Lectio divina – 4ème Dimanche de l’Avent

2 Sam.7, 1-16 Rm.16, 25-27 Lc.1, 26-38

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Entre le dimanche dit de Gaudete et la fête de Noël nous aurions peut-être tendance à oublier cet ultime jour de rassemblement ecclésial et de préparation à la naissance du Sauveur qu’est le quatrième dimanche de l’Avent. Il est pourtant doublement important à cause de deux dimensions que je voudrais souligner. D’abord la dimension historique des évènements qu’il raconte et ensuite la dimension d’intériorité, de profondeur, d’éternité, d’infini, qui sont inscrits dans l’historicité de cet acte.

« Répands ta grâce en nos cœurs »

Ces deux dimensions, historique et au-delà de l’histoire, nous les pressentons déjà dans la Collecte où nous avons demandé au Seigneur d’ouvrir notre cœur à ce message de l’ange, (c’est la dimension historique du moment précis de l’Annonciation), message qui déclenche tout le mystère de notre Salut qui va passer par la Pâque pour aboutir à la gloire de la Résurrection. Cette dimension historique est fondamentale.

Nous nous souvenons que le premier dimanche de l’Avent ouvre ce temps liturgique à la suite du Christ-Roi sur une vision eschatologique c’est-à-dire des temps derniers et de la vie éternelle. Vision donc qui n’est pas mythique, mais qui est pour le moins éloignée de notre monde concret.

Ensuite avec le deuxième et le troisième dimanche, nous avons abordé la dimension je dirais ecclésiale, morale de notre vie chrétienne sous le regard et sous l’enseignement du Baptiste.

« Par le message de l’ange tu nous as fait connaître l’incarnation… »

Aujourd’hui, quatrième dimanche d l’Avent, nous allons regarder la genèse historique de l’acte sur lequel s’appuie toute notre foi et en particulier notre vie ecclésiale, notre vie évangélique, notre foi dans le commandement de l’Évangile : « Aimez-vous les uns les autres » – qui nous mène à cet autre dogme qui est la Vie éternelle.

La vie de l’Église comme la Vie éternelle, la Vie du Ciel, s’appuient toutes les deux sur un acte historique dont aujourd’hui l’Église nous fait contempler la genèse par l’Annonciation à Marie, de la part de Dieu à travers l’ange et l’Incarnation en Marie comme conséquence de son acceptation, de son fiat, de son oui.

On s’aperçoit ainsi que la relation historique, la genèse de cet acte, le fondement concret, réel, de notre foi en la Résurrection, dans le mystère du Salut, dans la Vie éternelle, en un mot dans le mystère chrétien, passe par Marie, un personnage qui est tout ce qu’il y a de plus historique lui aussi, tel que Luc nous le décrit dans son évangile avec luxe de précisions historiques : elle s’appelle Marie, elle est de Nazareth en Galilée, elle est fiancée etc… Luc nous fait entrer très concrètement dans cette figure de Marie, incarnée dans l’histoire, à travers laquelle -puisque l’Annonciation a lieu à Marie et que l’Incarnation a lieu en Marie- va se construire , s’édifier le mystère chrétien.

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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« Exulte Fille de Sion, le Seigneur est en toi… »

La relation de Marie à l’Histoire, son existence incontestable comporte elle-même une double dimension. Puisque Marie est celle en laquelle le Seigneur s’engendre : « Celui qui va naître de toi sera Saint… », ouvrant ainsi l’Histoire de la Nouvelle Alliance, l’Histoire du Salut en Jésus-Christ, puisque Marie est cette vierge en laquelle le Seigneur s’incarne, c’est qu’elle est donc la personnalisation, la concrétisation individuelle du peuple élu, cette fille de Sion dont parle l’Écriture : « Exulte Fille de Sion, le Seigneur est en toi… » qui représentait le peuple choisi et aimé de Dieu, en un mot : la conclusion de l’Ancienne Alliance. Je vous renvoie aux prophéties de Sophonie ou de Zacharie.

Marie se trouve vraiment à un instant charnière pas tant chronologiquement puisqu’il y a d’autres personnages qui environnent Marie, que ce soit Elisabeth, Zacharie et surtout Jean-Baptiste qui est plus jeune. C’est théologiquement que Marie se trouve à la charnière entre l’histoire de l’Ancienne Alliance, la préparation du Salut et l’ouverture de ce Salut avec la naissance de Jésus.

« Marie retenait ces évènements et les gardait en son cœur »

Le récit de l’Annonciation exprime très clairement cette double dimension qui élargit l’événement de la vocation de Marie à une dimension universelle, à un horizon infini. Luc nous l’explique d’ailleurs un peu plus loin dans le chapitre 1, « Marie gardait ces évènements dans son cœur », les confrontant à la Parole de Dieu, essayant de comprendre à la lumière de la Parole les évènements qu’elle vivait et surtout essayant de comprendre la Parole à la lumière de l’Évènement.

C’est pour cela que Marie ayant médité son message dans son cœur, lorsqu’elle transmet à Luc l’histoire de cette Annonciation n’hésite pas un instant ; elle ne se trompe pas : elle sait que l’ange qui lui apparut est l’ange Gabriel, l’ange de l’Apocalypse qui annonce la fin du monde ancien et le début du monde nouveau, fin de l’Ancienne Alliance et départ de la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ.

Marie saisit parfaitement que son événement à elle, cette vocation intime, cette relation personnelle qu’elle a avec Dieu par l’intermédiaire de l’ange, parce qu’elle accomplit la Parole, (je renvoie aux prophéties de Zacharie et Sophonie : « Réjouis-toi fille de Jérusalem, le Seigneur est en toi ») s’inscrit dans l’Histoire du Salut. Autrement dit l’événement de l’Annonciation n’est plus un événement privé, ce n’est pas une révélation privée.

Nous aimerions tant, nous, dans notre vie chrétienne, avoir des révélations privées ! Que Jésus vienne nous parler, que la Vierge ou que tel saint nous apparaisse ! Marie vit a contrario de cette dimension intime, de cette relation tout à fait personnelle qu’elle a avec Dieu à travers l’ange, mais subitement élargie aux dimensions de l’humanité parce que justement elle réalise la Parole, en elle s’accomplit cette Parole promettant le Salut par la venue du Messie.

« Réjouis-toi pleine de grâce ! »

Cette dimension méta-historique, cette profondeur, cet élargissement de la relation de Dieu à Marie aux dimensions de l’humanité reliant ainsi la promesse de la Genèse (« il te mordra le talon et tu lui écraseras la tête ») à l’accomplissement dans l’Apocalypse de la Jérusalem céleste, pousse Marie à raconter à Luc cet événement sans employer du tout des expressions amoureuses, intimes, comme l’on trouve dans le Cantique des Cantiques par exemple, mais au contraire des expressions bibliques largement connues et qui sont justement les annonces du Salut qui se réalise en elle.

Par exemple « Réjouis-toi pleine de grâce » : Marie la comblée de grâce, Marie la choyée de Dieu, Marie qui est cette personnalisation ultime du peuple que Dieu s’est choisi et a aimé « d’un amour très particulier », Marie qui en est vraiment le cœur, reprend cette expression des prophètes annonçant la venue du Sauveur : « Exulte ! Réjouis-toi ! »

Elle décrit aussi le fruit de cet amour que Dieu lui porte en reprenant l’image de la nuée signifiant la présence de Dieu dans l’Arche : « l’Esprit Saint te couvrira de son ombre. » Référence très explicite faite par Marie, qui connaissait parfaitement les Écritures, à cette nuée -la shékina– recouvrant l’Arche et exprimant la Présence transcendante de Yahvé.

« Celui qui va naître de toi… »

Et à l’intérieur de l’Arche, il y a la Gloire de Dieu qui illumine et oblige Moïse à se couvrir d’un voile pour pénétrer en cette « Tente du Rendez-vous » et parler avec Dieu. Maintenant cette présence immanente de Dieu dans Son peuple, cette présence de Dieu dans le langage de Marie va devenir l’Engendré, « Celui qui va naître de toi… »

Enfin avec la conclusion de cette Annonciation : « Qu’il me soit fait selon ta Parole », Marie nous renvoie à notre père dans la foi qui est Abraham, celui qui quitta son pays sur l’ordre de Dieu. Nous avons Abraham le fondateur de l’Ancienne Alliance, fondateur dans la foi : « Quitte ton pays, quitte ta terre, ton troupeau et tes richesses et va vers une terre que je te donnerai. Aussitôt Abraham se leva et partit… » L’Ancienne Alliance, c’est-à-dire la préparation pédagogique du Salut se fonde sur cette foi, d’où l’appellation d’Abraham : notre père dans la foi ! En conclusion de cette Ancienne Alliance et en ouverture de la Nouvelle, nous avons notre mère, la Mère des vivants, la nouvelle Eve, notre mère dans la foi, Marie : « Qu’il me soit fait selon ta Parole. »

« Qu’il me soit fait selon ta Parole. »

Nous comprenons donc que Marie, dans la suite logique d’Abraham, Marie qui est notre Mère, Mère du Salut, la nouvelle Eve, comme Abraham fut notre père, Marie est un passage obligé pour nous, pour entrer dans le mystère de Jésus. Voilà qui explique l’importance de ce quatrième dimanche, dans sa dimension de l’Histoire, de la réalité concrète, mais aussi l’importance de ce dimanche dans l’élargissement infini à l’horizon de l’humanité qui vient jusqu’à toucher chacun de nous.

Donc l’Annonciation nous touche, nous, et c’est parce que l’Annonciation nous touche nous, ce que Marie avait très bien compris, que le mystère de Noël va nous toucher nous.

Les mystiques diront que, dans le mystère liturgique de Noël, c’est l’Incarnation qui continue en chacun de nous et que nous sommes appelés chacun et chacune par notre Baptême à réengendrer Jésus-Christ dans notre sein. Pourquoi ? Parce que justement il y a ce passage obligé dans et par la Vierge Marie qui est à la fois l’Histoire et l’éternité de Dieu.

Et ce qui est extraordinaire c’est que ce passage obligé Dieu l’a pris d’abord Lui-même ! Dieu Lui-même est passé par Marie, comme Dieu Lui-même est passé par Abraham parce que Dieu veut d’abord respecter notre liberté. Dieu ne veut pas nous sauver malgré nous. Dieu veut agir en nous dans la mesure où nous acceptons d’être sauvés c’est-à-dire où nous acceptons d’être aimés ! Dieu parle à Abraham : « Abraham, Abraham ! » Dieu lui propose, comme Il va à travers Gabriel proposer à Marie, la réalisation définitive du Salut, qui accomplit la Parole. « Réjouis-toi comblée de grâce… »

Chaque fois que Dieu veut entrer en relation avec moi, Il me laisse libre de répondre, Il me propose Son amour.

Dieu : l’ami fidèle !

La deuxième raison pour laquelle Dieu se plie Lui aussi, et d’abord, à ce passage obligé d’Abraham comme de Marie, c’est que Sa relation à l’homme, qu’Il veut être une relation d’amour, donc libre, doit donc être une relation qui nous prend dans notre humanité la plus complète, dans notre corporéité, dans notre aspect aussi bien spirituel que physique, dans notre vie totale… Notre religion est une religion de l’Incarnation, de la Révélation et non pas une religion, je dirais, de l’abstrait : Dieu respecte les lois les plus vitales, concrètes, fondamentales de nos existences.

Pour entrer en relation avec l’homme Il a d’abord respecté cette loi fondamentale de l’amitié qui est la fidélité. Marie le rappellera dans le Magnificat que la réalisation de sa promesse c’est « le respect de la fidélité que Dieu a eue envers Abraham ». Dieu est fidèle c’est pour cela d’ailleurs qu’Il juge la foi de la réponse d’Abraham. Dieu est fidèle et Il est entré en relation avec l’homme par cette loi humaine, qu’Il a créée puisque Dieu est Créateur, la loi de l’amitié (Abraham était l’ami de Dieu), et dans l’amitié, la loi de la fidélité.

Nous ne pouvons pas avoir une vie chrétienne si nous ne sommes pas amis de Dieu et fidèles, persévérants, réguliers, confiants. L’ami c’est celui qui s’ouvre, qui parle, qui écoute, qui partage, qui ne trahit pas.

Dieu a voulu être intime avec l’homme…

La deuxième loi que Dieu a voulu respecter en passant par Marie c’est la loi de la maternité. Non seulement pour entrer en relation avec l’homme, Dieu a usé de cette loi de l’amitié et de la fidélité mais Il va encore plus loin, Il va user dans son abaissement, dans l’anéantissement de l’Incarnation, de cette loi encore plus profonde, plus charnelle, plus inscrite dans notre cœur qui est la loi de la maternité.

Dieu a fait l’apprentissage de Son humanité par une mère, parce que la mère est la personne qui apprend à son enfant à faire l’apprentissage de son humanité et de l’humanité. C’est par sa mère que l’enfant apprend la vie, est éduqué, s’insère dans la famille, s’insère dans la société. Dieu qui a voulu être intime avec l’homme, partager sa vie, partager sa souffrance, partager ses joies dans le mystère de l’Incarnation, a voulu entrer dans cette loi qu’Il avait Lui-même créée, qui est la loi de l’éducation par la mère.

Ainsi Marie qui est créature de Dieu est celle qui a appris à Dieu l’intimité avec l’homme ! C’est elle qui a appris à Jésus à être notre frère.

Et donc c’est Marie qui va nous apprendre à nous, les hommes, l’intimité avec Dieu. C’est la grâce que nous devons nous souhaiter les uns aux autres en ce quatrième dimanche : avoir la simplicité, l’intelligence, la sagesse de passer par Marie.

Quelquefois nous sommes rebutés parce que nous ne comprenons pas bien telle ou telle dévotion mariale, tel ou tel aspect de la personne de Marie. Ayons alors l’humilité, la simplicité de demander, à la crèche, cette grâce de passer par Marie pour entrer dans le mystère de Jésus, pour entrer dans le mystère de la vie intime avec Dieu, sachant que Dieu Lui-même a eu cette humilité profonde d’apprendre notre propre intimité à travers la Vierge. Et portons ensuite le message à nos frères !

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.