« Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? » Ap 7, 13

L’augmentation des baptisés de Pâques dont beaucoup d’adultes représente un défi pour les chrétiens. Comment y répondre ?

Voilà, le chiffre est tombé : 12 000 baptêmes à Pâques en 20241, dont plus de 7 000 étaient adultes. Dans une société en quête de statistiques, cela fait bien ! Alors, chacun y va de son analyse, l’un préférant voir le seul travail de l’Esprit-Saint, d’autres encore, à l’instar de certains journalistes, ne manquent pas de souligner une « tendance de fond », dont se réjouit l’épiscopat français, mais qui ne compense pas la déchristianisation de la société française2, préférant réduire la foi à un simple prisme sociologique. Certes, le phénomène n’est pas miraculeux au sens humain et journalistique du terme ! Non, la société n’est pas en train de redevenir chrétienne au sens des années 1900 ou 1950, car l’évangélisation ne procèdera jamais d’un plan prédéfini. Seulement… Oui, il y a de plus en plus de jeunes entre 15 et 30 ans qui redécouvrent la foi, souvent via les réseaux sociaux. La preuve en est ce nombre de baptisés mais aussi, le mercredi des Cendres. Celui-ci a vu de Douai à Gap en passant par Mulhouse jusqu’aux confins du Loir et Cher, des dizaines de lycéens et jeunes adultes venus assister à ce geste antique de l’imposition des cendres. Ainsi, quel regard de foi poser ?

En reprenant la célèbre formule de l’historien anglais Arnold Toynbee, il s’agit d’un défi qui nous est posé, car l’accueil de ces adultes, plutôt jeunes, en est un. Sous l’impulsion de l’Esprit-Saint, quelle réponse lui trouver ?

Déjà en s’interrogeant sur leur origine ! « D’où viennent-ils ? » demande l’Ancien de l’Apocalypse. La réponse est simple : l’Esprit-Saint et l’Église. Quoiqu’on en dise, l’Esprit du Christ est toujours à l’œuvre et travaille les cœurs, même au-delà des frontières visibles de l’Église. Partant, nous pouvons déjà commencer par remercier tous les chrétiens qui nous ont précédé, d’avoir semés, chacun à sa place, les bourgeons que nous voyons fleurir en ce moment.

« Qui sont-ils ? » demande également cet Ancien. Des hommes et des femmes dont la joie est pour eux de découvrir Dieu venant les sauver ! « En entendant les paroles de Pierre, les auditeurs furent touchés au cœur ; ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres : « Que devons-nous faire ? » (Ac 2, 37). Cette parole est encore profondément d’actualité pour eux. Malheureusement, à 20 ans ces personnes ont souvent déjà fait le tour de la vie et de l’existence humaine. Confrontés à cette douloureuse question du sens authentique de leur vie, soit ils scrutent leur cœur, là où la Trinité les attendait, « tu étais au-dedans de moi et moi j’étais dehors »3 déclarait déjà saint Augustin lors de sa conversion. Soit ils regardent leur environnement et, touchés par le lourd passé du Moyen-Âge, notamment architectural, ils en viennent à se demander comment avaient fait leurs aïeux pour bâtir leur vie ainsi que ces magnifiques joyaux que sont bien souvent nos vieux clochers de village.

Dans ces deux cas qui, souvent, s’allient subtilement, ils en viennent à oser franchir le seuil de l’église, à assister à une messe puis une autre, ou bien à un parcours Alpha ou tout autre soirée de convivialité chrétienne etc.  La réponse au défi commence ainsi à poindre. Forger des lieux de convivialité chrétienne, où chacun peut y venir librement, sans contrainte de temps ni d’engagement, sans peur d’être jugé. Des lieux de prière et de mise à l’écoute de Dieu, où l’expérience de la miséricorde du Père, de l’amitié du Christ et de la consolation du Saint-Esprit est possible.

Enfin, nous en arrivons à une joie et une difficulté. La joie tient en ce que ces personnes sont hors de toute catégorie ecclésiale. Ni progressiste, ni traditionaliste au sens sociologique du terme, elles souhaitent simplement entendre parler de la foi chrétienne et savoir comment guider leur vie selon ce critère. Ainsi, elles favorisent l’unité entre toutes les tendances d’une paroisse, venant creuser la vie spirituelle et de prière de ceux qui avaient pu l’abandonner au profit du seul agir chrétien. Mais étant souvent en situation de fragilité, notamment psychologique, elles mettent également en action des personnes jusque-là peu investies dans le service concret.

La difficulté surgit alors, car reprendre pied dans une vie demande du temps, qui plus est dans la vie spirituelle. À une époque où l’objectif doit être promptement atteint sous peine d’avoir raté quelque chose, cela constitue le principal écueil et se mesure notamment dans leur approche de la foi chrétienne très marquée par l’impression de rapidité, de singularité et d’efficacité dégagée par les Actes des apôtres. Une telle démarche peut beaucoup faire penser à la façon dont les protestants évangéliques conçoivent la vie de foi. L’enjeu pour un prêtre est alors de montrer la beauté de la foi chrétienne jusque dans son aspect religieux et social, notamment dans l’assiduité à la vie sacramentelle et l’acceptation que sa lecture assidue et personnelle des Écritures doive passer par le filtre de la communauté ecclésiale afin de ne pas rester en superficie. Bref, que la foi catholique est fondée sur les vertus, c’est-à-dire rien moins qu’un lent et patient chemin d’incarnation vers le bien de chacun des actes quotidiens. La vie humaine devenant un chemin chrétien qui prend du temps pour passer à l’éternité.

  1. https://eglise.catholique.fr/espace-presse/communiques-de-presse/550845-resultats-record-en-2024-du-nombre-de-catechumenes-en-france/ (consulté le 5 avril 2024). ↩︎
  2. Sauvaget Bernadette, Journal Libération, article du 27 mars 2024 https://www.liberation.fr/societe/religions/eglise-catholique-hausse-spectaculaire-des-baptemes-dadultes-et-dados-20240327_3GADE6CMBZCFLDPTSUDRCJFNZA/ (consulté le 5 avril 2024). ↩︎
  3. Confessions, Livre X, 27. ↩︎

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.