Lectio divina – Vigile Pascale 2023

Rm.6, 3-11 // Mt.28, 1-10

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Hier, nous étions, face à la croix, confrontés à un phénomène mystérieux : à la fois ombre et lumière, l’ombre du péché et puis la lumière du Corps de Jésus, par Son oblation déjà transfiguré, lumière translucide, diaphane…

Mais en cette Vigile de Résurrection, nous nous trouvons confrontés à un phénomène encore plus mystérieux, dans la même ligne certes, mais encore plus grand, c’est celui de la nuit translumineuse de la Résurrection. Pourquoi translumineuse ? Parce que la lumière de cette nuit est si forte, si éblouissante qu’elle nous aveugle !

La nuit translumineuse de la Résurrection

Elle nous aveugle d’abord parce qu’elle dépasse nos catégories historiques, physiques, biologiques, métaphysiques…

Elle nous aveugle aussi parce qu’elle nous pousse tout simplement à fermer les yeux pour entrer en adoration. Notre silence durant cette liturgie de la Vigile pascale est la meilleure preuve de l’impact intérieur que tout ce rituel, pourtant long et original, a sur nos cœurs.

Dans cette nuit translumineuse, la lumière a autant d’obscurité au cours de cette re-naissance du cosmos (célébrée par le rite du feu, par le rite de l’eau, par le rite de la cire) qu’elle en a eu au moment de la naissance du cosmos dans cet instant fameux que nos physiciens appellent de cette expression facile et drôlatique le big-bang, le grand moment de l’explosion !

« L’Esprit de Dieu planait sur les eaux »

Il n’y a pas cependant que ce parallèle entre la nuit de la Résurrection et le Point Zéro (puisqu’on ne peut pas encore parler de temps !) qui est à l’origine de notre univers. Il n’y a pas que ce parallèle de la lumière aveuglante ou ‘obscurante’, il y en a d’autres.

Celui-ci, par exemple : au sujet de la création du monde, la nouvelle théorie qui affleure actuellement dans les esprits scientifiques à propos du big-bang, est la théorie de l’implosion. À savoir que ce n’est pas une explosion de type atomique, dégageant une énergie fabuleuse qui serait à l’origine de notre univers, mais c’est au contraire une implosion toute aussi forte, mais provoquée par un souffle, un soupir ténu, à peine perceptible sur un néant en compression. Et cela ne rejoint-il pas le récit biblique : « L’Esprit de Dieu planait sur les eaux » ?

De même ce soir, dans cette nuit de la re-création, dans cette nuit de la Résurrection, est-ce que ce n’est pas aussi un soupir divin qui, à travers le linceul, va transformer le corps mort du Christ pour Lui donner cette force infinie de vie, cette dynamique recréatrice jusqu’à l’éternité ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Retrouvez la Lectio divina quotidienne sur Twitter : @mgrjmlegall

Dieu par Son Esprit aime à travailler dans le Cœur à cœur.

Finalement, à l’origine du cosmos, comme ce soir au temps de sa re-naissance, de sa re-création, il y a l’œuvre de l’Esprit l’œuvre du Souffle de Dieu.

Oui, il faut y voir le souffle de l’Esprit présent avec la délicatesse qu’on Lui connaît et qui Le fait agir dans la nuit : dans la nuit des temps comme ce fut le cas pour la naissance du cosmos quand « l’Esprit de Dieu planait sur les eaux », mais aussi dans la nuit d’aujourd’hui, dans la nuit de la re-naissance de l’univers !

Il y a, en ces deux instants, cette œuvre de l’Esprit qui est là, délicate non pas parce qu’elle cherche à provoquer dans l’obscurité de la nuit une lumière encore plus éclatante qu’elle ne l’aurait fait au grand jour, mais parce que Dieu par Son Esprit aime à travailler dans l’intimité, dans le Cœur à cœur, dans le cœur des choses, dans le cœur des hommes, finalement à la place qui Lui est propre.

Dieu dispose dans l’existence les choses de telle manière qu’Il persiste en leur centre, en leur foyer, comme Créateur pour les soutenir.

Et de même Dieu dispose l’homme et propose à l’homme de L’accueillir en son âme, d’accueillir en son âme Son Souffle créateur pour le re-créer, pour l’enfanter, pour le ressusciter, comme ce soir le Souffle de Dieu, l’Esprit de Dieu a ressuscité Son Fils.

« Voici que je fais toutes choses nouvelles ! »

Il nous propose ce soir d’accueillir ce Souffle, d’accueillir cet Esprit divin, d’accueillir ce Soupir pour ressusciter avec Lui, pour ressusciter en proportion du dépouillement d’hier.

C’est là où nous voyons les deux côtés du mystère de la mort et de la résurrection. Le Christ ressuscite parce qu’Il est mort nous dit Saint Paul et nous, nous ressusciterons dans la mesure où nous serons morts avec Lui, dans la mesure où nous nous serons dépouillés hier, dans la mesure où nous aurons fait le vide dans notre âme.

De même qu’il y a eu à l’origine du cosmos le néant qui a pu accueillir l’univers il y a quinze milliards d’années, de même notre abîme spirituel, au fond de notre âme, grâce à ce que nous avons déposé hier au pied de la croix, ce vide va attirer l’énergie de l’Amour paternel, l’Energie divine aussi vivante, aussi créatrice, aussi infinie et aussi éternelle que celle qui dans le soupir du premier instant a lancé l’univers !

Alors nous comprenons la joie qu’il y a à célébrer ce soir la re-naissance du cosmos !

Nous comprenons le lien qu’il y a entre notre résurrection spirituelle et la création de la terre. Nous saisissons le lien qu’il y a entre l’Amour de Dieu manifesté par ce tombeau vide et l’Amour que Dieu a manifesté il y a quinze milliards d’années en lançant notre Univers dans ses lois physiques insondables.

Nous expérimentons alors la joie qu’il y a de comprendre qu’avec les mêmes réalités Dieu crée un monde nouveau, un monde qui n’est plus au service de l’homme dans sa solitude, dans son angoisse, dans les limites de sa finitude, mais un monde qui est au service des fils de Dieu, au service des enfants de Dieu !

Exultet ou la Nuit du bonheur !

Cela donne une tout autre dimension à notre écologie, ainsi qu’à la relation que l’homme a avec le cosmos et que le cosmos a, sans la conscience, sans l’esprit, avec l’homme.

Oui, Dieu se sert de toutes les réalités pour re-créer, pour ré-enfanter le monde, pour ré-enfanter cet Éden qui sert à nourrir l’homme. (Il créa les espèces végétales. Il créa les espèces animales. Il créa toutes les bêtes qui foisonnent et dans les airs et dans les eaux et sur la terre, pour l’homme).

Alors le feu et la lumière que la Liturgie célèbre durant la Vigile, au-delà de ce qu’exprime la lumière du soleil, signifie la vision de Dieu, cette foi que le Christ donna à l’aveugle-né.

Aussi, l’eau que cette Liturgie célèbre également, l’eau qui donne la vie à notre corps ; cette eau exprime la charité, la tendresse que le Christ nous donne et que la Samaritaine a expérimentée.

Enfin la vie, la vie à laquelle nous tenons tant, cette vie temporelle, au-delà de ce qu’elle exprime, est le signe de l’espérance que Jésus nous a rendue à travers la résurrection de Lazare.

C’est ainsi que notre Vigile Pascale termine, achève et accomplit toute notre liturgie du Carême : le feu et la foi, l’eau et la charité, la vie et l’espérance. Comme le chantait l’Exultet, ce soir c’est vraiment la nuit du bonheur.

O Nuit du bonheur où le ciel s’unit à la terre !

Sachons trouver, dans le regard que nous portons sur la Création, dans le regard que nous portons sur les éléments de la nature, comme l’eau que nous utilisons, au-delà du simple problème écologique dont on nous rebat les oreilles, sachons trouver au-delà de la réalité concrète, l’expression spirituelle qui s’enracine aujourd’hui dans la Résurrection de Jésus ; c’est-à-dire dans la re-naissance du cosmos, dans la re-création qui reprend, quinze milliards d’années après mais avec les mêmes choses, avec le même Esprit créateur, avec les mêmes réalités créées, avec le même temps dans lequel est infusée l’éternité, avec la même chair, la même incarnation dans laquelle est infusé l’Amour de Dieu qui reprend toute cette œuvre pour la mener à son terme.

O nuit du bonheur, nuit véritable où le ciel s’unit à la terre et où l’homme rencontre Dieu !

Mes biens chers amis, que nous sortions de la Vigile avec la joie dans le cœur, une joie profonde comme toute la joie pascale, une joie intérieure, une joie à l’exemple de l’Esprit-Saint qui est discrète, qui est une joie d’intimité : une joie de cœur à cœur !

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.