Lectio divina pour le cinquième dimanche du temps ordinaire

Is.58, 7-10 // l Co.2, 1-5 // Mt.5, 13-16

Dimanche dernier, Matthieu nous donnait la charte du Royaume des Cieux. Tout d’abord, en nous définissant de manière encore plus intime que par le Décalogue, la nature de Dieu qu’il nous présente comme le Magnifique : Celui qui est dans la Gloire parfaite et la Joie sans fin à cause de Sa Pauvreté, de Son Humilité… Et puis, par conséquence, en définissant ce que doit être l’homme qui veut appartenir au Royaume de ce Dieu : pauvre, dépouillé, humble : Heureux êtes-vous les pauvres en esprit parce que le Royaume des Cieux, c’est-à-dire Dieu lui-même, vous appartient !

Aujourd’hui, l’Eglise nous propose de méditer sur le moyen que Dieu nous donne pour entrer dans ce Royaume des Cieux. Comment l’homme en effet peut-il prétendre atteindre cette perfection divine de pauvreté ou d’humilité sans y être aidé par Dieu ?

« Comme le Père vous a aimés, moi aussi je vous ai aimés… »

Le Christ a une réponse très claire : « Celui qui croit en moi, celui qui est en moi, fera les œuvres que je fais. » Et l’Œuvre du Christ par excellence, ce qui surgit de Sa personne c’est l’Amour, le Don : « Je suis venu non pas pour être servi, mais pour servir et pour donner ma vie en rançon pour la multitude. » Celui donc qui reste uni à Jésus par la foi fera l’Œuvre du Christ, c’est-à-dire arrivera à se dépouiller totalement par amour de l’autre !

Le Christ dit dans un autre passage de Jean : « Qui me voit, voit le Père. » Et encore : « Je fais les œuvres de mon Père… » Donc le fidèle qui s’unit à Jésus par la foi non seulement fera l’Œuvre du Christ, mais fera l’Œuvre du Père. Il aura ce même cœur que le Cœur de Dieu défini par Matthieu : un Cœur absolument ouvert à Son Fils et aux hommes.

C’est donc par le Christ, unique Médiateur entre Dieu et les hommes que le fidèle peut adhérer à l’Œuvre du Royaume des Cieux qui est œuvre d’amour et de don jusqu’au dépouillement définitif de soi…

« Sans moi vous ne pouvez rien faire ! »

C’est pourquoi Paul insiste, dans la deuxième lecture du 5ème Dimanche, sur cette prédication centrée sur le Christ et le Christ crucifié : « Je ne veux savoir qu’une chose, Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié. » Je ne veux avoir d’yeux que pour ce Cœur, et ce Cœur transpercé sur le gibet de la croix, qui résume, qui totalise, qui explique la grandeur de l’Amour de Dieu pour l’homme. Comme nous sommes loin quelquefois, dans notre mentalité intellectuelle, d’avoir ce centrage de l’esprit sur Jésus ! Combien de lectures inutiles, combien de sciences vaines essayons-nous d’acquérir alors que Paul insiste, et les Pères du désert le feront après lui, sur la nécessité de recentrer notre esprit à chaque instant sur la Personne du Christ et Son Esprit qui, en nous, désirent orienter notre vie vers le don et l’amour pléniers !

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Parce que sans Lui nous ne pouvons rien faire ! Sans Jésus nous sommes incapables de poser un acte du Royaume, un acte d’Amour parfait ! Nous pouvons agir bien entendu en tant qu’hommes, nous sommes libres. Mais c’est seulement dans notre enracinement par la foi en Jésus, et fondés sur l’Amour que nous pouvons poser un acte nous faisant appartenir au Royaume de Dieu Humble et Pauvre, parce que nous faisons alors l’Œuvre de Jésus, c’est-à-dire l’Œuvre du Père. « Je ne veux savoir rien d’autre que Jésus, et Jésus-Christ crucifié… » Sans Lui, je ne peux rien, mais avec Lui, je peux tout : « Je peux tout en celui qui me fortifie » par la présence de Son Esprit que je laisserai agir en mon cœur.

« Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi… »

Cet enracinement en Jésus, cet enracinement de Jésus en nous n’est pas l’œuvre de nos mérites : il est le seul fruit de la grâce que nous accueillons ! C’est un don de Dieu qu’il nous suffit d’accepter !

Et ce don, pour pouvoir l’accepter, il nous faut d’abord le désirer et le demander. C’est la Collecte de la Messe par laquelle nous demandons la protection de Dieu, parce que sans Sa grâce nous ne pouvons rien. Nous demandons cette protection de Dieu bien entendu au niveau du quotidien, c’est légitime. Mais nous demandons surtout cette protection qui nous permettra, comme disait Péguy, de nous cacher derrière le Christ, ne faisant plus qu’un avec Lui, pour monter jusqu’à notre Père. Il nous faut demander cette grâce dont le fruit est l’enracinement en Jésus, l’identification au Fils ! Car cet enracinement est si fort que nous aboutissons, oui, réellement, à une identification.

« Vous êtes la lumière du monde »

C’est le message de l’Evangile d’aujourd’hui qu’il nous faut méditer et sur lequel il nous faudra revenir durant toute la semaine, tellement il est extraordinaire.

Sommes-nous conscients de la portée de ces paroles divines dites par Jésus : « Vous êtes la lumière du monde » ? Surtout lorsque nous les rapprochons de cette autre révélation : « Je Suis (dans ma divinité partagée avec le Père) la lumière du monde » ! C’est donc à une identification absolue à laquelle le Christ nous appelle !

Le principe de cette identification surgit à notre Baptême, lorsque nous mourons avec le Christ pour ressusciter à Sa Vie, c’est-à-dire à une vie nouvelle, à la vie que nous définissons comme la Vie du Don, comme la Vie de l’Amour infini, Amour qui nous est alors diffusé par l’Esprit qui est donné selon les mots de Paul.

Quel mystère extraordinaire que ce fruit de notre Baptême renouvelé dans l’Eucharistie, renouvelé dans nos sacrements de Réconciliation : l’identification à Jésus ! Nous sommes avec Lui et en Lui, la Lumière du monde !

Notons que parallèlement, Jésus se définit, Lui qui est l’Etre parfait, subsistant, uni au Père, par le rien, par ce qui se consume en donnant la saveur de la vie : le sel qui fond pour donner le goût aux choses, à l’instar de la lumière qui se consume pour éclairer et réchauffer… Nous avons ainsi la définition complète du Chrétien, pourrait-on dire : celui qui n’est rien parce qu’il est tout pour les autres !

C’est d’ailleurs, notons-le avec Benoît XVI, la définition même de l’existence : il faut ex-sistere, se tenir hors de soi pour être réellement !

« Celui qui me mange vivra par moi… »

Cette configuration, cette identité entre le Chrétien et le Christ, nous en avons la semence, le principe, l’énergie vitale dès le Baptême. C’est pourquoi Jésus parle au présent : « Vous êtes », et non pas vous serez. Vous êtes la lumière du monde parce que par la foi, vous êtes unis à Ma Personne.

Cette identification doit devenir notre vie, la vie de notre vie, l’ethos de notre existence… Et c’est là que c’est plus difficile…

C’est le thème de la première lecture de la Liturgie : Partage, accueille, réconforte, ne repousse pas ton semblable, mais au contraire, sois tourné vers lui Nous devons vivre selon la nouvelle nature surgie de notre nouvelle naissance du Baptême. Nous ne devons pas vivre comme des hommes, mais comme des chrétiens, c’est-à-dire d’autres Christ. Nous sommes morts à nous-mêmes, nous sommes morts au vieil homme, nous avons ressuscité dans le Baptême et nous ressuscitons chaque jour dans les sacrements (en particulier, le dimanche avec l’Eucharistie) à la Vie nouvelle, à la Vie de l’homme nouveau, à la Vie du Christ qui fait l’Œuvre de Son Père, c’est-à-dire qui donne la Vie en donnant Sa Vie.

« C’est dans mes faiblesses que se manifeste la puissance de Dieu… »

Alors notre lumière, notre lumière baptismale, la flamme que Jésus a mise en nous dans le Baptême, « jaillira comme l’aurore », elle sera vivante, éclairante, réchauffante pour le monde !

« Et la gloire du Seigneur t’accompagnera… » C’est dire que dès icibas, unis à Jésus dans notre être et notre agir chrétiens, nous appartenons au Royaume et entrons de plain-pied dans la Béatitude, dans cette Gloire que Matthieu a décrite dimanche dernier avec les Béatitudes. Magnifique est-Il le Pauvre, Dieu dans Sa Joie et dans Sa Gloire !

« Et ton obscurité sera ta lumière. » C’est dans ta faiblesse d’homme et dans ton humilité, c’est à cause de cette petitesse reconnue et acceptée parce que tu es un homme et non pas un dieu, que ton prochain verra la présence de Dieu… « Je ne suis pas venu pour parler avec de la sagesse humaine », je suis venu avec ma faiblesse dira Paul, pour que dans cette faiblesse, la Gloire de Dieu, la Puissance de Dieu se manifestent… Pour que la présence lumineuse et amoureuse de Dieu soient palpables. Alors les hommes qui nous entourent, loin de nous glorifier car connaissant nos faiblesses, rendront gloire à Dieu le Père, à Sa Lumière éclairante et consolante donnée pour nous guider vers la Béatitude finale.

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.