La Cathèdre

Histoire

À l’origine, « cathèdre » est un mot grec qui désigne un genre de chaise domestique dont l’acception est si large qu’elle va de la majestueuse chaise curule des sénateurs romains jusqu’à la simple chaise de jardin. Le plus souvent banales et facilement transportables, ces chaises sont le radical inverse des cathèdres que nous connaissons !
En fait, ces premières cathèdres furent peu à peu délaissées par les sénateurs pour être adoptées, entre autres, par les philosophes qui avaient l’habitude d’enseigner assis : la cathèdre a fini par être considérée comme le siège des docteurs. C’est à ce titre que les évêques l’ont adoptée à leur tour pour leurs propres enseignements et l’ont spontanément placée dans l’église où ils se tenaient habituellement. Bien vite, les cathèdres ont cessé de suivre la personne des évêques pour prendre racine dans ces églises, au point de leur donner leur nom : dès le Xème s., en Occident, on nomma l’église de l’évêque ecclesia cathedralis, ou « cathédrale ».

Cela nous renseigne sur le nom de la cathèdre ; mais il nous faut trouver ailleurs l’origine de sa forme. En effet, la cathèdre antique se métamorphosa dès qu’elle acquit sa dignité liturgique : ainsi prit-elle les traits du solium, le siège d’honneur dans lequel se tenaient les pères de famille romains quand ils apparaissaient dans la plénitude de leur autorité.
Nous pouvons voir que la cathèdre a des origines diverses quant à sa forme et à son nom, et que ces deux origines placent dès le début sa signification sous le prisme du pouvoir et de l’enseignement, qui sont ses deux significations essentielles (ci-dessous, la cathèdre du pape à Saint-Jean de Latran).
L’évêque a aussi un autre siège, inspiré du solium romain, qu’il utilise en diverses circonstances : il s’agit du faldistoire, dont le nom nous vient d’un vieux mot franc qui a donné par ailleurs le mot « fauteuil ». Il s’agissait à l’origine d’un siège pliant, commode par sa légèreté et sa polyvalence. Siège mobile, autrefois pliant, il est utilisé par l’évêque quand il ne s’assied pas dans sa cathèdre, par exemple pour administrer les sacrements de confirmation et d’ordination.

Liturgie 1

Description

La cathèdre est le siège fixe de l’évêque : elle ne doit jamais changer de place ! Tout d’abord faite de bois léger, elle fut conçue ensuite avec des matières beaucoup plus nobles et décorées. Elle doit avoir l’aspect d’un fauteuil étroit, avec des accoudoirs et surtout un dossier très haut. Autrefois, le faîte du dossier devait dépasser la mitre de l’évêque lorsqu’il était assis.
La cathèdre se comprend généralement au sein d’un ensemble plus vaste : le trône. Ce dernier se définit comme le faste qui enchâsse la cathèdre, un peu à la manière d’un écrin. Il comprend par exemple les armoiries de l’évêque, des tentures, des tapis, des sièges pour les ministres qui accompagnent l’évêque et une estrade de trois degrés pour l’élever du sol. Les règles anciennes précisaient à propos que ce trône devait être moins orné que l’autel, et son pallier moins haut que le sien.
Le trône et sa cathèdre devraient se trouver au fond du chœur, de sorte que l’évêque fût assis face à l’autel et à son peuple, suivant l’antique tradition romaine. Dans le cas où cette place serait occupée par un maître-autel, trône et cathèdre prendraient naturellement leur place du côté noble du chœur, c’est-à-dire du côté de l’Évangile (à gauche, du côté nord d’un chœur orienté). Dressé à l’un ou l’autre de ces deux endroits, le trône sera toujours fixe dans la cathédrale, et dressé temporairement suivant les mêmes principes dans les paroisses à l’occasion de la visite solennelle de l’évêque.
Si la cathèdre est le siège fixe de l’évêque, le faldistoire est son siège mobile. Par ailleurs, l’agenouilloir ordinaire de l’évêque est constitué d’un coussin et de ce même faldistoire sur lequel il peut s’appuyer : c’est la structure qu’il peut trouver lors d’une station au Saint-Sacrement ou encore, par exemple, lors des litanies de la Messe d’ordination. Bref, le faldistoire sera commode par sa légèreté pour s’adapter à toutes sortes de situations.

Liturgie 2

Signification

La cathèdre, sise sur son trône, donne tout son sens au mot grec episcopos d’où vient notre nom « évêque ». Ce mot signifie en effet « celui qui regarde, qui veille depuis la hauteur ». Or, comme l’affirme saint Augustin, « Les évêques sont assis plus haut que les autres prêtres afin qu’ils songent, qu’ils se rappellent qu’ils sont comme la vigie dont les regards surveillent le troupeau ». Du haut de son siège en effet, l’évêque a tout son peuple sous les yeux : prêtres, diacres et fidèles selon leurs ordres divers.
La cathèdre a deux significations essentielles. Tout d’abord, elle symbolise par sa majesté l’autorité du gouvernement de l’évêque. En effet, l’autorité paternelle de l’évêque participe de celle de Dieu lui-même ; les Écritures mentionnent régulièrement le trône de Dieu, auréolé de gloire et entouré par les anges.
La cathèdre est également le symbole de l’autorité doctrinale de l’évêque, qui transmet à son peuple une doctrine conforme à la foi reçue des Apôtres, foi dont il est le promoteur en même temps que le garant.

Liturgie 3

Pour les curieux

Après avoir longtemps célébré la Messe en restant debout tout du long, le prêtre a finalement pu s’asseoir, lorsqu’il était seul, sur un petit banc individuel : c’était le scamnum. Pour la Grand-Messe, où les trois ministres devaient trouver à s’asseoir ensemble, était prévu un banc unique, donc plus long, appelé le scabellum, ou « banquette » : il pouvait avoir un petit dossier, mais pas d’accoudoirs.
Quant aux servants de Messe, ils se sont toujours contentés de tabourets sobres, ou de bancs simples sans dossiers, mais en aucun cas de chaises.

De nos jours, les trônes se font beaucoup plus simples ; ils ne sont d’ailleurs plus explicitement mentionnés dans les missels actuels. En revanche, les cathèdres sont toujours mises à l’honneur et bien présentes dans les cathédrales. L’architecture liturgique contemporaine s’emploie souvent à en restituer la dignité, conformément aux fortes affirmations conciliaires sur le ministère de l’évêque.

La nouveauté dans l’usage liturgique serait plutôt que les prêtres eux-mêmes aient désormais un siège qui s’apparente parfois, fort malheureusement, à une cathèdre : on le nomme aujourd’hui « siège de présidence » et non pas « trône » comme on l’entend parfois de façon abusive ; l’Église demande explicitement qu’on écarte même de ce siège jusqu’à l’apparence d’un trône ! En effet, il n’y a qu’une seule cathèdre par diocèse ; aussi tous les autres sièges liturgiques doivent-ils lui être référés : ils manifestent ainsi la communion du curé de paroisse avec son évêque, et non pas sa prétention épiscopale ! Quand il a lieu d’être, le siège propre du prêtre se place toujours du côté de l’Épître (à droite d’un chœur orienté) par révérence pour l’évêque auquel, même en son absence, est réservé le côté de l’Évangile.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.