Lectio divina – Dimanche des Rameaux

Is.50, 4-7 // Ph.2, 6-11 // Mt.26, 14-27, 66

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Dans la Collecte, le célébrant, en votre nom, demande à Dieu : « la grâce de retenir les enseignements de la Passion » ! Et nous ne retiendrions dans toute notre année liturgique que les enseignements d’aujourd’hui que cela suffirait très certainement à nous convertir et à nous sanctifier ! C’est en effet aujourd’hui que commence la Passion. L’entrée à Jérusalem, dans le mystère de l’histoire de Jésus, correspond à l’entrée dans ce que l’on appelle liturgiquement la Semaine Sainte c’est à dire la reproduction dans l’Église des derniers jours, des dernières heures vécues par Jésus, Sa dernière semaine…

Elle est appelée Semaine Sainte parce que c’est au milieu de ces jours qu’aura lieu le Saint Sacrifice de la vie du Christ pour le Salut de chacun, Saint Sacrifice anticipé, et rendu présent en plénitude avec la Résurrection, dans l’Institution eucharistique du Jeudi Saint.

« Tout fut par lui et sans lui rien ne fut… »

Et la première question que nous pouvons nous poser est celle-ci : pourquoi Jésus a-t-Il inauguré Sa Passion par ce triomphe royal de l’entrée à Jérusalem ? Pourquoi a-t-Il laissé ce triomphe de la foule et du peuple juif, (de tous les Juifs, non seulement ceux de Jérusalem mais ceux venant de Galilée et de Judée pour la Pâque) ? Oui, pourquoi Jésus a-t-Il voulu entrer en Jérusalem pour y mourir avec cette marche glorieuse, Lui qui avait toujours fui les ovations ?

Est-ce que c’est seulement pour fortifier les apôtres qui vont devoir subir le coup brutal du désespoir de la mort de leur Seigneur et Maître, un peu comme la douceur que l’on donne à un enfant avant qu’il ne subisse une épreuve ?

Ne croyons-nous pas plutôt que c’est vraiment un triomphe que cette Passion, parce qu’elle est réellement le triomphe de Dieu, le triomphe de Son Amour qui règne sur le monde depuis la Création (qui en est le premier fruit), cet Amour qui préside comme un prince préside, (puisque l’amour en Dieu est personnifié), à la destinée de ce monde dans lequel nous sommes embarqués depuis tant et tant de milliers d’années et dont nous allons percevoir dans ces prochains jours Son expression suprême, Sa révélation, Sa manifestation ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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« Dieu a tant aimé le monde… »

Souvenons-nous de ce que Jésus disait déjà au début de Son ministère public pour nous préparer : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils pour que le monde ait la vie » pour que le monde puisse vivre sa destinée qui n’est pas une destinée seulement matérielle (pour ne pas dire matérialiste et hédoniste !) mais qui est surtout une destinée relationnelle, les uns les autres étant frères, fils d’un même Père !

Ce n’est pas un vain mot, ce n’est pas une pieuse figure de rhétorique que de dire que le Christ triomphe par la croix !

Et c’est pour nous le faire comprendre que Jésus accepte cette entrée triomphale qu’Il aurait très bien pu refuser, esquiver comme Il le fit tant de fois ! C’est pour nous faire comprendre que loin d’être un paradoxe dans lequel quelquefois nous butons, il y a autre chose, en profondeur : c’est réellement Son triomphe qui est là aujourd’hui !

Ce triomphe, que la procession de la liturgie d’aujourd’hui reproduit, exprime par anticipation ce que les jours prochains vont contenir, à savoir la victoire, le triomphe de la Vie sur le péché et la Mort !

Le triomphe de la Vie sur la Mort par l’Amour !

Et ce triomphe n’est pas le fruit de la science, parce que la science, biens chers amis, est limitée et nous ne le savons que trop, malheureusement ! C’est le triomphe de la Vie sur la Mort par l’Amour ! Que j’aimerais qu’à la télévision et dans les journaux, à côté des chroniques -utiles certes- de découvertes scientifiques concernant les microbes et les vaches folles et toutes ces protéines et ces molécules de synthèse, nous puissions avoir une chronique de la victoire de l’Amour sur le Mal que manifestent tous les actes bons qui se font dans le monde ! Et il y en a partout !

‘Chronique de la victoire sur la vie par l’amour’ : est-ce que nous serions cités ? Quelquefois nous sommes dans l’admiration, devant ces grands savants qui réfléchissent sur l’ADN. Nous n’avons aucune chance d’être cités dans ces chroniques scientifiques, mais dans la chronique de l’Amour nous avons toutes nos chances !

Et pourtant peu de temps avant d’entrer à Jérusalem, Jésus dit à Ses disciples : « Les grands de ce monde se font servir et dominent en maîtres. (Nous en savons quelque chose…) Pour vous que ce soit différent, que le plus grand (celui qui veut régner, celui qui veut triompher comme le Christ), soit le serviteur de tous. »

Et ce que nous demandons à nos hommes politiques, -à juste raison- c’est à dire de nous servir, sommes-nous capables nous de le faire dans notre vie de pauvres citoyens ? Est-ce que nous nous servons mutuellement : mari et femme, parent et enfant, curé et fidèles, jeunes et personnes âgées, pauvres et riches ? Est-ce que nous nous servons mutuellement ?

« Que le plus grand soit le serviteur de tous »

Avant l’entrée à Jérusalem et le triomphe des Rameaux, cette instruction de Jésus à Ses apôtres, et par-delà à nous, nous prévient que c’est dans ce sens-là que nous devons envisager le règne et le rayonnement de notre vie chrétienne.

Si nous voulons régner et rayonner c’est dans ce sens-là : le triomphe de notre vie chrétienne sera à la mesure de notre enfoncement dans la donation.

C’est pour cela que saint Paul nous dit, par le verset d’avant notre deuxième lecture, hymne extraordinaire où il raconte le double abaissement de Jésus : « Ayez en vous les sentiments qui furent dans le Christ Jésus… », pour faire comme Lui, pour aller derrière Lui dans ce renoncement qui est triomphe !

« Ayez en vous les sentiments qui furent dans le Christ Jésus… » Mais attention au piège !

Il ne s’agit pas de se servir de Jésus pour vivre par Lui ma petite vie de sainteté, comme les pharisiens : -Regardez comme je suis bien ! Je pratique tous les dimanches, je donne mon denier du culte, je donne aux pauvres mon obole… Que je suis beau ! C’est ma sainteté, personne ne me la prendra ! Pour plagier Jésus : Ma sainteté nul ne la prend c’est moi qui la donne ! En général cette prétendue sainteté est extrêmement limitée !

« Sans moi vous ne pouvez rien faire. »

Car il s’agit bien au contraire de laisser le Christ se servir de moi, me prendre mon corps, mon cœur, mon esprit pour qu’Il puisse continuer à vivre, Lui par moi, l’Amour infini que Lui seul peut vivre ! Et non mon petit amour limité de philanthrope chrétien qui embête tout le monde avec un prosélytisme de mauvais aloi, allié avec le cancanage, la médisance, l’hypocrisie, l’orgueil, le mensonge, la vanité…

Non, mais qu’Il puisse Lui, continuer à vivre Sa vie à Lui, c’est-à-dire une vie d’Amour illimitée vers le Père et pour les hommes.

Tel est le piège qu’il faut éviter et la voie qu’il faut prendre. Il ne s’agit pas d’être bigot, il s’agit de n’être rien pour que le Christ en moi soit tout.

Ce n’est pas facile : c’est un double renoncement auquel chacun d’entre nous est appelé.

Premièrement, m’oublier pour faire grandir en moi le Christ de mon baptême. Deuxièmement, savoir et accepter que ce Christ qui va germer et grandir en moi c’est le Christ d’aujourd’hui, c’est-à-dire Celui qui est en train de vivre toute la Gloire de Son dépouillement. Et ce deuxième renoncement, chers frères, c’est celui-là que quelquefois nous ne voulons pas faire ! Nous voulons bien vivre notre foi mais de manière triomphale.

« Afin que nous sachions quel abaissement nous devons imiter… »

Non, acceptons notre marche à la suite du Christ de manière dépouillée, acceptons nos misères, acceptons nos ‘non-gloires’ pour accepter le triomphe et la gloire de Jésus. C’est cet abaissement que nous devons imiter comme nous le demandons dans la Collecte : « afin que nous sachions quel abaissement nous devons imiter… »

Cet abaissement que nous devons imiter c’est le double abaissement de Jésus dont parle Saint Paul dans la deuxième Lecture.

Premièrement : Jésus quitte Sa situation divine pour être homme : « Il se vide » pour ne pas se prévaloir de Son droit de Dieu et être homme dans l’Incarnation.

Deuxièmement Il va plus loin : « Il s’humilie plus encore… » en étant non seulement homme, mais homme des douleurs.

Entrons en Semaine Sainte dans cet esprit-là. Tous ensemble, sans nous juger mais en nous épaulant les uns les autres. Car nous en avons tous besoin pour marcher à la suite du Christ dans ce double abaissement, dans ce double renoncement.

Je vous souhaite vraiment de tout mon cœur de prêtre d’entrer en Semaine Sainte, pour vous sanctifier et recevoir Grâce, Lumière et Paix dans votre cœur.

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.