Brève histoire du chant grégorien

Le peuple juif récitait les psaumes pour s’adresser à Dieu dans la prière. Il est donc naturel que les premières communautés chrétiennes issues du judaïsme se soient inspirées de cette façon de prier.  A l’origine ce sont les ministres qui chantaient puis progressivement le chant s’est étendu à l’assemblée. Durant les persécutions, les premiers chrétiens devaient se cacher pour accomplir leurs cérémonies. La prudence leur dictait de ne pas faire usage des instruments de musique bruyants dont les Juifs et les païens accompagnaient leurs chants. Il en résulta pour le chant liturgique ce caractère de pureté et de richesse spéciales qu’il dut à la nécessité de se suffire à lui-même. La beauté de ces pièces archaïques est toute en simplicité : recto tono ou mélismes simples mais encore récitatifs (comme le Gloria ambrosien).

C’est l’époque où les textes liturgiques sont fixés. On élabore aussi des livres liturgiques appelés sacramentaires, alors attribués à Saint Grégoire le Grand qui aurait composé le chant grégorien. En réalité, le pape Grégoire Ier (590-604) a notifié les textes à utiliser en liturgie, textes auxquels étaient évidemment rattachées des mélodies plus anciennes. C’est au cours de cette période que s’effectue le passage du chant de type récitatif à la mélodie.

C’est une période religieuse florissante au cours de laquelle de nombreuses pièces sont composées. Les musiques entrent alors en concurrence : chant « vieux-romain », gallican, wisigothique, alémanique, ambrosien… La réforme carolingienne promeut l’unité liturgique en vue de sceller l’unité du Saint-Empire. De cette compénétration des musiques va sortir le chant « romano-franc » : ossature et sobriété romaines habillées par l’ornementation et la hardiesse du chant gallican (Metz, Laon, Noyon, Chartres, Poitiers, Rouen…). Cependant, au moment où a été créé le nouveau répertoire « romano-franc » (grégorien), il a fallu que les chantres apprennent par cœur – et très rapidement – un nouvel ensemble de pièces devant remplacer les pièces qui leur avaient été transmises jusqu’ici par une tradition vivante et qu’ils avaient en mémoire. C’est ainsi que vers 850 apparaît l’écriture musicale pour pouvoir aider les chantres dans leur travail de mémoire : dans un premier temps apparaissent les neumes qui constituent comme une sorte de dessin ou image du chant, avant que ne se précise la hauteur des sons sur une portée musicale comportant des lignes et une clef. Ainsi, c’est à la suite de la naissance du chant grégorien et afin de pouvoir l’écrire que se met en place le système de notation musicale qui conduira à celui que nous connaissons aujourd’hui encore. Les mélodies reçues de la période précédente sont combinées, dupliquées, annotées et étendues à l’usage universel.

L’apparition, puis le développement, de l’écriture musicale aura deux conséquences de taille :
– d’une part elle va rendre possible l’élargissement de l’imagination musicale des compositeurs ; ceux-ci se dirigeront alors vers la création d’une musique de plus en plus complexe dans la mesure où la mémoire, inapte à tout retenir, pourra se faire aider par l’écriture. Cette orientation nouvelle entraînera par la suite un désintérêt pour la monodie grégorienne au profit de la polyphonie.
– d’autre part, la fixation des mélodies grégoriennes sur le papier s’accompagnera de la perte de leur moyen de transmission oral et, par là-même, des secrets de son interprétation.
On peut dire que la disparition du chant grégorien comme art vocal monodique autonome s’est faite au profit de la polyphonie dont seront issues par la suite la musique tonale et toutes les musiques qui ont suivi. Le chant grégorien se situe donc à un moment très important de l’histoire de la musique, qui voit naître tour à tour l’écriture musicale et la polyphonie. Son étude permet donc de remonter aux sources de la musique d’aujourd’hui. L’arithmétique musicale masque peu à peu la Parole.

Au point de départ de la redécouverte du chant grégorien s’est trouvée la figure de Dom Prosper Guéranger (1805-1875) restaurateur de la vie bénédictine en France autour de l’abbaye de Solesmes. Il eut l’intuition que cette musique contenait à l’origine une capacité éminente de porter les textes sacrés en usage dans la liturgie ; il y voyait une prière musicale d’une rare richesse pour ses moines : la Parole de Dieu qui chante. Mais, au temps de Dom Guéranger, les secrets de l’interprétation du chant grégorien étaient perdus depuis longtemps et il n’existait encore aucune édition cohérente donnant les mélodies grégoriennes. Il fallait donc entreprendre de grands travaux de restauration du répertoire grégorien. C’est sous cette impulsion que l’abbaye de Solesmes commença ses travaux de recherche devant aboutir à une restauration de l’intégralité du répertoire et, conjointement, à une redécouverte de la façon d’interpréter les mélodies grégoriennes. Dès 1903, le pape Saint Pie X allait confirmer la valeur d’une telle démarche et, plus encore, demander à toute l’Église de rite romain de reprendre le chant grégorien comme chant étroitement lié à la liturgie latine. Cette demande sera réitérée par tous les papes qui succéderont par la suite à Saint Pie X, et sera confirmée pour la première fois, de façon particulièrement solennelle, par la Constitution Sacrosanctum Concilium du Concile Vatican II.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.