Lectio divina – Jeudi Saint

Ex.12, 1-14 // 1Co.11, 23-26 // Jn.12, 1-15 Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Saint Matthieu, que nous entendons tous ces dimanches de l’Année liturgique A, introduit les dernières heures du Christ et particulièrement cette institution eucharistique par une phrase qui est essentielle et sur laquelle je propose de réfléchir. Donnant la parole à Jésus, il Lui fait dire aux apôtres : « Vous irez chez un tel et vous lui direz : c’est chez toi que je veux célébrer ma Pâque. »

« Zachée descends, c’est chez toi que je veux entrer… »

Cela nous renvoie à un dialogue semblable qui se déroula avec Zachée à Jéricho : « Zachée descends, c’est chez toi que je veux entrer, dans ta maison. » Dans cette maison dont déjà Yahvé, à l’Exode, faisait le lieu de la Pâque et de l’immolation de l’agneau…

Et nous nous souvenons des conséquences bouleversantes dans l’épisode de Zachée. Ce publicain entre dans le processus de la conversion. Oui, c’est à la suite de ce dialogue, de ce rapport intime et personnel, de ce cœur à cœur avec le Christ qu’il entre dans la lumière de Dieu !

Et c’est bien la conversion que Jésus souhaite pour nos âmes ! Ce qui nous fait penser et dire maintenant qu’aujourd’hui, la Pâque que Jésus désire célébrer, c’est la Pâque dans mon âme, c’est la Pâque intérieure et spirituelle, la Pâque vécue, comme avec Zachée, dans une relation intime, cordiale, dans un cœur à cœur personnel.

« Vous la mangerez debout, rapidement, prêts à partir… »

Est-ce à dire pour autant que l’Eucharistie, qui est le mémorial de la Pâque historique de Jésus ne sert à rien ? Bien sûr que non ! Mais cela nous éclaire et nous indique que l’Eucharistie est finalisée vers quelque chose de plus grand qu’elle encore !

En effet, et nous l’entendons dans la lecture : « Vous la mangerez debout, rapidement, prêt à partir, avec la ceinture aux reins, les sandales aux pieds… », pour partir vers quelque part vers cette terre promise, -vers le Ciel-, vous le peuple, pas les individus, mais mon peuple que j’ai choisi. L’Eucharistie, comme l’agneau de l’Exode, on ne s’y arrête pas !

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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L’Eucharistie est faite pour permettre à Jésus de continuer à célébrer en nos âmes Sa Pâque c’est-à-dire de continuer à célébrer en nos âmes Sa mort d’Amour pour les hommes. L’Eucharistie est faite pour donner à chacun de se transformer en accueil, en maison, en lieu de réception intime, chaud, cordial, pour que le Christ puisse y descendre comme chez Zachée et y mourir d’Amour pour le monde.

L’Eucharistie est vraiment le mystère de la foi qui nous fait devenir des instruments les plus sublimes, en prêtant notre âme mystérieusement à Jésus pour qu’Il continue d’illuminer mystérieusement le monde, de le réchauffer, et de le sauver !

Par moi et avec moi Jésus va vivre Sa charité !

Comment Jésus va-t-Il s’y prendre ? Comment Jésus va-t-Il célébrer Sa Pâque dans notre cœur ?

Eh bien il va s’y prendre tout simplement par Sa Charité et c’est pour cela que, tout en nous disant que l’Eucharistie nous renvoie à quelque chose d’autre de plus grand, l’Eucharistie est le mystère des mystères, le mystère de la foi, le plus grand des sacrements !

Parce que dans l’Eucharistie, par l’Eucharistie Jésus va vivre Sa charité, non plus par la Croix et avec la Croix, mais par moi et avec moi. Mystère eucharistique : par moi et avec moi Jésus va vivre Sa charité !

On comprend alors pourquoi le Christ dans un même repas glorieux (et glorifiant parce qu’il appelle déjà Judas), dans un même repas à la fois Il institue l’Eucharistie (qui aurait déjà suffi amplement à la méditation des apôtres) et Il enseigne le commandement nouveau appelé le mandatum, le commandement de l’amour du prochain, de l’amour le plus fou, le plus dévoué…

Cet amour le plus humble, Il va l’exprimer historiquement en lavant les pieds de Ses apôtres ; et le prêtre est appelé dans le théâtre de la liturgie (dont Dieu seul est le metteur en scène !) à reproduire cet Amour fou du Fils de Dieu « venu non pour être servi mais pour servir. »

« Venu non pour être servi mais pour servir. »

Rien de plus logique dans l’esprit de Jésus : si l’Eucharistie est faite pour Lui permettre de continuer Sa Pâque c’est-à-dire Son mourir d’Amour en nous, il est logique que pendant le repas, « il se lève, se ceint d’un linge » pour accomplir ce rite réservé aux plus bas des esclaves.

La Charité du Christ, elle est reçue par moi : ça c’est l’Eucharistie de tout à l’heure ; afin que la charité du Christ soit en action à travers moi : c’est le commandement de l’Amour ! Je reçois la Pâque de Jésus pour la transmettre.

C’est bien Jésus que je vais recevoir tout à l’heure dans la communion sacramentelle ou spirituelle. C’est bien Jésus que je vais recevoir et c’est donc Jésus que je vais pouvoir donner ! Et c’est le Christ en oblation que je reçois, ce n’est pas n’importe quel Christ, c’est celui-là : le Christ mort dans Son oblation suprême et ressuscité.

C’est donc le Christ s’offrant suprêmement pour mon frère qui va, par moi, se transmettre à mes frères. C’est Lui qui va par moi se donner immédiatement après la messe par tel acte, tel sourire, telle charité, tel service, tel dépouillement familial, communautaire…

Et c’est comme cela que Jésus peut continuer à vivre Sa Pâque jusqu’à la fin du monde à travers nous, dans nos vies, à travers ces mandatum qu’Il vit par nous…

« Je continue dans mon corps ce qui manque à la Passion du Christ. »

Réfléchissons donc, au cours de cette messe, de notre adoration au Reposoir, ou dans le secret de notre cœur dans notre chambre sur ce sens de l’Eucharistie.

C’est vrai l’Eucharistie est le plus beau des sacrements parce qu’il fait mémoire de la Croix, du sacrifice et de l’offrande du Fils de Dieu.

Mais l’Eucharistie est surtout le plus grand des sacrements, le plus ecclésial, car c’est le sacrement du Christ-total qui englobe l’offrande de Jésus pour la poursuivre, pour la communiquer, pour la diffuser. C’est ce sacrement qui permet à nos âmes de laisser Jésus diffuser Son offrande, une historiquement, plurielle et universelle mystiquement. Comme dit Saint Paul : « Je continue dans mon corps ce qui manque à la Passion du Christ. »

C’est l’Eucharistie qui permet à Jésus de continuer Son offrande à travers le don de notre corps, (commençons par-là : le poids de notre santé, de notre vieillesse, de notre chair, de nos passions, de nos fatigues, de nos maladies, de nos morts ou de celles de nos proches…), à travers le don de notre cœur, (le siège de notre être, de notre amour envers la famille, les amis…), à travers le don de notre esprit qui cherche la Lumière.

« Il faut qu’il croisse et que je diminue »

En un mot toute notre personne est vouée au dépouillement comme le souhaitait Jean-Baptiste : « Il faut qu’il croisse et que je diminue » ; elle est vouée au dépouillement pour laisser agir le dévouement infini de Jésus qui dépasse infiniment nos dévouements philanthropiques et bourgeois, humainement limités et limitants. Je voue ma personne au dépouillement pour qu’à travers elle puisse agir le dévouement infini de mon Maître !

Voilà le mystère de l’Eucharistie et nous y rencontrons de manière subtile, à la fine pointe de Sa vie qui est sur le point de se terminer, l’humilité de Jésus. En effet l’Eucharistie nous renvoie à quelque chose d’autre : elle nous renvoie à la Charité, à la définition de Dieu, à la vie de Son Père.

Seigneur, le pain et le vin dont Vous avez voulu nous nourrir c’est Vous, pour que le pain et le vin dont Vous puissiez Vous nourrir ce soit nous !

La grâce que nous vous souhaitons c’est de laisser vivre cette vérité en vous…

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.