Lectio divina – 6ème Dimanche de Pâques

Ac.8, 5-8.14-17 1 P.3, 15-18 Jn.14, 15-21

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Remarquons comment l’Église nous prépare peu à peu à célébrer la fête de la Pentecôte, c’est-à-dire sa et notre propre fête, la fête de sa naissance dans l’effusion du Saint-Esprit en nous faisant méditer depuis quelques temps sur cette Personne un peu oubliée de la Sainte Trinité. Nous sommes invités, avec les lectures, à considérer avec attention l’importance de l’Esprit Saint dans notre vie chrétienne.

« La frontière de l’Église passe dans notre cœur. »

Regardons d’abord comment Pierre, et Jean plus encore, dans leurs écrits respectifs, ont cette habitude de diviser le monde en deux : « Il faut que vous vous expliquiez devant le monde… », « Le monde est incapable de le recevoir mais vous vous le recevrez … », « Le monde ne peut pas voir mais vous vous me verrez… »

Il y a donc chez l’apôtre et l’évangéliste cette distinction sur laquelle nous devons réfléchir en relevant que la division de ce monde en deux parties n’est jamais définitive. Elle n’est pas, comme nous le pensons quelquefois, le fait de la classe sociale ou même le fait de l’inscription juridique dans une église : nous les croyants et eux les incroyants.

La division du monde dont parlent Pierre et Jean s’établit en fonction de la vision que nous avons de Jésus, en fonction de notre foi hic et nunc. De notre foi d’aujourd’hui, pas de la foi de nos aïeux, ni même de la foi de notre catéchisme qui remonte à l’enfance ! De notre foi actuelle, c’est-à-dire de l’adhésion plus ou moins profonde, plus ou moins tenace au message que Jésus nous révèle dans Son Évangile. Comme disait S. Ambroise : « La frontière de l’Église passe dans notre cœur » !

« Qui me suit, aura la lumière de la vie. »

Jésus dit : « Celui qui me suit, moi le Christ, tel que Je me révèle, ne marche pas dans les ténèbres mais il est dans la lumière. » D’où la définition que fera Jean dans la description de l’humanité : il y a le monde des ténèbres et le monde de la Lumière, il y a une part de l’humanité qui suit le Christ et qui marche dans la Lumière, comme il y a une part de l’humanité qui ne suit pas le Christ et qui est dans les ténèbres. Cette part-là, Jean l’appellera tout simplement : le monde.

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Alors nous sommes appelés à regarder aujourd’hui, pour commencer notre préparation à la fête de Pentecôte, de quel côté nous nous situons. Ce n’est pas évident. Ce n’est pas parce que nous, prêtres ou fidèles laïques, participons à une messe dominicale que nous sommes dans le monde de la Lumière !

« Vous mourrez dans le péché parce que vous êtes aveugles. »

Quelle est notre adhésion véritable au Christ ? Celui de l’Évangile, pas le Christ que nous recomposons habilement avec quelques astuces casuistiques pour élargir au maximum les principes moraux que Jésus nous enseigne… Et faisons attention, lorsque nous analysons notre cas, de bien voir encore une fois que le monde -au sens des ténèbres- n’est pas seulement le monde du crime, de la drogue, de la guerre !

Le monde des ténèbres, c’est le monde de l’aveuglement. Jésus le dit suffisamment de fois aux pharisiens qui ne sont ni drogués, ni criminels, ni guerriers, mais des gens extrêmement purs, pratiquants, comme nous tous qui sommes fidèles à notre lectio divina, à notre messe dominicale, voire à nos pèlerinages… Et pourtant Jésus nous dit, comme aux pharisiens : « Vous mourrez dans le péché parce que vous êtes aveugles. »

« Je suis la Voie, la Vérité, la Vie… »

Par exemple, comme nous le rappelle Pierre, serions-nous prêts à justifier de l’espérance qui est en nous ? Nous pourrions nous dire : mais de quelle espérance faut-il nous justifier ?

Nous savons que la vie est l’espoir de l’homme. Il n’y a qu’à voir les progrès de la médecine ! Toutes les forces financières, intellectuelles, morales, de tous les pays du monde se rejoignent pour essayer de guérir les maladies les plus tenaces. Cela fait comprendre que ce qu’il y a de plus profond en l’homme, c’est l’instinct de conservation, et c’est normal.

L’espérance chrétienne va assumer et purifier cet espoir de l’homme. Elle va se définir comme l’attente, comme la tension, comme la marche vers la Vie éternelle, vers la Vie vraie, plénière, sans fin. La Vie éternelle, avant d’être éternelle, est une vie auprès de Celui qui se définit comme Le Vivant dans l’Apocalypse, celui qui est « le Dieu des vivants et non pas des morts. » Donc l’espérance chrétienne est tension vers la Vie, désir de communier de manière totale avec Celui qui est la Vie, avec Celui qui est le Saint et nous appelle à partager Sa sainteté pour être dans cette Vie de plénitude.

« C’est le Seigneur, le Christ que vous devez reconnaître… »

Cela étant, comment pouvons-nous, pauvres humains, justifier de cette espérance ? Avec deux éléments fondamentaux de notre foi qui rassemblent d’ailleurs la catéchèse primitive de l’Église.

Le premier élément que rappelle Pierre est notre foi en Jésus comme Seigneur. Ce nom, Kyrios, que nous invoquons à chaque liturgie pénitentielle en début de messe, Kyrie eleison, Seigneur prends pitié…, est la dénomination grecque qui traduit l’appellation juive de la divinité : Adonaï. Lorsque nous reconnaissons que Jésus est Seigneur, nous reconnaissons Sa divinité : « C’est le Seigneur, le Christ que vous devez reconnaître… » nous dit Pierre dans la lecture.

Notre foi est établie sur cette divinité : « Tu es le fils de Dieu… », « Tu as les paroles de la vie éternelle… » Jésus demande à Ses apôtres : « Pour vous qui suis-je ? Tu es le Messie, Tu es le Fils de Dieu ! » Tu es Kyrios, Tu es Seigneur. Tu es Dieu né du vrai Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu…

« Soyez saints comme Je Suis Saint. »

Et donc puisque Tu es Seigneur, puisque Tu es Dieu, Tu es le Saint ! Parce que pour la tradition juive et pour la tradition chrétienne, Dieu se définit par Sa sainteté.

Parce qu’Il est LE Saint, qu’Il possède en plénitude cette perfection de sainteté, Dieu et Lui seul peut et veut nous faire participer à Sa sainteté. La grande révélation de l’Ancien Testament (qui se mélange à l’alliance libératrice de l’Égypte : l’Exode), c’est : « Soyez saints parce que Moi Je Suis saint. » Voici le premier point fondamental de notre foi que Pierre nous précise dans son épître : Reconnaître que Jésus est Seigneur et que donc Il est Saint et Sanctifiant.

« Demeurez en moi comme moi en vous. »

Le deuxième point fondamental est encore plus extraordinaire et distinctif de notre foi chrétienne. C’est de reconnaître que Celui qui est Kyrios, qui est Seigneur, Saint et Sanctifiant, Celui-là est dans mon cœur !

C’est d’ailleurs comme cela qu’Il est effectivement sanctifiant : parce que c’est de l’intérieur qu’Il donne Sa vie et Sa sainteté. Il ne me recouvre pas d’une chape d’or qui serait une chape de justice venant se mettre sur ma pourriture humaine comme le pense la théologie protestante. Il ne me sanctifie pas de l’extérieur.

La Loi évangélique n’est pas un code, comme le code de la route ou la loi civile à laquelle je dois obéir. Jésus est en moi et avec Lui, le monde des béatitudes : le Pauvre, le Doux, l’Assoiffé de justice, le Cœur pur est en moi ! Il va me faire vivre de Sa vie, Il va me faire vivre de Son sang, Il va me faire vivre de Son âme, de Sa très sainte humanité… Nous sommes Son Corps et Il est la Tête ! Nous sommes vraiment un !

« Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne Lui appartient pas… »

Voilà le deuxième élément fondamental de notre foi qui nous permet effectivement de justifier vis-à-vis du prochain notre espérance en la Vie éternelle. Parce que la Vie éternelle qui est Dieu, elle est en moi depuis mon Baptême, je suis configuré à Jésus. Je suis un autre Christ, je suis appelé à vivre Sa vie, à cause de Sa vie qu’Il me donne de vivre. C’est tout le mystère de notre année liturgique.

Comment avons-nous pu adhérer à ce mystère extraordinaire et comment se fait-il que d’autres hommes n’entrent pas dans cette démarche ?

C’est l’œuvre de l’Esprit Saint. L’Esprit Saint est l’Esprit de vérité. L’Esprit Saint est Celui qui me permet de dire oui à la révélation que Jésus fait du mystère de Son Père et de Son propre mystère dans l’Évangile.

L’Esprit Saint est l’Esprit de Jésus. Jésus est le oui du Père dit Paul. Donc lorsque je reçois l’Esprit, mon cœur et mon esprit adhèrent à ces révélations de Jésus dans l’Évangile. Et nous revenons encore à Pierre : « Où irions-nous Seigneur tu as les paroles de la vie éternelle ? » Cet Esprit Saint, Jésus L’appelle, dans l’Évangile, le Défenseur. Parce que justement, Il défend notre foi. Il L’appelle aussi le Consolateur car Il est le fondement de notre espérance.

« Je prierai le Père et Il vous donnera un autre Paraclet… »

Cet Esprit Saint qui est à Lui comme Il est au Père, qui est l’Amour de Jésus pour Son Père, comme Il est l’Amour du Père pour le Fils, Jésus a prié Son Père pour pouvoir nous Le donner : « Je prierai le Père, et Il vous donnera un autre Défenseur… »

Souvenons-nous que l’instant de la plus grande prière de Jésus, c’est la Croix. D’ailleurs, vous qui, malheureusement, avez dû souffrir dans votre vie d’une manière ou d’une autre, vous vous êtes sûrement aperçus que la plus belle prière c’est la souffrance ! Oui, la plus belle prière de Jésus n’est pas la prière sacerdotale du chapitre 17 de Jean : « Père glorifie-moi comme je t’ai glorifié… » La plus belle prière de Jésus est la Croix où Jésus, effectivement, concrètement, donne Sa vie par amour pour Son Père.

C’est à cet instant qu’Il prie le Père de pouvoir remettre aux hommes l’Esprit Saint comme l’Église en a toujours fait l’exégèse à partir de Jean, au chapitre 19 : « Jésus remit l’esprit. » Effectivement le Père, permet à Son Fils de donner leur Esprit commun au monde. Comme Jésus a déjà donné Son Corps et Son Sang, Jésus donne aussi Son Esprit. Il exprime, Il expire ce Souffle. Oui, le Souffle de Sa consécration par l’Esprit, comme le rappelle Jésus dans la synagogue de Nazareth, Il Le donne au monde.

« Jésus remit l’Esprit. »

À nous de Le recevoir, ou à nous de Le refuser. Si je Le reçois, j’ouvre mon cœur et j’entre dans la profondeur du mystère de Jésus. Mais je peux Le refuser, comme certains refusèrent de suivre Jésus après le discours sur le Pain de Vie. En voyant ce que l’Esprit me montre, en voyant l’Évangile, en voyant que Jésus est Fils de Dieu, qu’Il me donne Son Corps, qu’Il fonde l’Église, qu’Il me pardonne mes péchés, lorsque je vois tout cela révélé par l’Esprit en moi, je peux dire : « Ces paroles sont trop dures à entendre, qui peut les accepter ? »

C’est quelquefois cela que nous faisons. Nous mettons en doute les paroles de Jésus auxquelles nous devrions adhérer dans l’Esprit. Et nous faisons des communions tièdes… Et nous manquons à notre devoir de réconciliation… Et nous manquons à la charité fraternelle… Et nous ne suivons pas le commandement de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés… »

« Ces paroles sont trop dures à entendre… »

Nous basculons alors une part de nous-mêmes dans le monde des ténèbres. Combien de fois nous sommes nous dit devant une situation relationnelle difficile, en couple, en famille, en communauté : c’est difficile ! C’est difficile de pardonner, c’est difficile de donner encore, c’est difficile de comprendre, c’est difficile d’aller vers l’autre, c’est difficile d’être patient… Ne nous sommes-nous jamais dit ça ? C’est difficile, devant telle et telle immoralité ou injustice de ne pas, nous aussi, tricher vis-à-vis de l’autre…

Il est difficile de se garder propre ! Oui, les paroles de Jésus nous paraissent souvent trop dures à entendre. Cela ne concerne pas seulement l’Eucharistie, comme dans l’Évangile, mais tout ce que l’Eucharistie vient éclairer et nourrir dans notre vie.

Réfléchissons donc à l’importance de l’Esprit-Saint pour nous. C’est Lui qui nous éclaire, c’est Lui qui nous permet d’adhérer. Nous pouvons accepter, nous pouvons entrer dans cet Esprit de l’Évangile ou nous pouvons rejeter l’Esprit et dire : « Ces paroles sont trop dures ! Qui peut les entendre ? »

« Demandez et vous recevrez… »

Nous comprenons alors la nécessité de prier l’Esprit-Saint et de nous préparer à la fête de Pentecôte pour être toujours sous Sa mouvance et ne pas refuser l’Évangile. Jésus nous dit dans l’évangile d’aujourd’hui : « Vous reconnaîtrez que je suis dans le Père… » c’est-à-dire que Je suis Saint ! Oui, Seigneur dans la mouvance de l’Esprit, je crois que Tu es Kyrios, je crois que Tu es Dieu, le Saint, le seul Saint qui sanctifie.

Et Jésus nous dit encore : « Et vous reconnaîtrez que je suis en vous et que vous êtes en moi. » Oui Seigneur, je crois que Tu es en moi, que Tu demeures en moi… Oui Seigneur, je crois que Tu es venu en moi comme Dieu Saint et Sanctifiant pour me donner Ta vie.

Alors faisons de ces quelques jours qui nous séparent de la Pentecôte, un temps de désir absolu pour accueillir l’Esprit qui nous sera proposé, pour en recevoir les forces nécessaires afin d’asseoir notre foi.

SAINT ET JOYEUX TEMPS PASCAL A VOUS TOUS CHERS AMIS !

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.