Lectio divina – Dimanche des rameaux

Is. 50, 4-7 Ph. 2, 6-11 Mc 14,1 – 15,47

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Nous retrouvons chaque année avec beaucoup d’émotion la solennité des Rameaux avec sa liturgie bien particulière qui comprend à la fois la gloire et le triomphe avec les fleurs et les palmes et la tristesse de la mort avec la Passion que nous anticipons par la déclamation de son récit.

Avec la célébration des Rameaux, l’Église fait mémoire de l’entrée de Jésus à Jérusalem. Dans une semaine exactement ce sera l’entrée du Christ dans la Vie éternelle. Entre ces deux dimanches, entre ces deux « jours du Seigneur », il va y avoir la Croix. Quel lien peut-il y avoir entre ces trois évènements ?

« Hosanna fils de David ! »

Si nous nous contentons d’abord -et il faut le faire- de regarder l’histoire et de déterminer le sens premier de l’évènement d’aujourd’hui, nous sommes obligés de constater que le triomphe de Jésus va enclencher le mystère de la Passion qui se terminera à la Croix.

L’Évangile nous le rappelle : c’est la haine et la jalousie des prêtres et des scribes devant des acclamations bien significatives qui vont condamner le Christ. En effet, « Hosanna » veut dire « Sauve-nous, donne-nous le Salut ! » C’est donc une acclamation qui proclame la divinité de la personne à laquelle elle s’adresse, tout comme l’expression « Fils de David » traduit, pour le monde juif de l’époque, la messianité de Jésus. C’est donc bien l’entrée triomphale dans la Ville Sainte, saluée par les rameaux de la foule, qui va enclencher le Vendredi Saint.

« N’aie pas peur, Fille de Sion, voici ton roi qui vient… »

Mais il y a aussi un sens second et plus profond.

Ces titres de Jésus, cet usage des palmes, cette manière d’accueillir le Christ monté sur un ânon (accomplissant ainsi les Écritures) en se prosternant et en mettant son manteau devant Ses pas comme l’on fait pour un roi, nous signifient que Jésus n’entre pas n’importe comment à Jérusalem. Il y entre en Roi. Et Son Royaume est celui de la Vie éternelle, de l’Au-Delà promis par Yahvé à Son peuple.

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Ce Royaume de Vie va être instauré au jour de la Résurrection, lorsque Jésus entrera en plénitude dans la Vie de Son Père, dans cette Gloire qu’Il avait dès le commencement.

C’est pourquoi l’on peut dire que l’entrée de Jérusalem est le signe de l’entrée de Jésus dans le Royaume de la Vie éternelle en même temps que le signe de l’instauration de Royaume de Dieu dans notre humanité.

« C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout… »

Nous savons que cette résurrection de l’humanité commencée en Jésus a un passage obligé qui est la Croix. Nous voyons donc, qu’en fait, ce n’est pas tant le triomphe des Rameaux qui commande la Croix que la Croix qui commande le triomphe pascal préfiguré par les Rameaux !

La véritable porte par laquelle Jésus est entré à Jérusalem n’est pas la porte dorée des murailles de la ville. Cela c’est la porte de l’histoire. La porte de l’éternité, elle, c’est la Croix. C’est la Croix qui commande la gloire des Rameaux, figure fugitive de la gloire définitive et éternelle de Pâques.

La deuxième lecture est là pour nous rappeler que c’est parce qu’Il s’est abaissé, qu’Il s’est humilié, qu’Il s’est vidé Lui-même jusqu’à mourir et mourir sur une Croix que Dieu L’a exalté et Lui a donné ce nom royal qui est au-dessus de tout nom.

Oui, Jésus est Roi, comme le rappelle le prophète. Il vient dans Sion, Sa ville qui est signifiée par Jérusalem, mais qui s’appelle en réalité la Jérusalem Céleste, l’Église, notre âme !

« Faites cela en mémoire de moi… »

Alors, face à cet évènement d’aujourd’hui qui a ce double sens, qui anticipe, qui signifie et qui nous prépare à l’évènement combien plus grand de dimanche prochain, nous devons nous situer. Et pour cela, ne pas oublier que notre liturgie chrétienne est une liturgie active. C’est une liturgie de mémorial. Par elle, ce n’est pas seulement un anniversaire que nous fêtons, c’est une commémoration au sens fort que nous célébrons.

Nous sommes mis en face d’un évènement qui a deux sens. De même qu’à la Messe, nous sommes, au moment de la Consécration, avec Marie et Jean au pied de la Croix, de même aujourd’hui dans cette liturgie des Rameaux, nous sommes face au mystère de l’entrée de Jésus à Jérusalem, avec son sens premier d’entrer dans la Jérusalem de l’histoire, et son sens second d’entrer dans la Jérusalem Éternelle dont l’Église et notre âme sont la présence annonciatrice.

« Réjouis-toi, fille de Sion car le Seigneur est en toi… »

Il faut, pendant ces quelques jours qui nous séparent du Mystère pascal au cours duquel se réalisera, par la victoire de Jésus, le triomphe définitif du Bien sur le Mal, nous préparer à recevoir le Maître, l’Hosanna, le Fils de David. Il faut que nous puissions nous appliquer cette parole du prophète : « Réjouis-toi, fille de Sion car le Seigneur est en toi, et il vient en toi monté humblement sur le petit d’une ânesse… » Il vient en toi triomphateur du Mal par Sa vertu et Sa miséricorde.

« Seigneur, prends pitié du pécheur que je suis ! »

Que Lui faut-il ? De quoi Jésus a-t-Il besoin puisque tout est arrivé, tout est déjà consommé ? Il Lui faut non pas mourir une deuxième fois, mais il Lui faut rendre Sa mort efficace, réelle pour moi, pour chacun de nous. Il Lui faut notre âme. Il Lui faut entrer dans cette Jérusalem qu’est notre âme par cette porte qui est la Croix !

Il Lui faut donc un Golgotha. Il Lui faut ce petit monticule qui servait de décharge publique au-delà des portes de la ville. Il Lui faut notre tas de péchés en dehors de notre cœur.

Il faut que nous fassions sortir de notre Jérusalem intérieure, sainte et céleste par notre Baptême, tout ce qui n’est pas en accord avec cette sainteté, tout ce qui n’est pas en accord avec la pureté baptismale. Il faut que nous sortions de notre cœur nos péchés, nos incohérences, nos faiblesses, nos trahisons pour en faire un tas, un monticule à l’entrée de notre âme, dehors, afin que Jésus puisse venir y planter Sa croix !

C’est cela que Jésus attend. Il n’a pas peur ! Bien au contraire, c’est Lui qui nous dit aujourd’hui : N’ayez pas peur, ouvrez la porte de votre Jérusalem à votre Rédempteur ! Sortez vos détritus, évacuez-les sur la décharge, débarrassez-vous de vos maux, abandonnez vos misères et vos détresses par le Sacrement de la réconciliation ! Mettez-les devant vous, devant votre âme ! Alors Je viendrai y planter Ma Croix et vous pourrez ressusciter avec Moi…

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.