

Aussi, Jean nous révèle qu’éternellement Jésus intercède pour, diront les Actes des Apôtres, toutes les nations de la terre c’est-à-dire toutes les générations humaines qui viennent à l’existence en notre monde, afin de leur pardonner et de leur donner la Vie. Nous sommes dans le temps de la Résurrection qui se fonde sur l’acte de la Résurrection de Jésus-Christ, moteur de la Résurrection du peuple de Dieu, de l’Église, de l’humanité qui vit ainsi comme suspendue à l’éternisation de l’acte sacerdotal de Jésus-Christ et de Son état d’intercession, devant le Père.

L’Église est le Corps de la Tête…

Avec la Résurrection pascale, nous sommes entrés véritablement dans un temps nouveau qui est ce temps de l’ecclésia, de la communauté des croyants, Corps de la Tête. L’Église ce n’est pas seulement nous, c’est le Corps de la Tête ; et le Corps est relié à la Tête par cet influx, la grâce qui part de la Tête : grâce de la vie, grâce du pardon, grâce de la Résurrection, grâce de l’homme nouveau, vie de l’Esprit…

Cette foi en Jésus ressuscité, et donc en Jésus Prêtre des biens à venir, Prêtre éternel dira l’épître aux Hébreux, Intercesseur éternel, est fondée sur le témoignage des apôtres. Comment notre foi est-elle fondée sur le témoignage des apôtres ? L’est-elle au même titre, au même niveau que, dans un livre d’histoire, notre confiance, notre adhésion est fondée sur le récit de tel biographe ? La foi n’est pas une adhésion purement humaine de l’intelligence à un message par la volonté.

« Mes paroles sont esprit et elles sont vie »

La foi est mue par la grâce qui, seule, nous permet de dépasser notre propre horizon d’homme, notre horizon de créature, notre horizon naturel. Seule la grâce de foi nous permet de dépasser l’horizon humain pour accéder à quelque chose qui, de nature, est hors de notre portée, mais nous est révélé dans l’Écriture : cela s’appelle la vie intérieure de Dieu.

La Bible n’est pas seulement un écrit et n’est surtout pas d’abord un écrit ; elle est d’abord Parole. En tant que Parole, l’Écriture est Souffle, elle est Vie. Jésus dira : « Mes paroles sont esprit et elles sont vie. » En tant que Parole, la Bible est insaisissable pour celui qui ne renaît pas de cette Vie c’est à dire du Souffle, de l’Esprit. Jean rapporte le discours de Jésus à Nicodème : « Pour celui qui ne renaît pas de l’Esprit, il n’est pas possible d’entrer dans le Royaume. » Le Royaume c’est bien la Vie de Dieu, c’est l’intimité de Dieu. Celui qui accepte de renaître dans l’Esprit peut, non pas capter ou saisir la Vie de Dieu, mais entrer en Elle, se laisser séduire par cette Vie, se laisser prendre par cette Vie… Jusqu’à finalement La garder, La mettre en pratique, s’établir dans un phénomène d’osmose entre lui et la Vie, renaître, co-naître, naître avec Dieu.

« Nul ne peut nommer Jésus Seigneur s’il n’est pas né de l’Esprit »

« Celui qui connaît Dieu c’est celui qui garde Ses commandements » nous dit Jean, c’est-à-dire celui qui garde la Parole, qui est en Elle. Ce n’est pas celui qui La maîtrise intellectuellement, qui La possède, qui La capte, mais c’est celui qui, au contraire, se fait dépouiller, s’élimine, s’oublie en Elle. Celui-là alors connaît Dieu comme Père et s’établit en Lui dans la relation d’intimité propre à l’enfant.

Au contraire celui qui n’accepte pas de renaître dans l’Esprit, qui n’accepte pas ce don de la grâce, celui-là ne peut rien dire sur Dieu, il est un menteur, il n’est pas dans la vérité. Pour pouvoir parler de Dieu, il faut être enfant de Dieu, il n’y a que l’enfant qui puisse nommer son Père, qui puisse décrire son Père, qui puisse se laisser posséder par cette relation du Père. Saint Paul le dira dans son épître aux Corinthiens : « Nul ne peut nommer Jésus Seigneur s’il n’est pas né de l’Esprit. »

Encore une fois, il ne s’agit pas tant de posséder techniquement la Bible comme on possède un document sanscrit ou le code d’Hammourabi. Il s’agit de se laisser capter, posséder par Elle, d’accepter de recevoir la Vie propre de la Parole qui s’appelle l’Esprit et qui, infusé dans mon intelligence, prend le nom de Foi et me permet d’adhérer à la Personne, à la Vie intime de Dieu.

Saint Temps Pascal à chacun !

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.