Lectio divina pour la solennité de Sainte Marie Mère de Dieu

Nb. 6, 22-27 // Ga. 4, 4 // Lc. 2, 16-21

C’est à l’Annonciation que Marie devient Mère de Dieu. Ce Verbe incarné, fruit de ses entrailles, elle Le donnera au monde à la crèche de Bethléem. Elle Le portera à sa cousine d’Aïn Karim et Le présentera au Temple de Jérusalem, figure de l’offrande qu’elle en fera à la Croix, lorsque le Fils sera suspendu comme LE fruit suffisamment mûr pour achever pleinement la Rédemption au sommet d’une décharge d’immondices…

De la Mère de Dieu à la Mère de l’Eglise…

C’est au moment de cette offrande parfaite, lorsqu’elle attendait le salut du monde disait S. Ambroise, que Marie devient Mère de l’Église sans cesser d’être Mère du Christ. Mère de Dieu, Mère de l’Église, le fil rouge qui relie les deux couronnes glorieuses de Marie, c’est sa disponibilité à la Parole, à ce Verbe dont elle fut le réceptacle très pur pour présider ensuite le pèlerinage de foi que l’Église entame à sa suite afin de porter cette Parole vivante au monde.

Qu’il me soit fait selon Ta Parole…

Et si la Solennité de la Mère de Dieu clôture l’Octave de Noël, c’est pour nous inciter à ne pas quitter les grâces de la sainte Nuit sans avoir pris acte de la perle qui en est le cœur : cette disponibilité à la Parole décrite dans le récit lucanien de l’Annonciation et que la mise au monde dans l’étable dévoile de manière encore plus sublime. Car Marie n’est pas alors seulement celle qui reçoit la Parole ; elle devient alors, par la grâce de cette disponibilité parfaite celle qui La donne !

Elle ne La donne pas comme l’on offrirait un livre. Elle La livre dans son actualité la plus brûlante, dans son enveloppe humaine appelée à être engendrée jusqu’aux extrémités de la terre par les membres du Corps qu’est l’Église. Marie, avant son Fils qui se livrera aux mains des pécheurs, nous livre le Verbe qui est sa matrice spirituelle et dont elle est la matrice charnelle. Elle donne vie à l’événement qu’elle a médité si longtemps, et encore en cette heure, en son cœur pour reprendre l’évangile de la messe de l’Aurore : « Marie retenait tous ces évènements et les méditait en son cœur » (Lc 2, 19)

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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La foi de Marie la fait être pure capacité à la Parole

Arrêtons-nous sur cette osmose parfaite entre la Parole et Marie. Bien qu’étant unie à Elle par toutes les fibres de sa foi, et justement pour cela, Marie donne vie à la Parole. C’est déjà ainsi que l’on a pu définir la maternité de la Vierge.

Quand il est dit que Marie a conçu dans la foi, cela ne signifie pas que la Vierge aurait contribué à part égale avec l’Esprit à la naissance de Jésus. Marie a conçu par la foi, non parce que sa foi aurait été la raison formelle de sa maternité, mais parce que, de son côté, il n’y a rien eu d’autre que sa foi ! La foi de Marie n’est pas l’énergie par laquelle elle a conçu et enfanté Jésus, mais plutôt la disposition grâce à laquelle l’unique énergie de l’Esprit a pu opérer en elle.

Lorsque l’Ange se présente à la Vierge pour lui dévoiler l’attente de Dieu à son égard, elle n’a rien d’autre à proposer et à offrir que dire sa foi parfaite qui fait d’elle une pure capacité de Dieu. Donnant vie à la Parole à cause même de son adhésion à cette même Parole, Marie définit ainsi parfaitement la relation de réciprocité amoureuse, voire complice, que « Dieu parlant » attend de « l’homme écoutant ».

Marie, par son oui à la Parole, accomplit la vocation de l’humanité

L’Exhortation apostolique de Benoît XVI, Verbum Domini, eut la délicatesse de mettre en avant ce mariage mystique entre le cœur de la Vierge et le Verbe divin :

« Il est nécessaire de regarder là où la réciprocité entre la Parole de Dieu et la foi s’est accomplie parfaitement, c’est-à-dire en la Vierge Marie, “qui par son ‘oui’ à la Parole de l’Alliance et à sa mission, accomplit parfaitement la vocation divine de l’humanité.” » (Verbum Domini, 27)

Et le texte poursuit :

« De l’Annonciation à la Pentecôte, [Marie] se présente à nous comme la femme totalement disponible à la volonté de Dieu. Elle est l’Immaculée Conception, celle qui est « pleine de la grâce » de Dieu (cf. Lc 1, 28), docile à la Parole divine de façon inconditionnelle (cf. Lc 1, 38). Sa foi obéissante place son existence à chaque instant face à l’initiative de Dieu. Vierge à l’écoute, elle vit en pleine syntonie avec la volonté divine ; elle garde dans son cœur les événements de la vie de son Fils, en les ordonnant en une seule mosaïque. » (cf. Lc 2, 19.51) (id.)

Marie est la figure de l’Église à l’écoute de la Parole de Dieu

Disponibilité, docilité, réciprocité, maternité sont des termes qui définissent, chacun à sa manière, la relation unique, exceptionnelle, merveilleuse, entre la petite vierge de Nazareth et la Parole créatrice de l’univers entier. Si la fille du Créateur a pu devenir la Mère du Rédempteur, c’est dans cette relation privilégiée que Marie, en pleine liberté, a accepté de construire avec la Parole.

Cela étant, devenue Mère du Sauveur, Marie ne pouvait être que le modèle de ceux qui, ensuite, recevraient les fruits de ce Salut. C’est pourquoi Benoît XVI écrivit dans la même Exhortation : « Elle est la figure de l’Église à l’écoute de la Parole de Dieu qui, en elle, s’est faite chair. Marie est aussi le symbole de l’ouverture à Dieu et aux autres ; de l’écoute active qui intériorise, qui assimile et où la Parole divine devient la matrice de la vie. » (27). C’est dire donc que le chrétien, à l’instar de Marie, doit pouvoir engendrer la Parole à force de La recevoir !

« Ma mère est celui qui écoute ma parole… »

Recevoir et concevoir, telles pourraient être les deux missions du baptisé. Le chrétien doit pouvoir, comme la Mère du Verbe, entrer et sortir de la Parole, être chez lui en Celle-ci et ne finir par ne faire plus qu’un avec Elle, comme il est appelé à ne faire qu’un avec le Christ : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. » (Gal, 2, 20)

Ainsi Benoît XVI poursuit :

« On voit ainsi apparaître que, dans la Parole de Dieu, Marie est vraiment chez elle, elle en sort et elle y rentre avec un grand naturel. Elle parle et pense au moyen de la Parole de Dieu ; la Parole de Dieu devient sa parole, et sa parole naît de la Parole de Dieu. De plus, se manifeste ainsi que ses pensées sont au diapason des pensées de Dieu, que sa volonté consiste à vouloir avec Dieu. Étant profondément pénétrée par la Parole de Dieu, elle peut devenir la mère de la Parole incarnée. Contemplant chez la Mère de Dieu une existence totalement modelée par la Parole, nous découvrons que nous sommes, nous aussi, appelés à entrer dans le Mystère de la foi par laquelle le Christ vient demeurer dans notre vie. Chaque chrétien qui croit, nous rappelle saint Ambroise, conçoit et engendre en un certain sens, le Verbe de Dieu en lui-même : s’il n’y a qu’une seule Mère du Christ selon la chair, en revanche, selon la foi, le Christ est le fruit de tous. Donc ce qui est arrivé à Marie peut arriver en chacun de nous, chaque jour, dans l’écoute de la Parole et dans la célébration des Sacrements. » (Verbum Domini, 28)

Cet engendrement, par notre foi, de la Parole dans le monde, voici la grâce que nous pouvons demander à la Vierge Marie en ce jour où nous nous réjouissons avec le Ciel de sa maternité divine !

Bonne et sainte année 2023 !

Que la Parole soit chez elle dans nos cœurs et nous transforme ainsi à l’image du Verbe venu révéler l’Amour infini du Père pour Ses enfants que sont les hommes !

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.